Richard Gelin : le christianisme comme alternative
Richard Gelin, pasteur
L’Évangile demeure l’alternative à la violence minant notre société. Parole du pasteur Richard Gelin.
Richard Gelin (RG) : Je crains effectivement que la société s’enfonce dans l’injustice, dans la violence, très particulièrement, je crains qu’elle s’enfonce dans le principe de la force du plus fort, dans la raison du plus fort.
ENroute (ER) : C’est le retour à l’état de jungle. Mais bon en même temps, le christianisme, c’est l’alternative comme au premier siècle lors de la déroute de l’empire romain.
RG En disant cela, je ne suis pas un pessimiste. Je ne suis pas un pessimiste, pour une raison éminemment biblique. Je lis l’Apocalypse. Selon ma lecture de ce livre biblique, l’Apocalypse est un livre d’espérance pour chaque génération et chaque génération découvre que le mal a toujours une limite, que le mal a une limite que Dieu ne lui permet pas de dépasser et qu’il y a un moment où il nous semble voir apparaître dans la visibilité de l’histoire une monstruosité dont on se dit qu’elle va détruire le monde,
ER L’Antichrist…
RG L’Antichrist… Chaque génération peut le voir. Et finalement, cette réalité à un moment s’effondre, balayée comme un fétu de paille. L’histoire du XXe siècle en tous les cas avec le nazisme, le communisme, le stalinisme montre cela. La violence, le mouvement va s’emparer du monde, puis plus rien !
L’attitude de Jésus
« Toute l’attitude de Jésus me paraît être une critique constante du pouvoir politique. L’apocalypse nous décrit une destruction du pouvoir politique ; la fin de Rome…. Ce n’est pas rien !… »
Patrick Chastanet, Entretiens avec Jacques Ellul, Éditions de la Table Ronde, p. 45.
ER Et la persistance de la résistance chrétienne ou de la persévérance, car c’est là aussi un autre thème majeur de l’Apocalypse.
RG Je crois que l’Église est une contre-culture. Je me retrouve très bien dans la définition, les propos de Jacques Ellul qui se présentait comme un anarchiste et le christianisme comme une anarchie, anarchie pas au sens russe de l’anarchie violente et destructrice mais comme le refus de reconnaître tout pouvoir quel qu’il soit qui outrepasse le principe qu’il est un pouvoir pour le bien public.
ER Qu’il soit économique,
RG Qu’il soit économique, politique, militaire, qu’il soit religieux.
ER Ellul avait pour principe et modèle actif le Christ Jésus vainqueur…
RG Le petit livre de Jacques Ellul « Christianisme et Anarchie », c’est un de mes livres de chevet.…
Interview