Florilège

Fédération protestante : le retour des Méthodistes


Paroles Protestantes, le journal de l’EPUdF en Île de France, publie cet article dans son édition du mois de février à l’occasion de l’intégration définitive de l’UEEMF à la Fédération protestante de France. Un grand merci à la rédaction de nous autoriser sa publication.

Élisabeth Hausser

Ils étaient parmi les membres fondateurs, puis ils s’en allèrent et les voici de retour dans la Fédération protestante de France (FPF). Qui sont donc ces cousins de bonne réputation ?

Le mouvement méthodiste actuel est héritier à la fois de la Réforme, du piétisme et des réveils. À son origine, le nom de John Wesley et le lieu, l’Angleterre du XVIIIe siècle en mutation sociale où sévit la misère. Venant d’une famille de pasteurs, étudiant à Oxford, Wesley avait fondé un cercle pour pratiquer en commun la lecture de la Bible et suivre une règle de vie. En se moquant, on appela « méthodistes » ces étudiants pieux.

Wesley alla en Géorgie, rencontra des frères moraves qui le convainquirent de la toute-puissance de la grâce. Ayant fait lui-même l’expérience de la conversion en 1738, il voyait dans les paroles et les actions de tout converti la manifestation concrète de la grâce. Aidé de son frère Charles et de ses amis, il se mit alors à prêcher et évangéliser en plein air, dans les quartiers populaires et jusque sur le carreau des mines, ce qui n’était pas du goût de l’Église anglicane. Wesley sonna ainsi le Réveil en Angleterre, puis en 1780 aux États devenus unis, où l’Église méthodiste allait devenir pour longtemps la plus importante confession chrétienne.

Quelques spécificités

D’abord, la grâce libératrice et la réponse faite à Dieu par l’amour et la foi. Puis, l’engagement diaconal, qui va de pair avec l’évangélisation : on aide tous ceux qui souffrent dans leur corps comme ceux qui sont en recherche spirituelle. Wesley lutta contre l’esclavage, le méthodiste William Booth créa l’Armée du Salut en 1878. L’ouverture enfin, qui est remarquable et touche tous les domaines : la grâce offerte à tous sans exception (d’où le rejet de la prédestination) ; le sacerdoce de tous les croyants, hommes et femmes dans un esprit égalitaire ; l’œcuménisme, par exemple dans la création du Conseil œcuménique des Églises.

Les églises locales ou assemblées ont conservé des origines l’habitude de groupes qui se réunissent pour lire la Bible, prier, échanger : ce peuvent être des cercles de maison. Être méthodiste va plus loin que le culte du dimanche.

L’Église est gouvernée par une conférence annuelle qui rassemble pour « conférer » l’ensemble des pasteurs et autant de laïcs. Les églises locales, en France sous le régime des associations cultuelles, ne sont pas autonomes : elles sont unies par la conférence qui crée la responsabilité mutuelle. L’importance des conférences est variable, certaines peuvent avoir un régime épiscopalien tout en conservant la même structure et comme il y a quelque 55 millions de méthodistes dans le monde, cela laisse place à des différences.

En France

La conquête méthodiste s’est faite par deux voies : en 1791, des missionnaires anglais débarquèrent en Bretagne et descendirent vers le Sud-Ouest pour former plus tard la Conférence méthodiste wesleyenne, qui essaima dans les Cévennes et en Provence. Dans l’Est, la conférence suisse envoya un pasteur germanophone à Strasbourg qui fonda en 1868 l’Église évangélique méthodiste et installa des communautés et des œuvres. Fidèle à sa vocation œcuménique, l’Église évangélique méthodiste fut en 1905 l’une des six participantes à la fondation de la Fédération protestante de France. En 1938, quand Marc Boegner créa l’Église réformée de France, certaines communautés méthodistes s’y joignirent, les autres quittèrent la FPF. Depuis 2005, les deux Unions méthodistes (UEEM et EMF) se sont regroupées dans l’Union de l’Église évangélique méthodiste de France qui entre aujourd’hui avec une trentaine d’églises locales dans la Fédération protestante de France. Nous lui souhaitons la très cordiale bienvenue.

Paru dans le N°383 — février 2014 de Paroles Protestantes — Édition Paris.

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