« Nous ne laisserons pas faire ! » Des chrétiens de la Vaunage bien intrépides - Témoignages recueillis par Évelyne Otge
2 725 « Justes » français ont sauvé des Juifs durant la seconde guerre mondiale au péril de leur vie sans compter ceux qui sont restés anonymes. Tous ont incarné les valeurs de justice, de tolérance et d’humanité. En venant au secours des Juifs, ils ne pensaient rien faire d’extraordinaire malgré les dangers encourus ; ils se contentaient de suivre leur conscience. Quel exemple pour nous dans les combats qui sont les nôtres aujourd'hui en faveur de la tolérance et de la fraternité, contre l’antisémitisme, les discriminations, le racisme, tous les racismes. À la suite de la nation au Panthéon le 18 janvier 2007, En route leur rend modestement hommage. Avec le président de la République, nous nous rappellerons que, « face à l’extrémisme, il n’y a qu’une attitude : le refus, l’intransigeance ».
« Nous ne laisserons pas faire ! »
Des chrétiens de la Vaunage bien intrépides
Témoignages recueillis par Évelyne Otge
« En 1940, un jour où l’on évoquait la rafle des juifs dans les pays occupés par les nazis, mon père a dit : mais en France, nous ne laisserons pas faire ! »
Aider les pourchassés et les Juifs
Leurs parents ont eu très vite le même désir d’aider les « pourchassés et les juifs » malgré les dangers dont ils étaient conscients. Puis elle cite la famille du médecin bien connue à Nîmes, le chef éclaireur Israélite, la jeune mère et son bébé, Jimmy qui avait plusieurs noms et prénoms, et les jeunes qui fuyaient le S.T.O. ou Service Obligatoire en Allemagne, comme le jeune pâtissier confiseur des environs, et d’autres qui cherchaient à rejoindre le maquis et qui trouvaient refuge, dès 1942, chez Jean et Lucie Boissier, pour quelques jours ou quelques mois… Elle rappelle que « c’était le temps des belles choses, mais aussi de très laides » et qu’il fallait se méfier de tous et tenir sa langue ! Puis elle parle des papiers d’identité modifiés, des cartes d’alimentation, des faux tampons que Monsieur Boissier se procurait.
Ils ont pratiqué l’hospitalité
Je suis émue, en lisant la correspondance qu’elle m’a confiée, car ceux qui, vingt ans plus tard, ont écrit leur témoignage de reconnaissance, parlent de Papa Boissier, Maman Boissier, même simplement de « chère maman ». L’un d’eux précise « J’ai appris ce qu’était l’hospitalité. Ils ont ouvert, non seulement leur porte, mais aussi et surtout celle de leur cœur qui était grand… »
Résistance massive
Il faudrait citer d’autres noms, dont ceux des pasteurs des environs, dont plusieurs portent des noms connus dans notre histoire du méthodisme… Les pasteurs Elie Brée (médaille des Justes le 15 avril 1997), André Roux, Edgar Wasserfallen, et d’autres Unions différentes.
Par conscience et devoir
Voici un autre souvenir, plus personnel. J’ai appris, il y a seulement quinze ans, que mes parents avaient caché des juifs dans notre appartement à Suresnes. Un journal catholique, à la fin de la guerre, en avait fait mention. Mais il a fallu que je trouve, dans « Le Christianisme au XXe siècle » un questionnaire à ce sujet, pour que ma mère consente à me dire : « Tu te souviens d’Ursula avec qui tu as été à Nogent ? Nous avons caché ses (ou des…) parents dans le cagibi du couloir, et devant la porte, on poussait la grosse armoire… Et il y en a eu d’autres… »
Ils l’ont fait
Je crois que cette réflexion est souvent répétée : » Il ne faut plus en parler. Nous n’avons fait que notre devoir, ce que notre conscience nous dictait… Même si ce n’était pas facile ».