Vide ou plénitude ?
Jean-Marc Bittner, pasteur
Au départ, un artiste, Doug Wheeler dont l’œuvre fluctue entre vide et plénitude. Le désert de l’Arizona où il a grandi n’est pas étranger à son appétence de lumière et d’espace indéfini ! 1 A l’arrivée, une réflexion fort stimulante du pasteur Jean-Marc Bittner sur la plénitude promise en réponse au sentiment de vide et de solitude infinie.
Œuvre déconcertante
Lors de la Journée du Patrimoine, j’ai visité le Fonds Régional d’Art Contemporain à Metz (FRAC Lorraine) et j’y ai été autant impressionné que déboussolé par une œuvre d’un artiste américain contemporain, Doug Wheeler.
Doug Wheeler, influencé par les paysages désertiques de son Arizona natal, a créé une œuvre -qu’on pourrait appeler un tableau lumineux- qui fait perdre au spectateur tout repère, en particulier toute notion d’espace.
Grâce à un éclairage particulier et en utilisant une matière phosphorescente, cet artiste a tout simplement réussi à créer une surprenante impression de vide. Il a voulu faire entrer le spectateur dans l’œuvre et c’est réussi !
Fortes sensations
L’œuvre de Doug Wheeler suscite une sensation de vide et une perte de nos repères spatiaux habituels profondément angoissantes, renvoyant le spectateur à la peur primitive de l’absence.
Des philosophes ont médité sur l’absence et sur le vide : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien, s’interrogeait Leibniz en 1740.
En sortant de ce lieu d’exposition la vue des bâtiments et le soleil qui brillait dans un ciel bleu m’ont rassuré : ouf, ce n’était qu’une création artificielle !
Le vide à donner le vertige
Par-delà la prouesse technique véritablement saisissante de Doug Wheeler, cette œuvre d’art m’a fait penser à l’aspect qu’on imagine avoir été celui de la terre au commencement : La terre était informe et vide Gn 1.2.
Après avoir éprouvé quelque peu ce qu’est le vide, on ne peut qu’être reconnaissant à notre Seigneur d’avoir créé le monde avec ses formes, ses couleurs et ses espaces, ainsi se vérifie que la nature a horreur du vide.
Il y a en effet en tout être humain un vide… qui a la forme de Dieu.
Plénitude christique
Notre Seigneur est venu combler ce vide par la plénitude de tout ce qu’il nous apporte et par sa présence, comme le Jn 1.16 : Et nous avons tous reçu de sa plénitude (la plénitude de Jésus) et grâce pour grâce.
Plutôt que de « faire le vide », nous trouvons notre repos, notre paix et notre joie dans le Seigneur comme l’énonce le Ps 16.11 (version Semeur) : Tu me feras connaître le chemin de la vie : plénitude de joie en ta présence et bonheur éternel auprès de toi !
Cette approche du vide par cette œuvre d’art m’a fait prendre conscience du privilège de la plénitude en et par Dieu !
Notes
1- « Il y a certains lieux où l’on a l’impression d’être le seul être vivant et où l’on prend conscience de soi d’une manière inhabituelle. » Doug Wheeler interviewé par Jori Finkel pour le Los Angeles Times, 18 septembre/2011