“Une différence petite, mais significative”, par Patrick Streiff, évêque
Ce mois-ci, l’évêque montre et démontre la nécessité de délibérer à tous les niveaux de l’Église sur les points qui constituent sa mission aujourd’hui, d’où la légitimité des conférences.
Depuis cinq ans, nous assistons à de nombreux nouveaux départs. Des paroisses se créent. Des pasteurs y participent avec enthousiasme et grâce à leur prédication, des personnes trouvent la foi. En bien des endroits, ce sont des laïques qui prêchent. Je parcours tout mon domaine. J’essaie de me rendre partout au moins une fois par an. Mais il est difficile de regrouper tous ces éléments. Cela ne suffit tout simplement plus d’être le seul à être en contact avec tous les autres – et souvent ce n’est qu’une fois par an. Il vaudrait bien mieux que les responsables puissent se rencontrer pour quelques jours au moins une fois par an. Nous pourrions alors discuter des développements et nous accorder sur une orientation commune.
C’est peut-être à cela que réfléchissait John Wesley lorsqu’en 1744 il a pour la première fois invité quelques amis pasteurs anglicans et des prédicateurs laïques choisis à participer à la première Conférence. En ouverture, il a posé trois questions : Que devons-nous enseigner ? Comment devons-nous enseigner ? Que devons-nous faire ? Pour lui, il était important de pouvoir débattre en commun de doctrine, de règles et de la pratique concrète. Et si vous pensez que Wesley a toujours avancé lui-même les réponses, vous vous trompez. Il y a eu des Conférences annuelles pendant lesquelles on a discuté pendant des jours (!) sur une seule question, jusqu’à ce qu’une conviction commune finisse par émerger et être formulée en quelques phrases brèves dans les actes de la Conférence.
Dans mon message à la Conférence centrale du mois de mars, j’ai rédigé un bref passage sur les Conférences*. Elles font partie de l’identité méthodiste. Mais il faut bien dire qu’elles ne suscitent pas que de la joie. Bien des aspects des conférences, que ce soit au plan des circuits ou de celui de la Conférence annuelle, sont ressentis comme pénibles. Il y a trop souvent des rapports sur des choses passées et déjà connues. Mais là où l’on parvient à travailler plus en profondeur sur des thèmes prioritaires et des initiatives porteuses d’avenir, les conférences refont sens. Elles redeviennent ce qu’au fond elles devraient être : des lieux de rencontres, de délibération en commun, de clarification des orientations communes. Dans une Église comme la nôtre, qui vit de la participation de tant de personnes, ce débat en commun est important. Cela aide ensuite à marcher ensemble vers l’avenir.
Mais il est vrai que souvent, c’est comme dans une famille moderne : chacune et chacun a ses propres centres d’intérêts, son propre rythme de vie, est préoccupé de soi-même, « chatte » virtuellement avec des gens du même bord ou « zappe » quand le programme ne plaît plus. La discussion à la table familiale est souvent plus provocante, plus exigeante. Mais elle forme la personnalité de l’individu et fortifie la culture mutuelle du conflit et de l’entente. La communauté devient plus solidaire. – C’est aussi ce qui se passe quand des méthodistes se rencontrent lors de conférences. « Conférer » signifie : délibérer sur un point dans un cercle plus grand, en quelque sorte s’asseoir à une grande table familiale.
Patrick Streiff, évêque
Traduction : Frédy Schmid
Calendrier pour mai : 1-15 : Conseil des évêques et Connectional Table à Washington D.C. ; 20-24 : Conférence annuelle en Autriche, Linz ; 28-31 Conférence annuelle des Républiques Tchèque et Slovaque, en Tchéquie.