Le trublion méthodiste

Souriez, vos données sont gardées…

Grégory Luna


En vendant au plus offrant le fichier des immatriculations, l’État porte atteinte à notre vie privée. Protestations de Grégory Luna qui en profite pour évoquer la vie cachée en Christ réservée à tout croyant. 

Dans un pays où la vie privée est quasi constitutionnelle, il est surprenant d’apprendre que celle-ci prend fin lorsqu’il y a quelques « euro » à récupérer. Du moins, c’est ce qu’il apparaît dans l’affaire du fichier des immatriculations (le SIV) parue dans le Figaro le 18 février, dont le contenu est vendu à des sociétés privées en vue d’établir des ciblages commerciaux plus précis. Bref, de quoi cribler - et pour longtemps - nos boîtes aux lettres d’offres promotionnelles correspondant à notre véhicule ; à commencer par le nouveau catalogue de la marque qui nous conduit !

Dérive mercantile

Bien entendu, le ministère de l’intérieur fait fi de cette dérive mercantile en déclarant aux journalistes du Figaro : « c’est un moyen d’avoir de nouvelles ressources. On assume totalement cette démarche ! ». Et puis, ce transfert d’informations aux constructeurs existait auparavant, et toujours selon la place Beauvau, aujourd’hui « ce dispositif nouveau qui encadre plus strictement les transactions permet à l'État de bénéficier de ce commerce » ; oubliant au passage, qu’à l’époque, ses informations n’avaient pour vocation que d’alimenter les statistiques des fabricants d’automobiles.

Alors pour un pays qui répugnait, il y a trente ans, l’ostentation de la richesse, les choses ont bien changées. Car si l’État s’installe aussi à son compte, que nous restera-il quand ils décideront de vendre nos identités au plus offrant ? Et je ne mentionnerai pas tous les risques liés à la manipulation de ces données sur lesquelles agences de marketing et malfrats en tout genre sont discrets. 

Ah… l’Europe ! Ça a du bon…

Fort heureusement, un projet européen et de directives réformant le cadre de la protection des données est en gestation selon la CNIL. Bientôt les données (et en particulier celles qui circulent sur le web) seront mieux protégées, et les droits des citoyens européens seront renforcés ; une bonne nouvelle pour ces derniers qui ne savent plus quoi penser des réseaux sociaux sur lesquelles ils publient leur vie privée. En outre, la CNIL devrait se transformer en relais national pour la commission européenne chargée de la régulation de la vie privée, et l’autorité normative, qui jusqu’ici se faisait à l’échelle nationale, viendrait de facto de plus haut. 

Cependant, tenez-vous le pour dit mes chers amis : votre vie privée sera certes protégée par la nébuleuse démocratique européenne, mais celui qui voudra déposer sa plainte, devra le faire dans le pays où réside le siège de l’entreprise ou l’organisme dans lequel s’est déroulé le conflit (ou le pays qui héberge le site dans le cas où il s’agirait d’une donnée mise sur le web). Et pour compléter le tableau, seules les entreprises ayant un chiffre d’affaire pourront faire l’objet d’une amende ; car pour le reste, la commission chargée de cette nouvelle législation n’a pas trouvé bon de le communiquer.

Une vie cachée en Christ

Ainsi donc, il paraît évident qu’une bataille à tous crins contre les excès de la Babel moderne tombe sous le coup d’une subsidiarité précaire à l’endroit du législateur (ici court-circuitée par les États membres eux-mêmes)1 ; surtout que depuis peu, les affaires « d’espionnage citoyen » s’amoncellent comme un barrage sur le cours d’eau d’une justice archaïque. Alors… Qu’en pensez-vous ? Chrétiens de la dernière heure ! L’avenir ne serait-il  jamais donc plus rassurant qu’en laissant cette vie à la mort, avant que celle-ci ne soit manifestée pour le plus grand honneur de celui qui en est le garant ? Car demain, si vous ne livrez pas votre vie privée à Christ, le monde2 vous la spoliera…

Par conséquent, un échange de vie est plus que conseillé : une vie cachée en Christ par exemple ! Une vie qui consiste à fuir l’indolence du dimanche pour se réfugier dans le sacrifice vivant sept jours sur sept (Ro 12.1). Bien entendu, il va sans dire qu’il s’agit moins d’un vouloir que d’un faire ; mais faut-il que notre vie soit conduite par une piété charnelle ? Aussi, que notre vie soit issue du Saint Esprit ; et que ni l’incrédulité, ni le mensonge puissent voiler la substitution mirifique qu’opère la croix dans le chrétien qui croit…

Du reste, disparaître un peu afin que ceux qui nous entourent goûtent la joie qu’inspire un juste dans la cité est une chose très bonne, inspirée… Et puisque comme dit le proverbe : quand les justes sont heureux, la ville est dans la joie (…), ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent Mt 7.6.

Notes

1 Propos à nuancer car le projet européen prévoit la création d’une fonction de contrôleur des données dans les entreprises ou les organismes de plus de 250 salariés. 

2 Ici entendu comme l’acception utilisée par l’apôtre Jean