ClinDieu

ClinDieu de Madeleine Duriaux


« Lire les signes de Dieu »

Le Seigneur ne déserte jamais la place. Encore faut-il être attentif et savoir lire les signes envoyés.

En 1978, donc il y a fort longtemps, mon mari et moi, nous avions fait la connaissance de Jean-Baptiste, un jeune Togolais étudiant en théologie et philosophie à l’Université de  Fribourg. Il avait passé de nombreux week-ends et jours de vacances dans notre famille.  A l’obtention de son titre de professeur,  il nous fit part de sa décision de rentrer définitivement dans son pays à la fin du mois d’août. A notre tour, nous lui annonçâmes le mariage de notre fils le 2 septembre. Sa réaction fut immédiate : il ne pouvait partir et manquer cette fête !… Réaction très africaine. Il se devait de nous honorer de sa présence. 

Lorsqu’il quitta la Suisse en octobre, il promit de nous écrire souvent … ce qui  fut partiellement tenu ;  à chaque missive, il nous demandait un service, que nous lui rendîmes dans la mesure du possible. Les années passèrent, les courriers s’espacèrent également.

En 1990, alors que nous n’avions pas encore atteint l’âge de la retraite, mon mari et moi, nous nous retrouvâmes sans salaire en raison de diverses circonstances. Nous n’avions pas l’habitude de baisser les bras … 

Le Seigneur se manifeste toujours. Il suffit d’être attentif, de savoir lire les signes envoyés.

C’est à ce moment-là que nous reçûmes une missive de Jean-Baptiste nous demandant de trouver en Suisse une paroisse qui accueillerait le curé de sa communauté togolaise : il pourrait rendre quelques services tout en bénéficiant d’un changement d’air et d’une  expérience différente.  Or, au mois de mai, les prêtres d’ici avaient déjà effectué leur planification pour cette période. Pensant qu’un conseil avisé pourrait m’y être donné, j’appelai le Vicariat épiscopal à Genève dont le secrétaire général  était une connaissance de mon beau-frère. Après avoir répondu à ma question, le secrétaire s’enquit : « Et comment allez-vous ? Et votre mari ? » N’ayant aucune envie de raconter nos difficultés, je répondis hâtivement : « Bien, mais mon mari a quelques ennuis professionnels, moi également et j’aimerais retrouver du travail. » Il me répondit : « Savez-vous que l’évêque auxiliaire à Genève cherche une secrétaire ? » … La conversation téléphonique terminée, perplexe, je me dis que je ne « risquais rien » en posant ma candidature, qui fut acceptée ! Deux années plus tard, notre situation matérielle s’étant stabilisée, je poursuivis ce travail passionnant à mi-temps, pour le plaisir de rendre service.

Le Seigneur se manifeste toujours. Il suffit d’être attentif, de savoir lire les signes envoyés. 

Merci, Seigneur, de nous garder éveillés.