Conférence générale

Méthodisme mondial

La Conférence Générale, l'organe législatif le plus élevé dans l'EEM, s'est réunie du 2 au 12 mai 2000 à Cleveland. La plupart des mille délégués venaient des États-Unis où notre Église compte environ 8,5 millions de membres. Ces dernières années, le recul en membres a presque pu être arrêté. Dans plusieurs états américains, surtout vers le Sud, l'Église connaît à nouveau une croissance et le nombre de personnes aux cultes est en augmentation pour l'ensemble des États-Unis.

La dernière décennie du XXe siècle a connu une expansion du travail missionnaire de l'EEM en Afrique et en Asie qui dépassait de loin toutes les décennies précédentes. L'Église s'est répandue soit dans des pays où l'EEM était déjà présente soit par la création d'Églises méthodistes dans des pays non encore atteints. Cette année, environ 150 délégués à la Conférence Générale venaient de l'Europe, de l'Afrique ou des Philippines. Ils se sont davantage manifestés dans les travaux de comité et dans les séances plénières, souvent assistés par des traducteurs en allemand, français, espagnol, russe ou swahili. La voix de nos délégués européens a été entendue et appréciée à plusieurs reprises.

Chaque jour de la Conférence Générale a commencé par un culte et la prédication d'un évêque (ou d'une femme évêque). Parmi les contributions musicales, nous avons eu le plaisir d'entendre un choeur de jeunes adultes de Copenhague qui chantaient et un choeur de cloches formé par des enfants de Lettonie avec une magnifique jeune chanteuse soliste. Les prédications nous guidaient dans différents aspects de la thématique "Nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps". Le début de la Conférence était marqué par le message des évêques et celui d'un représentant laïc. Ce dernier a mis l'accent sur le partenariat entre laïcs et pasteurs afin que l'Église puisse avancer en mission.

Avant la Conférence, beaucoup de gens ont craint une scission dans l'Église à cause de l'homosexualité. Pendant la Conférence, les médias n'ont rapporté que les événements spectaculaires y compris une démonstration par un groupe de chrétiens homosexuels et lesbiennes ainsi que leur arrestation pacifique par la police. Par contre, il manquait toute information sur les discussions honnêtes et ouvertes dans le comité législatif qui a préparé la prise de position. Là régnait un esprit d'écoute envers des témoignages venant aussi bien de chrétiens homosexuels que de chrétiens anciennement homosexuels. Dans une résolution peu remarquée, la Conférence Générale a encouragé l'Église a poursuivre de tels dialogues respectueux et ouverts où la différence de conviction est traitée dans un esprit d'amour. A une majorité de deux tiers, la Conférence Générale a reconduit la conviction que la pratique de l'homosexualité est inconciliable avec la doctrine chrétienne (article dans les principes sociaux), que des personnes qui pratiquent l'homosexualité ne peuvent pas être ordonnées (article dans le règlement concernant le ministère ordonné) et que des pasteurs ne doivent pas célébrer des unions de couples homosexuels ou lesbiennes (article dans le règlement concernant le ministère ordonné).

La Conférence Générale a souligné que les principes sociaux ne sont pas à considérer comme une loi ecclésiastique mais plutôt comme un guide pour la position de l'Église face à de multiples questions sociales. Dès lors, on a mis un terme à la fâcheuse tendance à lancer des batailles juridiques à l'intérieur de l'Église. Une pétition de notre Conférence Centrale qui demande une étude approfondie sur l'application de ces principes sociaux au vu des différences régionales dans le monde, a été transmise à une instance générale de l'Église.

Une expérience inoubliable de cette Conférence Générale était pour tous les délégués le culte de repentance pour le racisme. L'EEM s'est souvenue du racisme en son sein qui a poussé des noirs, soit à fonder des Églises méthodistes afro-américaines, soit à sombrer en marge de l'Église. Dans ce culte, nous avons exprimé de manière personnelle et ecclésiale notre repentance pour le péché du racisme. A la fin du culte, des représentants des trois Églises méthodistes afro-américaines (qui totalisent environ 4 millions de membres) ont décidé d'accepter notre demande sincère de repentance, mais de nous juger selon les fruits. L'un d'eux a dit: "Nous serons les inspecteurs de récolte". La Conférence Générale a approuvé un nouvel article constitutionnel sur le racisme. L'acte de repentance ouvrira le chemin pour poursuivre le dialogue entre l'EEM et les trois Églises méthodistes afro-américaines en vue d'une fédération ou d'une union.

La restructuration de l'Église figurait parmi les points forts dans les discussions avant et pendant la Conférence. Le rapport d'un groupe "CPT" ("Connexional Process Team") proposait cinq directives pour une transformation de l'Église. Il insistait sur l'importance du travail à la base, dans l'Église locale, afin de poursuivre la mission de l'Église et "de faire des hommes de toutes les nations des disciples" (Mat 28.19). En remplacement d'un comité central existant, le groupe proposait un nouvel organe au niveau central qui devrait promouvoir cette transformation pendant la prochaine période quadriennale. Beaucoup de délégués pensent que quelque chose devrait changer au niveau de l'organisation générale de l'Église et de ses grandes entités administratives, mais pour les uns le rapport "CPT" allait trop loin et d'autres avaient peur d'entrer dans un processus où le résultat n'était pas encore fixé d'avance. Finalement une pétition fut acceptée qui reprenait les éléments clés du rapport "CPT", mais qui chargeait le comité central existant de la mise en application. Celui-ci devrait également poursuivre le dialogue et apporter de nouvelles propositions quant à une réorganisation de la Conférence Générale.

En effet, la majorité des pétitions et résolutions de la Conférence Générale ont à faire avec l'EEM aux États-Unis, mais l'oeuvre en dehors des USA est en croissance. La Conférence a accepté deux pétitions de grande importance pour le travail de notre Église dans les ex-pays communistes en Europe du Centre et de l'Est. La première soutient les différentes institutions de formation théologique dans ces pays avec une somme totale d'un million de dollars par an. La deuxième promeut l'évangélisation et la croissance des Églises et autorise à faire des collectes et des actions spéciales auprès de nos Églises aux États-Unis. Tout au long de la Conférence Générale, j'ai ressenti la volonté de ne pas se préoccuper seulement de ses affaires internes, mais de promouvoir aussi la mission de l'Église dans le monde entier.

Patrick STREIFF