Nouvelles internationales

Le monde est ma paroisse

Relations entre Catholiques et Méthodistes


Catholiques romains et Méthodistes poursuivent un dialogue ininterrompu au sommet depuis plus de trente ans. Une commission bi-partite s'est formée composée de représentants du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens et de représentants du Conseil Méthodiste Mondial. Cinq accords doctrinaux ont été signés et publiés depuis. Hélas, ils sont restés inconnus du public de nos Églises et des pasteurs aussi, en francophonie du moins. Dommage!
Pareilles relations bilatérales ne sont pas si étranges de nos jours, elles deviennent même monnaie courante jusqu'en France: après les Réformés, les Anglicans, les Luthériens, c'est au tour des Baptistes, des Pentecôtistes et des Mennonites d'en venir à ces échanges doctrinaux (cf. le BIP).
Pour des Méthodistes qui se veulent fidèles à leur vocation première, ce dialogue est inévitable et incontournable à la suite d'un John WESLEY rompu le premier dans l'art du dialogue interdénominationnel. On lui doit un sermon sur l'esprit catholique, qui fait date sur le sujet, un magnifique hymne à la tolérance inégalé et inégalable: " Homme de Dieu, pense à ces choses ! Si tu es déjà sur la voie, continue d'y marcher ; mais si jusqu'à présent tu as méconnu cette voie, bénis Dieu qui t'y ramène ; et maintenant, sur la route royale de l'amour universel, poursuis la course qui t'est proposée. Prends garde de ne pas flotter dans tes opinions et de ne point rétrécir les entrailles de tes compassions ; mais conserve une paix égale, étant enraciné dans la foi qui a été une fois délivrée aux saints, et fondé dans l'amour pour les siècles des siècles " (John WESLEY, "l'Esprit catholique").
Le dialogue mené avec persévérance depuis trente ans a permis des résultats positifs, substantiels; Méthodistes et Catholiques sont ainsi parfaitement d'accord sur la nécessité de vérifier constamment l'enseignement de l'Église à l'aune de l'Écriture et de la Tradition. "Méthodistes et Catholiques se réjouissent de ce que le Saint-Esprit utilise les ministères et les structures des deux Églises comme moyens de grâce pour guider les gens vers la vérité de l'Évangile du Christ", lit-on dans le rapport, intitulé "Dire la vérité dans l'amour", qui résume ces cinq dernières années de dialogue nourri entre Méthodistes et Catholiques.
Mais il n'en demeure pas moins que des différences notables subsistent entre les deux dénominations, notamment autour de la question de l'autorité et du rôle des laïcs dans les prises de décision et de parole au sein de leurs Églises respectives.
Les Méthodistes invitent les Catholiques à intégrer d'une manière plus formelle des laïcs dans les organes de décision, parmi les autorités ayant charge "de discernement et d'enseignement". Que des laïcs puissent partager des responsabilités avec des évêques leur paraît une bonne chose, quand bien même les évêques sont censés conserver leur prérogative.
Les Catholiques, pour leur part, souhaitent que les Méthodistes distinguent d'une manière plus formelle le rôle des ministres ordonnés, en particulier celui des évêques et des surintendants, dans la conduite des Conférences Méthodistes. En particulier "en matière de discernement et d'enseignement".
La Conférence Méthodiste Mondiale de Brighton (juillet 2001) avait abondamment traité de ces sujets. Une autre rencontre a eu lieu depuis, du 9 au 12 novembre, au collège St Paul de Washington: la nature de l'Église, locale et universelle, a été au centre des discussions; les participants ont ainsi relevé toutes les dimensions de la communion ­ précisant comment les membres d'une même confession sont liés les uns aux autres ­ selon les deux traditions.
L'évêque Walter KLAIBER de l'Église Évangélique Méthodiste d'Allemagne s'est réjoui des progrès accomplis au cours de ces trente dernières années en matière d'oecuménisme entre Méthodistes et Catholiques. A ses yeux, le dialogue noué depuis plus de 30 ans entre Méthodistes et Catholiques est de qualité et se déroule dans un climat d'amitié et un sérieux théologique incontestable. Nombreux sont les points d'accord, mais rien n'est moins sûr que ces accords doctrinaux soient vraiment acceptés dans les Églises locales tant méthodistes que catholiques et rien n'est moins sûr que ces accords puissent renforcer les liens fraternels entre les uns et les autres en raison de la diversité des pratiques. Mais son premier regret, c'est de constater que la base n'a pas connaissance de ces documents. La priorité serait à ses yeux de faire circuler ces documents. Peut-être faut-il marquer une pause créative dans le dialogue Méthodistes / Catholiques, fait-il remarquer, d'abord pour prendre la mesure du chemin parcouru entre Églises et ensuite pour prendre des mesures concrètes sur le plan local dans la suite logique de ces accords.
La question nous est posée, à nous, membres de l'UEEM: à défaut d'aller plus loin dans ce dialogue Méthodistes / Catholiques, ne faudrait-il pas prendre d'urgence connaissance à la base, dans chacune de nos Églises francophones, de ces documents de travail, pour mesurer le chemin parcouru et prendre des mesures pour avancer sur le chemin de la communion en Jésus-Christ. "Afin que le monde sache que nous sommes ses disciples"?

Jean-Philippe WAECHTER