La vie de nos églises

Noël à Larbaa par le pasteur Abdenour Ait Abdelemalek

En Kabylie, la fête de Noël a été massivement suivie aux dires de la presse locale et du pasteur A. Ait Abdelmalek.
Notre communauté a démarré en novembre 2004 avec seulement quelques personnes. Mais après quelques mois seulement, la salle de culte devient chaque semaine plus étroite, étant donné une affluence depuis plusieurs villes et villages environnants. Prévu seulement pour une cinquantaine de fidèles, notre garage aménagé en salle de culte commençait à devenir très étroit déjà depuis longtemps. Nous nous retrouvons chaque vendredi entre soixante et quatre-vingts personnes. Si tous les fidèles de la communauté se présentaient tous le même jour, nous atteindrions facilement les deux cent cinquante personnes. C’est ce qui nous arriva à Noël dernier. Beaucoup de frères et sœurs rêvent déjà d’un temple beaucoup plus grand ; nous sommes nombreux à y prier !

Le premier Noël que nous avons fêté en décembre 2004 nous a suscité quelques critiques. Pour plusieurs de nos frères chrétiens, Noël est plutôt une fête païenne. Les cadeaux, les dindes, les vacances. Quant à Jésus, il reste au berceau. En fait, c’est l’image que donnent les médias européens. Il m’a fallu expliquer à certains que Noël, qui était au départ une fête païenne où l’on célébrait la victoire de la lumière sur les ténèbres a été récupéré par le monde chrétien pour en faire une fête de la naissance du Sauveur. Si nous admettons la logique de célébrer des anniversaires, comment ne célébrera-t-on pas celui du Christ, dont la date même n’est que symbolique. Aujourd’hui je dirais que les mentalités ont beaucoup évolué et la célébration de Noël se passe presque dans toutes les communautés, où parfois on distribue aussi des cadeaux aux enfants comme pour rappeler celui que Dieu a fait aux hommes. Il fallait aussi expliquer que les chrétiens de notre pays avaient besoin aussi de marquer le temps et ne pas rester marginaux, puisque nous ne partageons plus les fêtes musulmanes. Va-t-on finir par nous qualifier comme de sinistres individus qui auraient perdu le sens de la fête ?

Aujourd’hui grâce soit rendue à Dieu, car la fête de Noël donne l’occasion à une grande célébration attendue par les petits et les grands tant la joie et la communion sont partagées par tous avec des chants, de la danse, du théâtre, des témoignages, tout cela se terminant avec les cadeaux pour les enfants, puis chacun peut manger quelque chose de cette variété de nourriture que les sœurs ont préparée avec beaucoup de soin. C’est aussi une occasion pour se rencontrer et prendre conscience du peuple nombreux que Dieu a appelé à lui. Les services de police sont passés auparavant juste pour relever la date de la célébration. Notre fête a eu lieu le vendredi 29 décembre afin de permettre au plus grand nombre d’y assister. Certains nous ont priés de retarder la fête à cette date afin de permettre à leur famille venant de loin d’être présente. 

Beaucoup d’autres enfants non chrétiens étaient au portail ce jour-là. Ils voulaient rentrer surtout en raison des cadeaux ; mais nous n’avons pas le droit d’accueillir des enfants musulmans non accompagnés. La loi pourrait être sévère à notre égard. Nous serions alors accusés de détournement de mineurs. La nouvelle loi est encore plus sévère, puisqu’elle parle dans ce cas de tentative de séduction d’un musulman. Ceci est d’autant plus douloureux puisque nous savons que le monde des enfants est sans frontières et qu’ils ne comprennent toujours pas les agissements des adultes.

Noël est déjà bien loin et beaucoup se tournent déjà vers la fête de Pâques que la communauté entend célébrer aussi avec la même ferveur.


Les chrétiens dans la ferveur, titre le quotidien « La Dépêche de Kabylie » (2 janvier 2007)

La communauté chrétienne a accueilli Noël dans la joie et la communion. Durant la journée de vendredi, un culte a été célébré dans l’église située à la sortie nord de la ville. ...À Larbaâ Nath Irathen, la communauté chrétienne fait ses prières dans un hangar loué auprès d’un particulier et rénové par des pratiquants volontaires. Mais des cultes se tiennent également dans la chapelle de la mission méthodiste. Les fidèles évitent toute ostentation dans une société qui fait doucement l’apprentissage de la multiplicité religieuse dans la sérénité. De plus en plus de familles accueillent sans heurts les deux cultes musulman et chrétien.L'article dans son entier : http://www.kabylienews.com/article.php3?id_article = 4329