La vie de notre Église

Week-end Inter-Églises

Landersen, 23-24/9/2000

Nous disons : " Notre Père qui es aux cieux ".
Qui es aux cieux : est-ce que c'est une adresse, comme un numéro postal pour que la prière arrive à destina-tion ? Les cieux, ce n'est pas un endroit ; ce n'est pas le ciel que traversent les nuages, ni même l'espace que parcourent les astres. Les cieux, c'est la face cachée de la vie, c'est le mystère des êtres, le secret des origines et des fins ; les cieux, c'est la vérité et l'amour dans leur éclat absolu, c'est le sens profond des choses, c'est tout ce que nous verrons face à face.
Qui es aux cieux... " ce n'est pas une sorte de géographie, avec le ciel d'un côté, la terre de l'autre, avec les hommes en bas et Dieu en haut. Notre Père qui es aux cieux cela veut dire : " Toi qui est le commencement et la fin, Toi en qui sont les vivants et les morts. "
Tout là-haut, dans le ciel, à dix mille mètres d'altitude, l'avion, Si grand soit-il, est à peu près invisible. Ce que tout le monde voit, par contre, c'est l'immense trace blanche que l'avion invisible laisse dans le ciel, et qui pourra y rester suspendue, dans certains cas, bien longtemps après que l'avion aura disparu. Notre vie est minuscule parmi les hommes. Si on ne se levait pas aujourd'hui, qui s'en apercevrait dans le monde, mise à part une poignée de personnes ? Mais la trace que laisse notre vie est gigantesque. Tant de gens qui portent en eux un mot qu'on leur a dit ... il y a des années ... trace immense suspendue dans leur ciel ... Tant de gens qui, dix ans après, sont autrement, à cause de ce qu'on a fait ou pas fait.
Notre vie, ce n'est pas cette petite chose qui est en nous. Notre vie, c'est la grande chose qui, de jour en jour, s'allonge dans le coeur de tant de gens et jusque dans le coeur de Dieu.
Les poètes ne sont pas à l'abri de la maladie. Victor HUGO avait un médecin, le Dr TERRIER. Le poète et le médecin étaient par ailleurs des amis. Et leur bonne amitié les réunissait plus souvent que les mauvaises grippes. Un jour pourtant, les circonstances les séparent, du moins pour un temps. Victor HUGO écrit alors au Dr TERRIER : " Je ne sais si nous nous reverrons dans la partie d'en bas, mais je suis sûr que nous nous reverrons dans la Patrie d'en haut. C'est là qu'est le grand rendez-vous ; c'est là qu'est la grande rencontre. En attendant que je vous revoie là, je vous aimerai ici ".
Je suis sûr que nous nous reverrons dans la Patrie d'en haut... En attendant que je vous voie là, je vous aimerai ici"
Les gens qui seront autour de nous, ces prochains jours, ce serait bien qu'en les regardant, on puisse leur adresser silencieusement cette même pensée:

En attendant de vous voir là-haut, je vous aimerai ici ".

Ils n'entendront pas notre pensée, mais ils s'apercevront peut-être de notre attitude.
Que la Grâce de Dieu soit sur toi,
Pour t'aider a' marcher dans ses voies,
Reçois tout son pardon et sa bénédiction,
Va en paix, dans la joie, dans l'amour...
D'après la carte de bienvenue au week-end inter-Église 23/24 Sept. 2000 à Landersen (Carrefour des Femmes).

Le monde à venir et la vie présente

Tel était le titre du dernier week-end Inter-Églises qui a eu lieu à Landersen les 23 et 24 septembre derniers. Notre orateur était le professeur Jacques BUCHHOLD, enseignant en Nouveau Testament à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine (Yvelines). Il y avait entre 120 et 200 personnes suivant les réunions. Nous y avons passé de très bons moments, en particulier lors du culte du dimanche matin, avec sainte cène (une expérience inhabituelle lors de ce genre de week-end, mais très appréciée). Voici un résumé des enseignements donnés lors de ce week-end :
Le dernier Homme et l'horizon de l'espérance chrétienne (1 Co 15.35-58)
Notre vie présente dépend de notre façon d'envisager la vie future. Il est juste de dépendre d'en haut, l'Écriture nous y encourage, mais elle nous incite aussi à regarder en avant. Ainsi, dans sa vie de famille, au travail, dans tout ce qu'il fait, le chrétien est-il encouragé à regarder en avant, et pas seulement en haut : sa vie se " conjugue " au futur, il est comme un arc tendu vers l'avenir. Et l'espérance qui devrait nous animer a un contenu beaucoup plus " terrien " que nous le pensons habituellement.
Premièrement, remarquons que la Bible souligne que Jésus est un homme, qu'il est à la fois pleinement Dieu et pleinement homme, sans confusion ni distinction. Il est remarquable que Jésus réagissait toujours bien, il se mettait en colère quand il fallait, éprouvait de la compassion quand il fallait, mais il n'en était pas moins homme. Par exemple, quand il apprit la mort de Jean-Baptiste (Marc 6.29 et Matthieu 14.12), la foule vint auprès de lui. Il ne la repoussa pas, mais fut pris de pitié (Marc 6.34, Matthieu 14.14), prit du temps pour elle, et se retira seulement après (Marc 6.46, Matthieu 14.23).
Deuxièmement, signalons que notre espérance, c'est la résurrection des morts. De nombreux cantiques orientent vers l'attente, l'espérance d'être avec Dieu, mais c'est la résurrection des corps que nous attendons, la victoire sur la mort (1 Co 15, 2 Co 5). Le salut inclut la rédemption du corps (le corps de Jésus ressuscité était d'ailleurs un corps humain, qui passait certes les portes, mais un corps).
Le verset 2 P 3.10 parle du ciel qui disparaîtra, et de la terre qui sera jugée (il n'y a que quelques manuscrits qui comportent " consumée ", avec juste deux lettres changées en grec) : la terre elle-même subsistera donc, il y aura de profonds changements, mais une certaine continuité. Des passages comme He 12.18-29, Rm 8.21, Mt 19.28 soutiennent cette compréhension. La création de Dieu ­ jugée très bonne ­ ne disparaîtra pas entièrement.
La mère patrie et l'urbaine fiancée (Ap 21.1 à 22.5)
Le livre de l'Apocalypse parle de sept lettres, sept sceaux, sept trompettes, etc., et puis le couronnement de l'oeuvre de rédemption du Seigneur est une ville! Cette ville était attendue par les prophètes, et l'Ancien Testament y fait de nombreuses allusions. Il y a également de nombreux textes du Nouveau Testament qui parlent de cette ville attendue. Nous y découvrons que cette mère attendue descend du ciel sur terre pour le mariage avec son fils. Notre espérance n'est donc pas céleste, elle est terrestre !
Cette ville est décrite en Ap 21.9ss, et comprend notamment douze portes gravées des noms des douze tribus d'Israël (v. 12), ainsi que douze fondements qui portent les noms des douze apôtres (v. 14) : l'ancienne et la nouvelle alliance sont comme " engrangées " dans cette ville. On apprend aussi au verset 24 que les rois de la terre viendront lui apporter leur gloire. Sur cette terre, il y a des chrétiens et des non chrétiens. Nous chrétiens avons tendance à avilir ce que les non chrétiens vivent de bien, mais nous devrions plutôt leur dire qu'ils doivent cela à Dieu, et remercier Dieu. Les non chrétiens font souvent des choses extraordinaires, leur gloire rentrera d'une certaine manière dans cette ville, parce que l'oeuvre de Dieu ne peut pas se perdre.
Puisque nous attendons cette ville, notre vie ne doit pas viser la fuite céleste, mais en ce moment, tout ce qui est bon s'accumule là-haut et retrouvera un écho (purifié du péché) dans cette nouvelle Jérusalem.
Esaïe 60 :
Jean cite fréquemment ce texte dans sa description d'Ap 21. Dans ce texte d'Esaïe, on voit que toutes les nations du monde affluent (ça vient de partout !), et que cette nouvelle Jérusalem ne sera pas seulement minérale (impression qu'on pourrait avoir en se restreignant au texte d'Apocalypse), mais sera une ville vivante, et peuplée pas uniquement d'êtres humains : il y aura des chameaux, des dromadaires, des chèvres, des béliers, etc. Un autre texte (Esaïe 65.25) nous apprend qu'il y aura aussi des loups, des agneaux, des lions, des serpents Il y aura donc des animaux dans nouvelle Jérusalem, contrairement à ce que disent certains !
D'autre part, le verset Esaïe 60.11 rajoute aussi une dimension politique à cette description : les rois des nations viendront dans cette nouvelle Jérusalem. En ce jour-là, les rois seront au service de leur peuple, la fonction ne disparaîtra pas, nous vivrons en société structurée (la manière exacte nous est encore inconnue).
Nous apprenons qu'il y aura aussi des réalités économiques : il est question de vaisseaux sillonnant la mer (v. 5), de navires de Tarsis (v. 9). Mais ces navires de Tarsis seront au service de Dieu. L'économie sera au service du Roi.
L'avenir qui nous est réservé est beaucoup plus humain que nous le pensons souvent, nous serons grandement transformés, mais la nouvelle création ne sera jamais la négation de l'ancienne, plutôt son accomplissement. Tout ce qui se passe sur terre - pollution, guerres, vie sociale ­ nous concerne. Il est donc regrettable qu'il y ait si peu de chrétiens qui soient journalistes, avocats, etc.
Sortons du camp (He 13.8-19) !
L'épître aux Hébreux exhorte ses lecteurs à " sortir " du judaïsme, à sortir du camp pour suivre Jésus-Christ (qui est mort en dehors de la ville, du judaïsme). Le chrétien est un homme de courage, d'entraide, qui veut pratiquer la bienfaisance, qui ne néglige pas le ministère auprès des pauvres. Il ne s'agit pas de créer une association de secours, mais de réfléchir aux grands oubliés. Prendre sa croix, sortir de Jérusalem, de Babylone, ce n'est pas fuir le monde, mais s'engager là où nous sommes, dans un syndicat, une association, en acceptant d'y affirmer ce que nous sommes.
Pour approfondir le sujet, l'orateur recommande deux ouvrages : Richard MOUW, La culture et le monde à venir, et Nigel CAMERON, Jésus est un homme, tous deux de l'ancienne collection Alliance.

Christian BURY