Prix mondial de la Paix 2014

Remise du Prix de la Paix 2014 à Hugh et Shirliann Johnson


CA 2015 « Ensemble, au-delà des âges »

Dans la soirée du 19 juin 2015, le couple de retraités, le pasteur Hugh Johnson et son épouse Shirliann ont reçu le Prix de la Paix du Conseil mondial Méthodiste (WMC/CMM). Ils ont été actifs en Algérie durant plus de 40 années au sein de l’Église évangélique méthodiste (ÉMU/UMC) et n’ont jamais déserté la place en dépit des menaces et de revers.


Shirliann et Hugh Johnson obtiennent des mains d’Ivan Abrahams, Secrétaire général du Conseil méthodiste mondial et de Gillian Kingston, vice-présidente du CMM la médaille du Prix de la Paix 2015.

Pourquoi nous ?!

« Pourquoi nous ? », se demandait le couple Johnson quand il a appris qu'il serait le lauréat du Prix de la Paix du Conseil Méthodiste Mondial 2015. « Nous n’avons rien fait de spécial », clame-t-il Hugh Johnson lors de la cérémonie d'attribution du prix. Surtout, ils n’ont pas fait leur travail tout seuls, mais l’ont toujours fait avec la communauté.

En solidarité avec les chrétiens qui souffrent pour leur foi

Ce prix est décerné à des personnes qui « ont surmonté la peur des autres », explique Gillian Kingston. La vice-présidente de la CMM a remis aux Johnson le prix lors d'une cérémonie le 19 juin au soir à Aarau. « Personne d'autre sinon les Johnson ne méritent plus de recevoir ce prix ». Pour la plupart des gens, les attaques sur leur personne ou leur maison justifient le départ du pays. Les Johnson sont restés sur place aux côtés du peuple algérien en souffrance durant toutes ces années noires.

Le Prix de la Paix n’est pas seulement un signe d'honneur et de reconnaissance, mais rappelle aussi les souffrances de l'Église. Il est un signe « que nous nous identifions avec les chrétiens en Afrique du Nord, qui souffrent à cause de leur foi».

Le travail de l’EEM en Afrique du Nord


Daniel Nussbaumer, qui coordonne actuellement le travail de l’EEM en Afrique du Nord, a présenté lors de cette cérémonie les délégués présents de l’EEM d'Afrique du Nord.

Un effet de la grâce de Dieu

Le pasteur Daniel Nussbaumer retrace brièvement l’histoire de l’Église méthodiste en Algérie dès l’origine à nos jours.

Daniel Nussbaumer évoque deux expériences concrètes vécues l'année dernière, où Dieu est intervenu lorsque la situation semblait désespérée qui met en évidence une vérité millénaire : le « salut ne vient pas de ce que nous pouvons faire, mais de ce que Dieu fait ».

- Roger Correvon, pasteur à Alger, a été diagnostiqué comme souffrant d’un cancer, de sorte que l'église locale s’est retrouvée du jour au lendemain sans pasteur. Un jour, une pasteure ordonnée au Congo et épouse d'un diplomate a assisté à un culte. Elle s’apprête à servir maintenant la communauté bénévolement.

- Abraham Boudjadja a passé sa vie active en France. À sa retraite, il retourne dans sa maison à Constantine. Cette communauté n'a actuellement pas de pasteur et le jeune retraité est maintenant prêt à s’investir pour elle.

L’évêque Henri Bolleter


L’évêque Henri Bolleter est revenu sur ces années de ministère éprouvantes au coeur des années noires, quand le terrorisme sévissait au grand jour et de rappeler que le couple Bolleter n’a jamais déserté la place quand bien même sa sécurité ou celle de sa famille étaient en jeu convaincu que «L'Église devait être présente là où le besoin se fait le plus sentir ».

Le GBGM


Au nom du GBGM (le département missionnaire de notre Église à l’échelle du monde) et de son secrétaire général Thomas Kemper, Andreas Staempfli a honoré à son tour le couple de missionnaires fidèles au poste jusqu’à son expulsion d’Algérie en 2006.

Mgr Henri Teissier


Compagnon de route de longue date, l’évêque émérite d’Alger Henri Teissier a témoigné du haut niveau de collaboration qui était le leur durant ces longues années. L’oecuménisme était vécu au fil des jours et des épreuves. Ensemble, ils ont travaillé au rapprochement des églises minoritaires dans ce pays musulman et à la formation des responsables de la jeune Église protestante d’Algérie. La diffusion de la Bible sous couvert de la Société Biblique était aussi leur souci permanent, de même que sa traduction en langue arabe et berbère sous les auspices de la Société biblique. Il mentionne aussi le travail social entrepris auprès des migrants sur place à Alger comme dans le Sud du pays auprès de la population sahraouie. Il partageait avec Hugh et Shirliann le maintien d’une présence chrétienne au sein de cette société musulmane, et saluait dans ce cadre la poursuite des cultes à la radio nationale, occasion exceptionnelle de témoignage auprès de la population du pays, heureux de partager ce message évangélique au plus grand nombre et d’être ainsi « cette Église qui non seulement donne la joie de l’Évangile à ses membres, mais aussi cette Église qui fait signe dans la société ». Le ministère des Johnson en Algérie est bien la preuve, affirme-t-il en conclusion, « qu’on peut être une Église chrétienne qui vit la fraternité même dans une société musulmane, même dans une période où l’on nous assassine ».

Mme Gillian Kingston


La Vice-présidente du Conseil méthodiste mondial (CMM/WMC) Mme Gillian Kingston explique que ce prix a été remis aux Johnson tout simplement parce qu’au fil de leur ministère en Algérie ils ont fait preuve de courage, de créativité et de cohérence au plus haut degré :  « Votre histoire révèle un courage d'une nature tout à fait extra-ordinaire. …Vous n’avez pas seulement fait de l’Afrique du Nord votre patrie, mais vous vous êtes opposés aux autorités dans votre résistance spirituelle. ». L’hommage n’est pas seulement rendu au couple Johnson mais à travers eux à « l'Église en souffrance dans le pays que vous aimez tant ». En leur remettant le Prix de la Paix, Le Conseil méthodiste mondial s’identifie aux nombreux chrétiens en Afrique du Nord comme au Moyen-Orient qui souffrent pour leur foi. Et de conclure à propos des Johnson : « Vous êtes pour nous une source d’inspiration et de profonde humilité ».

Dr Hugh Johnson


Non sans émotion, le pasteur répond à cette succession d’hommages en insistant qu’en définitive ils n’avaient fait rien d’extraordinaire, mais seulement suivi l’impératif divin : « aimer, aimer Dieu, aimer les enfants, aimer le lieu où Dieu nous envoie ». Au même titre  que les milliers de témoins qui les ont précédés, qui les entourent dans le présent et qui prendront le relais demain. « Tous les chrétiens passés, présents et futurs mettent en pratique l’amour de Dieu pour tous les hommes. Nous sommes réconciliateurs au nom de Dieu, mais cela de maintes façons » admonestant l’assemblée présente à s’investir elle aussi dans le projet de Dieu pour le monde, « un monde où notre vie au nom de Dieu est vécue sans ambition personnelle, mais aussi sans ambiguïté pour que la joie de Dieu en nous et en tous soit complète ».

Shirliann Johnson


Shirliann, l’épouse de Hugh touchée par cette récompense a insisté sur l’importance et le risque du dialogue et de l’amour, plus que jamais d’actualité sur cette terre d’islam : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ce premier des commandements nous a servi de guide dans notre vie. Aller à la rencontre de l’autre, dans le respect total et l’accepter sans condition en lui tendant la main fraternelle. Ce n’est qu’à ce moment-là que le dialogue est possible. Certes le dialogue comporte des risques de changer l’autre mais aussi d’être changé soi-même ». Elle s’est dite heureux d’avoir pu vivre pareil témoignage avec d’autres chrétiens minoritaires au sein d’un monde musulman.


Le Prix est né sur les lieux d’un conflit

Le Conseil méthodiste mondial (CMM) a lancé le Prix de la Paix en 1976 en plein conflit en Irlande du Nord, quand il a tenu sa conférence à Dublin. Le premier lauréat en 1977 a été Sadie Patterson, un militant de la paix en Irlande du Nord. Le prix consiste en une médaille d'or-argent et quelque $ 1000 à titre symbolique. Avec Hugh Johnson et Shirliann, le Prix de la Paix CMM revient pour la troisième fois à des membres de l’EEM de l'Europe du Centre et du Sud. En 1992, c’est Zdravko Beslov de Bulgarie qui reçut le prix et en 2002, c’est au tour de Boris Trajkovski, président de la Macédoine décédé en 2004 de le recevoir.