Musique (2)

LEADER VOCAL prend la défense de l’Église persécutée

Propos recueillis par JP Waechter

« LEADER VOCAL » est un groupe de rap français qui occupe la scène depuis 1991. Composé de deux frères, François et David Furtade, le groupe s’engage sur des sujets sensibles et pour faire passer son message n’hésite pas à confectionner des clips où s’allient le poids des mots au choc des photos.

Leader vocal s’est créé une place à part dans la défense de l’église persécutée. Nous avons rencontré les deux frères qui, depuis 1990, ont pris de l’assurance et de l’expérience comme évangéliste et implanteur d’églises, ce qui ne donne que plus de poids à leur intervention médiatique. De passage à Paris pour le lancement de leur single « Worship », ENroute les a rencontrés. Voici les temps forts de leur interview.

François et David Furtade ont commencé leur carrière musicale sur le mode contestataire d’un rap qui casse le flic et passe son temps dans la plainte et complainte. Leur conversion au Christ les a fait passer de la contestation globale à la protestation salutaire. En identifiant le Christ comme la solution aux mots, ils ont décidé de mettre en avant son nom avant le leur. « On a reçu la solution, celui qui est toujours la solution, le Christ Jésus  et quand on s’est convertis, on s’est tournés vers le Christ et là notre discours a complètement changé, parce que notre vie, à l’intérieur de nous, a changé : la révolution était autre, elle était d’une autre source et c’est ça qui commençait à s’entendre dans nos textes ». Sans abandonner la lutte contre les injustices. Le changement qu’ils appelaient de leurs voeux était initié par le Christ.

« Avant, on était des plaintifs, on était bons pour des débats, on n’avait pas de solutions ; on n’était pas plus efficaces que les autres qu’on accusait... Quelque part, on participait aussi à la destruction, on voulait changer le système, et c’est le système qui nous changeait. Le Christ est venu tout changer ».

Pas étonnant qu’ils enfourchent pour cheval de bataille le combat pour l’église persécutée. Déjà en faisant passer un certain nombre d’informations dans le public le plus large concernant les chrétiens en souffrance.

«Humblement, on pense réellement qu’il y a un manque d’informations conséquent : les gens ne sont pas au courant que l’Église est persécutée. Les gens ne sont pas au courant que l’Église chrétienne est persécutée. Je le dis à ceux qui ne le savent pas, la communauté chrétienne est la communauté la plus persécutée au monde et ça choque les gens : ils ne sont pas au courant de ça. On trouve que la grande presse, la presse nationale ne traite pas assez de ces sujets, par contre elle préfère parler d’un tas d’autres choses. Nous aimerions faire à notre humble niveau, à l’intérieur même de notre réseau, ce que nous aimerions que la presse nationale fasse. Peut-être n’avons-nous pas le poids médiatique ni la communication qu’ils ont, mais à l’intérieur de nos milieux respectifs, on essaie de communiquer et d’interpeler les gens et c’est exactement ce qui se passe. Il se trouve que j’interviens dans un centre sportif de boxe, car j’étais boxeur auparavant (médaille de bronze du championnat de France), on s’aperçoit dès le premier clip que les gens n’étaient pas du tout au courant de la persécution des chrétiens.

Leur communication est loin d’être lisse. Leur rap décape sans déraper. Pour combattre les maux, ils utilisent les mots. De plus, elle est multimédia. Leurs chansons sont systématiquement montées en clips qui allient le poids des mots et le choc des photos (Voir YouTube). Ces clips servent à la perfection la cause à défendre, le sort des chrétiens persécutés.

« Nous vivons en un siècle d’images : tout nous parle avec des images, plus qu’avec des mots. Exactement. C’est un langage que tout le monde peut comprendre. Il n’y a pas la barrière des langues à travers les images. On peut envoyer une image française aux États Unis, elle sera comprise. Et puis, je dirais qu’on regrette un tel manque de sensibilisation que sans être dans l’abus on utilise tous les moyens possibles pour accrocher le regard ; si on n’arrive pas à accrocher au niveau de l’ouïe, il faut essayer d’accrocher au niveau de la vue. Avec un impact certain de leur avis même : « On travaille avec une association AMI. L’idée est qu’on a été interpelé par ce qui se passe avec Asia Bibi, son rejet, sa condamnation à mort confirmée et donc on a décidé de s’organiser avec une association. En l’espace de trois semaines, on a récolté plus de 40 000 signatures ». Mais pour Asia Bibi, le combat continue. Elle reste tributaire de la peine capitale au Pakistan.

Leader Vocal a aussi agi en faveur de Myriam, cette chrétienne soudanaise également condamnée à mort alors qu’elle avait un bébé avec elle et qu’elle était enceinte d’un autre, et là la mobilisation a porté du fruit, elle a été libérée grâce entre autres à son combat.

Le combat est loin d’être achevé, reconnaissent les deux frères, car « arriver à bout de la haine, ce n’est pas évident, c’est un choix de vie. » Leur combat, déjà, c’est la liberté religieuse pour tous. quelle que soit la confession, la liberté religieuse, déclarent-ils clairement. Et avec la liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de culte... Bref, le respect « des articles 18, 19 et 20 de la Déclaration des droits de l’homme ». Ils sont convaincus que l’ensemble de la société peut s’allier pour la défense de ces libertés essentielles : « Si par exemple une exhortation biblique ne peut pas toucher des personnes qui sont athées, par rapport au message biblique qui les inciterait à être plus ouverts et à laisser la liberté religieuse pour tous, on peut s’entendre sur d’autres textes, dont la Déclaration des Droits de l’Homme ; je pense qu’on pourrait s’entendre là-dessus. Je vous dis la vérité, au fond de nous, des gens nous croient. Tout ce que l’on fait en faveur des chrétiens persécutés, on le fait pour la foi. »

Ils partent de la conviction qu’il n’est pas dans leur pouvoir de résoudre les problèmes, mais que Dieu le peut. Aussi incitent-ils à la prière : « On sait que ce n’est pas par la force qu’on va résoudre les choses, c’est plus à genoux, dans la prière que les choses vont bouger. »

Regardez ce point important concernant Myriam la Soudanaise. La mobilisation internationale a exercé une pression sur le Soudan et ça a poussé. Ça veut dire que quand les hommes bougent et décident de s’unir contre des injustices, il y a des délivrances. Et c’est celle-là que l’on désire pour Asia Bibi.

Les pionniers dans l’implantation d’église et l’évangélisation veulent encourager le peuple de Dieu dans toute sa diversité à remplir son rôle de sentinelle, car les temps sont particulièrement durs « et être actif dans la moisson : c’est comme si un médecin arrêtait de pratiquer, il deviendrait un mauvais médecin. Un chrétien doit donner pour recevoir. Il doit exhorter pour être exhorté. Un chrétien doit prier pour les gens, pour que d’autres prient pour lui. Il doit donner des choses avant de chercher à les recevoir. Ça, c’est indispensable. » Les jeunes ont à aller à l’essentiel, car ils représentent dès aujourd’hui l’avenir de l’Église et de suggérer aux aînés de prendre les plus jeunes par la main pour les épauler et les accompagner fraternellement : « prendre un enfant par la main, nous maintenant, qui sommes un peu plus vieux, que nous prenions les jeunes par la main. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas de repères, prendre les enfants, les jeunes par la main, c’est hyper important. Encore faut-il que ces jeunes acceptent de donner leur main. »

L’interview s’achève sur leurs voeux pour l’année 2015 qui en disent long sur leur amour pour leur pays : « J’aimerais pour la France une meilleure moisson pour l’Église... J’aimerais que les gens s’ouvrent davantage à la présence de Dieu. On a essayé toutes les solutions, les solutions politiques... Aujourd’hui, essayez Jésus-Christ. Voilà ce que j’ai envie de dire ! - Mon voeu pour la France en 2015 est que la politique française insère un peu plus Dieu dans ses choix et ses directives et dans l’état de crise où se trouve le pays, que l’on fasse ce qu’Israël avait fait en son temps, qu’il s’humilie, qu’il prie et qu’il cherche la face de Dieu... Que la France se mette à genoux et demande l’aide de Dieu.

Et nous, de notre côté, nous souhaitons pour leur prochain album Worship un total succès, qui touche son public, le public par la grâce de Dieu. « On veut nous faire croire que l’Evangile ça ne fonctionne pas, c’est faux. Sur toute la surface de la terre, il y a des millions de personnes qui louent Dieu en préfiguration du ciel. ... C’est vrai, Dieu est appelé à être loué dans l’enceinte de l’église,  mais à l’extérieur aussi. Nous voulions apporter cette louange à l’extérieur ». Il en est ainsi.