Nouvelles internationales

Le monde est ma paroisse

Des femmes à l'honneur
Hommage à Sarah Ann GILL,
Sans le courage de Sarah Ann GILL, l'Église Méthodiste n'aurait jamais vu le jour dans l'île de la Barbade (Petites Antilles). Née le 16 février 1795 et décédée le 25 février 1866, cette jeune veuve a pris la défense de l'Église Méthodiste persécutée au début du 19e siècle. Son épitaphe résume à lui seul le combat héroïque de cette battante de la foi : « l'héroïne du méthodisme à la Barbade a pris la défense du méthodisme quand son existence était menacée dans les années 1823-1825. Elle a été persécutée et poursuivie. Une mère en Israël. »
Citoyenne de second rang, sujet britannique de couleur et femme libre, elle a osé s'attaquer avec succès à « l'inhumanité de la classe dirigeante privilégiée », du gouverneur colonial comme de la Chambre des Représentants alors bien remontés contre les méthodistes qui étaient tous assimilés à des agitateurs anti-esclavagistes ou à des agents de la société anti-esclavagiste basée en Angleterre.
GILL a été associée au méthodisme pour la première fois en 1819, quand elle a fait une donation de 10 livres pour la construction de la première chapelle méthodiste construite en dur à Bridgetown.
Deux semaines après l'achèvement de cette chapelle, quelques 150 à 200 personnes ont démoli le bâtiment de deux étages. Ni cet attentat ni la pression exercée par les autorités n'entamèrent la détermination de GILL à persévérer dans la foi, puisqu'elle a tenu des cultes à son domicile à défaut de disposer d'un lieu de culte public malgré la surveillance constante du « Comité de Sécurité Publique ».
GILL a été, de l'avis de tous, une femme pleine d'amour et de pitié pour ses persécuteurs : elle a espéré jusqu'au bout que ses persécuteurs fréquentent un jour fidèlement la chapelle méthodiste. Son attachement fidèle à Dieu l'a protégée des privations. A tout jamais, elle reste un exemple de courage.
Hommage à la fondatrice de la fête des mères
Elle ne paye pas de mine : non mariée, sans enfant, elle achève sa vie dans la pauvreté et la misère. On lui doit pourtant la création d'une institution reprise de par le monde, la fête des mères.
Son nom : Anna Maria REEVES JARVIS, fille d'un pasteur méthodiste, née en 1864 à Grafton dans l'état de Virginie (U.S.A.) au sein d'une famille nombreuse. Sur les onze enfants que comptait la famille, seuls quatre enfants ont survécu et atteint l'âge adulte.
Sa mère avait très tôt la fibre patriotique et le sens aigu de la famille : elle a mis sur pied les fameux « Mothers Days Works Clubs » pour améliorer les conditions de vie des familles américaines. Ces clubs s'étaient aussi impliqués au cours de la guerre de sécession (1861-1865). Leur rôle n'a pas été mineur dans le rapprochement des familles divisées par la guerre. La mère d'Anna REEVES JARVIS a créé les « Mothers Friendships Days » qui permettaient le rapprochement d'anciens soldats du nord et du sud des USA avec leurs familles.
A sa mort, sa fille Anna a poursuivi en quelque sorte le travail de sa mère en créant d'arrache-pied la fête des mères et en contribuant à en faire une institution non seulement nationale mais internationale.
A ses yeux, les mères devaient recevoir de leur vivant déjà tout le respect et l'amour qui leur étaient dus en un jour particulier. Cette conviction explique la croisade menée par Anna REEVES JARVIS.
En 1907, elle lança une pétition sur une grande échelle en sensibilisant une foule de décideurs à cette généreuse idée qui lui réserveront un accueil favorable.
La première fête des mères vit le jour le 10 mai 1908 dans l'Église Méthodiste de Grafton et à Philadelphie. Anna remit à ses frais 500 oeillets blancs aux femmes présentes à l'Église ce jour-là en signe d'hommage. Au fil des années, Anna offrit plus de 10000 oeillets à Grafton. 
Son idée de fête des mères finit par s'imposer partout aux États-Unis en 1914 ; par la voie d'un décret, le président américain Woodrow WILSON désigna même cette journée de fête des mères comme un jour férié national.
Le monde entier
En quelques décennies, le monde entier a repris cette idée géniale et généreuse. Un triomphe pour Anna REEVES JARVIS qui ne lui fit jamais prendre la grosse tête. Elle était même dépitée par la tournure commerciale que prit cette fête. « Les gens font du commerce avec ma fête des mères ! » déplora-t-elle en public et elle ajouta : « Je n'ai pas voulu cela. Ce devait être une journée du coeur et non du fric ! » Elle se fâchait en particulier contre les fleuristes, qui firent des affaires florissantes à cette occasion. Elle leur intenta même des procès ; non seulement elle les perdit tous mais elle y engloutit toute sa fortune. La pauvreté et l'amertume la gagnèrent ; elle finit par douter de l'opportunité même de cette journée dédiée aux mères. Elle décéda en 1948 dans un sanatorium de Pennsylvanie à l'âge de 84 ans. En l'honneur de la défunte, les carillons de l'Andrews Methodist Episcopal Church de Grafton résonnèrent à 84 reprises lors des obsèques.
La Conférence Générale de l'Église Évangélique Méthodiste reconnut en 1952 l'Andrews Methodist Episcopal Church comme l' « Église mère de la fête des mères ». L'église devint un musée et tient lieu de mémorial international de la fête des mères.
Jean-Philippe WAECHTER