La vie de nos églises - Kabylie

Nouvelles de Kabylie
Abdenour Ait Abdemalek
pasteur


Le printemps s’est bien installé et couvre chaque jour davantage les séquelles de l’hiver. Les importantes chutes de neige (jusqu’à 1 m) ont sérieusement endommagé le paysage arboricole, notamment l’olivier qui reste certainement la première ressource des paysans kabyles.

Tout comme le printemps, dans les églises aussi il y a un regain d’intérêt et de présence dans la quasi-totalité des communautés. Il faut dire aussi que les déplacements sont parfois longs et même coûteux pour une bonne partie des fidèles et parfois mêmes dangereux dans le cas de certaines régions soumises encore au risque terroriste. Faute d’un lieu de culte, certains sont amenés à effectuer plusieurs dizaines de kilomètres pour aller vers le lieu le plus proche.

Une grande majorité des communautés ne possèdent pas encore un lieu de culte. Ils organisent leur réunion à l’air libre, à l’extérieur de leur ville ou de leur village. Mis à part deux ou trois communautés qui possèdent leur propre temple, le reste se réunit dans des garages loués à des particuliers. Mais en général ces particuliers, pour des motifs différents, refusent de louer leur bien lorsqu’ils apprennent qu’ils ont affaire à des chrétiens.

D’autres communautés attendent d’avoir leur agrément auprès de l’EPA (Eglise Protestante d’Algérie) pour prétendre à une location légale d’un lieu pour la célébration de leur culte. Encore faudrait-il trouver l’argent, lorsque l’on sait que généralement moins d’un cinquième parmi les fidèles seulement a une activité salariée.

L’Eglise Evangélique Méthodiste semble être la seule privilégiée sur ce plan. Elle possède plusieurs stations missionnaires qui ont toutes leur salle de culte (celle de Larbaa depuis peu). Il faut dire aussi qu’il existe une bonne partie dans la population chrétienne, notamment les familles et les personnes âgées, qui aspirent à fréquenter un lieu de culte où ils peuvent ressentir la sécurité. Beaucoup d’expériences malheureuses ont été vécues dans certaines communautés obligées de quitter leur lieu de culte, parfois même sans préavis. La dernière expérience fut certainement celle vécue par la Communauté évangélique de Larbaa, sommée de quitter les lieux occupés depuis quelques mois seulement. Ce lieu est un entrepôt abandonné depuis longtemps par une entreprise d’Etat. Les ordres sont venus d’en haut…

La vie ecclésiale diffère peu d’un lieu à l’autre. Une grande majorité, sinon la totalité des communautés sont dirigées parfois par un ou plusieurs anciens. Généralement, ils n’ont reçu aucune formation. Cette absence de formation implique toute la fragilité dans laquelle se retrouve la communauté au moindre conflit. Il faut avouer que c’est par grâce que subsiste une bonne partie d’entre elles. Il existe deux endroits, l’un au centre et l’autre à l’ouest du pays, où l’on commence à donner des formations basiques pour les chrétiens. Le séminaire méthodiste se trouve être le plus ancien à s’intéresser à cet aspect important qu’est la formation. Nous sommes actuellement en train de réfléchir, en collaboration avec le Conseil de l’EPA, sur les moyens à mettre en œuvre pour former les leaders. Les moyens humains et matériels existants doivent être renforcés ; il faudrait en plus de la bonne volonté, Dieu fera certainement le reste.