Jean-Pierre Charlemagne

#COP21: Questions à Jean-Pierre Charlemagne, président de l’association A Rocha

Jean-Pierre Charlemagne

Jean-Pierre Charlemagne, président de A Rocha

Paroles recueillies par ENroute

La COP21 est désormais derrière nous. Succès ou échec, comment répondre à cette question. En quoi l’accord conclu au Bourget nous concerne-t-il ? Jean-Pierre Charlemagne, président de l’association A Rocha est certainement un des mieux placés pour nous répondre.

Photos CC #COP21


1 A Rocha est une association engagée depuis des décennies dans la connaissance et la défense de l’environnement ; à ce titre, A Rocha était aux premières loges à la COP21. Quelles étaient ses contributions particulières ?

Tout d’abord, A Rocha France a choisi dès juin 2014 de ne pas laisser passer cette occasion unique pour d’une part sensibiliser le public chrétien aux questions environnementales et d’autre part affirmer dans le monde de l’écologie le fondement biblique et spirituel de notre engagement.

18 mois de contributions dans les réseaux chrétiens ou non (y compris le lancement du « Jeûne pour le Climat en France », d’interventions dans les paroisses, de colloques et conférences ont mobilisé nos modestes ressources ! 

Pour la COP21 à Paris, avec A Rocha International, L’Alliance Évangélique Mondiale et le Mouvement de Lausanne, nous étions mobilisés pour trois actions principales :

La première, porter au sein « La Grande Marche » prévue le 29 novembre, le témoignage de chrétiens engagés, solidaires et actifs pour l’environnement a été annulée comme chacun sait.

Le 5 décembre, une journée de conférences et d’ateliers pour une Réflexion Chrétienne sur l’Environnement a rassemblé près de 200 personnes autour de théologiens, scientifiques, historiens, environnementalistes nationaux et internationaux.

Et au Bourget, être présent pour animer une table ronde… Et faire du lobbying !

2 La COP21 appartient au passé, quel bilan faut-il tirer ? Succès ou échec ? À l’échelle planétaire sommes-nous engagés dans la bonne direction ? Votre sentiment.

Mon sentiment ? Le bilan tire plus du côté du succès que de l’échec.

Succès sur deux plans :

Une page est tournée : Désormais le changement climatique ainsi que l’impact de la responsabilité humaine sur ce changement sont avérés. C’est un débat qui est clos, du moins au niveau des nations.

Un accord fondamental est acquis : il est indispensable, il est temps et il est possible d’agir pour modérer ce changement.

À l’échelle planétaire, c’est donc un engagement dans la bonne direction.

Est-ce un engagement suffisant ? Le fallait-il contraignant ? Difficile de se prononcer ! En tout cas, pas un échec !


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3 À côté du rôle des États, il y a le rôle des individus et des citoyens, des chrétiens que nous sommes. Et là nous sommes attendus au tournant. Que suggère A Rocha sur ce chapitre ?

Tout d’abord, A Rocha doit poursuivre sa mission de sensibilisation, car il n’est pas certain que tous les citoyens chrétiens aient saisi la réalité du changement climatique, de la contribution de l’activité humaine dans ce changement, du lien avec la justice et la responsabilité spirituelle.

Ceci dit, il nous faut nous désormais nous mobiliser sur deux axes pour prendre notre part de responsabilité face à cette problématique planétaire.

Un premier axe concerne notre rapport aux « biens communs » dont le Créateur nous a confié la gestion. 

Évaluer notre « empreinte écologique » (individuelle, paroissiale, associative) et choisir, sans culpabilité, sans hypocrisie non plus, les postes sur lesquels nous pouvons agir.

En ciblant ce qui est possible, même modestement : chaque petite victoire est une avancée.

Et ainsi faire le premier pas, celui qui précédera les suivants ! Recyclage, achats raisonnés, covoiturage, économie d’énergie, les sujets ne manquent pas.

Et lorsque « ce n’est pas possible » (tout trajet ne peut se faire en vélo… L’avion est parfois incontournable ! Ou autre situation) ?

Il est toujours possible de compenser, en soutenant une œuvre chrétienne de reforestation par exemple !

Mais ne rien faire n’est plus soutenable.

Là, nous sommes certainement « attendus au tournant » !

Le second axe concerne notre rapport « au Jardin » que le Créateur nous a demandé de « garder et cultiver ».

A Rocha s’efforce d’en étudier la fabuleuse organisation, la merveilleuse harmonie, mais aussi les grandes fragilités et les dégradations désastreuses.

Alors étudier, sensibiliser, alerter est indispensable mais pas suffisant. 

Il faut aussi réparer, restaurer les sols, les prairies, les zones humides, les milieux forestiers et agricoles ! 

Le faire, c’est aussi réduire les émissions de CO2 ou favoriser sa captation, donc contribuer à l’effort général.

Soutenir les œuvres chrétiennes qui s’y attellent c’est ainsi agir pour le climat, pour la justice et l’amour du prochain.

Pour moi, la COP21 a évacué les polémiques qui brouillaient la prise de conscience ou incitaient à l’immobilisme.

La piste est ouverte maintenant pour relever le défi formidable et enthousiasmant où l’engagement, même modeste, de chaque chrétien, ajouté aux myriades d’autres de par le monde, portera dans la durée son fruit de justice, d’amour, d’adoration ; et dont l’efficacité sera la main de Celui qui tient la Planète … Dans ses mains !