Méditation

"Vous êtes le sel de la terre" par le pasteur Pascal Gaudin

Indispensable
Depuis longtemps, sauf en de rares pays, le sel n’a plus la même valeur qu’il avait auparavant, notamment à l’époque du Christ. Dans le passé, ce petit élément, aujourd’hui si commun et bon marché, a provoqué des guerres, favorisé l’établissement de routes commerciales et payé la solde de militaires. Jésus, passé maître dans l’art d’utiliser les choses ordinaires pour illustrer les réalités spirituelles, prend cette image du sel, afin de décrire le rôle de ses disciples dans le monde.
Symbole des chrétiens
Pourtant, lorsqu’il prononce ces paroles, il n’a devant lui que de simples Juifs, dont la plupart n’ont que peu d’emprise sur la vie politique, religieuse et économique de leur pays. Mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, ce sont ces hommes et ces femmes, sans importance aux yeux du monde, qui sont appelés à en être le sel. La suite des événements prouvera la véracité de ces paroles de Jésus. Quel impact, en effet, auront les disciples du Christ ressuscité, non seulement auprès de leurs compatriotes, mais, plus tard, auprès des autres peuples ! Non, parce que ces hommes et ces femmes seront meilleurs que les autres. Mais, parce qu’ayant reçu l’Évangile, message régénérateur et transformateur, ils le vivront et le transmettront autour d’eux.
À l’époque de Jésus, le sel était utilisé essentiellement pour donner du goût et pour empêcher la corruption des aliments. Le réfrigérateur n’existant pas, cet ingrédient avait alors un rôle de premier plan pour la conservation de la viande et du poisson, comme c’est encore le cas aujourd’hui dans certaines régions du monde.

Donner du goût et faire reculer la corruption

Décomposition et déchéance

De même, toute société a besoin de ce sel constitué par la présence des disciples de Jésus, sinon, elle risque la décomposition, la déchéance. L’enseignement du Christ, vécu et transmis par l’Église, est vital pour la bonne santé de notre monde. Cette réalité se vérifie encore plus aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales en perte de sens et de repère. En effet, depuis quelques décennies, nos structures familiales et sociales, issues du Judéo-Christianisme sont de plus en plus mises à mal par les médias et par ceux qui font les lois. Le rejet progressif des valeurs qui fondaient notre société a eu pour effet sa déstructuration. Il n’est donc pas étonnant d’entendre de plus en plus parler de « perte de repères » et de « décomposition du tissu social ».
À un autre niveau, l’exemple suivant illustre ce besoin de sel dans toute société : dans un pays du Sahel, face à la pratique de certains médecins, détournant le matériel de l’hôpital public au profit de cliniques privées, un ministre du gouvernement a déclaré à la télévision nationale : « il nous faut des chrétiens à ces postes ». Face à la corruption et à l’égoïsme ambiant, les disciples de Jésus, pourtant peu nombreux dans ce pays, assument pleinement leur fonction de sel.
Faveur et saveur
Cet ingrédient donne aussi une saveur incomparable aux aliments. Ceux qui en sont privés, à cause d’un régime alimentaire spécial, savent combien le repas le mieux préparé peut être fade et insipide sans lui !
De même, le chrétien apporte du goût, de la saveur, au monde dans lequel il évolue. Sa paix, son amour, sa patience, sa bonté, fruits de la présence du Saint-Esprit dans sa vie (Ga 5.22), donnent envie à ceux qui l’entourent de connaître le Christ et de le suivre à leur tour. Seulement, pour que cela soit effectif, il est nécessaire que le disciple reste en totale dépendance avec son maître, dans l’esprit des béatitudes exprimées dans l’Évangile. En effet, l’affirmation du Christ vous êtes le sel de la terre s’adresse à ceux qu’il vient de décrire comme des « pauvres en esprit », des « affligés », des « doux », des « miséricordieux », des « cœurs purs », des « persécutés à cause de la justice », etc. Car, ce qui fait la saveur du chrétien, c’est sa personnalité décrite par les béatitudes. Voilà pourquoi Jésus dit aussi : Le sel est une bonne chose, mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l’assaisonnerez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix les uns avec les autres (Mc 9.50-51).

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Une cité dans la joie