Méditation

Du courage pour un regard attentif
2001-2010 : la décennie "Vaincre la violence"

Depuis le printemps 2001, les Églises membres du Conseil OEcuménique des Églises, dont fait partie l'Église Évangélique Méthodiste, se sont engagées dans une décennie pour vaincre la violence. Lors d'une rencontre d'étude théologique sur ce thème, la théologienne bâloise Luzia SUTTER REHMANN a présenté son exégèse d'Apocalypse 6 qu'elle a publiée dans son livre au titre programmatique: "Du courage pour un regard attentif" (Luzia SUTTER REHMANN, Vom Mut genau hinzusehen. Feministisch-befreiungstheologische Interpretationen zur Apokalyptik, Luzern: Édition Exodus, 1998, pp. 100-105).Au moment où les guerres et les bruits de guerre augmentent et où un président de confession méthodiste veut entraîner sa nation dans une nouvelle guerre contre l'Iraq, l'objectif de cette décennie "Vaincre la violence" revêt encore plus d'urgence. Comment prévenir la violence, comment sortir de la spirale, de l'engrenage qui nous sont présentés comme inévitables, voire nécessaires ou même légitimes?

Une interprétation d'Apocalypse 6
Dans ces circonstances, il faut du courage pour regarder de près certains textes bibliques qui ont souvent été utilisés pour légitimer la violence. C'est le cas par exemple d'Apocalypse 6 où on a traditionnellement interprété les quatre cavaliers comme un châtiment voulu ou envoyé par Dieu. Or, en regardant de près ce chapitre avec Luzia SUTTER REHMANN, nous constatons que ce n'est pas Dieu qui envoie ces catastrophes. Celles-ci ont caractérisé la "Pax Romana" - du temps où Jean a décrit ses visions - et les régimes totalitaires à travers les siècles: le règne de la violence, de la guerre - entraînant des famines où les pauvres n'ont plus accès au pain quotidien tandis que les riches continuent de vivre dans le luxe - et des épidémies qui font des ravages parmi cette population déjà fragilisée.

Dans de telles situations, les "cris" des morts, des martyrs, se font entendre d'en bas, de l'espace en-dessous de l'autel où ils ont trouvé refuge. Des voix qui réclament la justice et demandent une intervention divine. Leurs corps meurtris et nus sont habillés, recouvrant leur dignité. En ce moment crucial, la création tout entière, le cosmos dans son ensemble, fait écho à leurs cris dans un cataclysme monumental qui ébranle le régime des puissants avec tous leurs acolytes. Or, c'est la colère de l'Agneau, cet animal tout petit et inoffensif, qui les met en panique ! Quel renversement des valeurs, quelle drôle de perspective!
Et Dieu dans tout cela? Dieu n'est pas nommé dans tout le chapitre, mais représenté par cet Agneau, par les quatre êtres vivants et par le trône qui forme un espace sûr, un lieu protégé, où l'on donne la parole à ceux et celles qui croient en la Parole de Dieu et la mettent en pratique.
Prière
Dieu, dans un monde où règne la violence, où nous sommes confrontés à tant de voix qui crient vengeance, aide-nous à maintenir notre foi en ta Parole, à témoigner de ta volonté de paix et de justice, de respect pour toute ta création. Permets que nous maintenions la foi en ton Règne, et la force de promouvoir ses valeurs éternelles. Donne-nous le courage d'un regard attentif pour les besoins des plus faibles dans nos sociétés et les moyens de vaincre, voire de prévenir, la violence des puissants à leur égard. Amen

Roswitha EBNER-GOLDER,
pasteure