Méditation

La mission est malgré tout réalisable” par le pasteur Jean-Ruben Otge

En entrée à l’Assemblée générale de l’UEEMF fin mars à Landersen, le pasteur JR Otge exhorte à l’écoute et au respect des saines et saintes priorités sur la base du livre du prophète Aggée.


Nous sommes en septembre 520 av. JC et les Juifs sont convoqués par le prophète Aggée (chap. 1) ; mais ce n’est pas la joie débordante… L’atmosphère est lourde : cela fait 16 ans qu’une partie des juifs exilés à Babylone est revenue au pays, pour reconstruire le temple de Jérusalem ; et c’est bien là le problème : tout est au point mort. Et il y a de quoi !

L’entreprise était bien trop lourde…

Le temple, incendié 67 ans plus tôt, avait été laissé tel quel depuis ; et les ouvriers n’étaient pas si nombreux que ça : on était bien loin de la population d’avant l’exil…

Et puis, les volontaires ont fini par se décourager ; surtout en raison de la pression des pays voisins (relatée par Esdras). La persévérance a ses limites. Il est des engrenages difficiles à inverser.

Sans parler de la crise économique : « Vous semez beaucoup et vous recueillez peu » ; la bourse est trouée, l’inflation fait que le salaire est vite dépensé et que l’on travaille plus pour gagner… moins.

Le résultat est l’oubli de l’essentiel, leur mission : la reconstruction de la maison de Dieu.

Pourtant, il ne faudrait pas trop noircir le tableau !

Depuis le retour, les sacrifices avaient été à nouveau offerts, sans s’arrêter ! Mais Zacharie (prophète contemporain) avait révélé combien les fêtes religieuses, les jeûnes aussi bien que les sacrifices servaient de paravent pour cacher la pauvreté d’une foi ritualiste et égocentrique.

« N’empêche que tout n’est pas mort, Aggée ! » Non, en effet, et surtout pas les efforts… pour soi-même : « Quand même, nos maisons peuvent être reconstruites ! » La vraie question porte en fait sur la priorité : Dieu ou mes intérêts ? Les juifs avaient su trouver du bois pour le toit de leurs maisons ; mais pas pour le toit de la maison de Dieu.

Face aux difficultés, il est possible de voir autrement qu’en étant écrasé

De situations difficiles à gérer peut naître un avenir fait d’espérance. Et le message d’Aggée aborde deux axes pour transformer ce qui paraît une fatalité en espérance.

Le premier est de ne pas être passif, même face à des situations contraires : « Réfléchissez sur vous-mêmes ! » Et cela par rapport à la mission et à l’action à mener (Aggée insiste sur le fait qu’il n’y a pas de réflexion sans action) ; et l’engagement pour Dieu doit avoir la priorité sur les problèmes d’intendance. Mais Dieu doit avoir en plus la priorité sur l’action (même spirituelle) : le but n’est pas la reconstruction d’un édifice qui sera prestigieux mais le plaisir de Dieu : « Bâtissez ma maison : j’en aurai de la joie et je serai glorifié, dit l’Éternel ».

L’écoute de la Parole de Dieu a provoqué un vrai retour vers Dieu : « Le peuple fut saisi d’une crainte respectueuse devant l’Éternel ». Ce qui a entraîné alors un engagement concret : « Ils vinrent et se mirent à l’œuvre ». Mais oui, il est des engrenages saisissants : ils commencent par une écoute vraie de la Parole de Dieu…

Le deuxième axe permettra à l’entreprise de réussir (en effet, le temple sera achevé 4 ans plus tard, en 516 av. JC). Ce message ne fait pas appel à l’engagement du peuple pour Dieu, en mettant la pression là où il est découragé ; mais l’appropriation du message annoncé l’a fait sortir de son égocentrisme.

« Je suis avec vous, dit l’Éternel » : le Seigneur affirme que malgré la démission et la petitesse des moyens, il s’engage aux côtés de son peuple et le soutiendra. Cette certitude de la présence de Dieu permet d’aborder les événements différemment, comme, par exemple, la manière dont David l’avait exprimé dans le Psaume 23 : « Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi », ou comme Jésus l’affirmera : « Je suis avec vous tous les jours » (Mt 28.20).

Il est des messages très courts qui permettent d’aller très loin. À condition d’en être imprégné.

Photo Emmanuel Koning