Le billet d'humeur

"Qu'est-ce que l'Eglise du Christ ?" par Christophe Bruzi

Christophe Bruzi nous livre ici une belle leçon d’humilité et de fidélité sur la manière de rester attaché à des convictions fortes sans céder à l’orgueil.La congrégation pour la doctrine de la foi de l’Église catholique vient de rappeler sa position sur la question en affirmant « la pleine identité de l’Eglise du Christ avec l’Église catholique ». Je dois bien reconnaître que cette revendication, même si elle est nuancée par les déclarations concernant « les Églises et communautés séparées » comme « moyens de salut », m’attriste. Mais surtout elle m’invite à me poser cette question : Qu’est ce que l’Église universelle ?Chaque ensemble d’églises ressent le besoin de définir son identité, d’établir son credo ou sa confession, de proclamer sa doctrine… De définir ce qu’elle est, mais aussi ce qu’elle n’est pas : c’est pour réagir à ce qu’ils considéraient comme des hérésies que nos prédécesseurs dans la foi ont défini le concept de Trinité ou proclamé un Christ engendré mais non créé.C’est sur cette lancée que les Catholiques complètent leur dogme ; c’est dans cette même logique qu’au début de la Réforme les Luthériens ont élaboré la Confession d’Augsbourg, et qu’aujourd’hui nous-mêmes, nous continuons à définir notre fondement doctrinal.Il est nécessaire que chaque confession définisse ce qu’elle professe, faute de quoi chacun de ceux qui ont la charge d’enseigner devrait porter seul l’écrasante responsabilité de le définir. Mais ériger ces réflexions au rang de vérité révélée, c’est se condamner aux sectarisme : J’ai foi en l’Esprit Saint pour nous guider dans notre compréhension de la foi, mais si je devais croire que tous ceux dont les convictions diffèrent des miennes sur un point ou un autre n’ont pas l’Esprit Saint, je me sentirais bien seul…De ce fait, plutôt que de chercher à définir un catalogue de convictions nécessaires à identifier l’Église du Christ, je voudrais revenir à cette définition paulinienne de l’Eglise : un corps dont Jésus est la tête et ses disciples les membres.Je reformule alors ma question : Qui sont ces disciples du Christ avec qui je partage mon salut ? Certainement pas ceux qui ont une bonne compréhension du salut, quoi qu’en disent les Évangiles gnostiques tardifs « de » Thomas ou Judas, mais ceux qui ont foi en Christ : quiconque pour son salut et pour guider sa vie met sa confiance en Christ, le fils de Dieu, mort et ressuscité pour nos fautes.Et puisque notre Seigneur a voulu que tous reconnaissent ses disciples à l’amour qu’ils ont les uns pour les autres, il faudra pour témoigner en faveur de notre Seigneur que j’ai de l’amour, de la patience et de la considération pour celui qui s’en remet à lui.Et non seulement il faudra que j’en aie pour lui, mais aussi pour la communauté au milieu de laquelle il vit cette foi en notre Seigneur et qui a permis que le message de son salut lui soit transmis. Et si à mes yeux certaines confessions ont une remarquable obstination à se tromper sur les choses de la foi, je leur pardonne bien volontiers, moi qui désire que Dieu me pardonne la folle prétention de penser que, moi, j’aurais raison.