Enseignement

Symboles bibliques et images de jeux vidéo

Ceci est le résumé du message donné par le professeur Jacques BUCHHOLD, enseignant en Nouveau Testament à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine (Yvelines) lors du culte à l'Église Évangélique Baptiste de Colmar (Haut-Rhin) le dimanche 21 septembre 2003 (cf. numéros de novembre 2003 et février 2004 pour les deux premières conférences).


Dans son message, Jacques BUCHHOLD a comparé certains symboles bibliques avec des images de jeux vidéo.
La Bible s'approprie souvent des symboles de la culture ambiante pour les mettre au service de la vérité proclamée par Dieu. Les auteurs bibliques ne réfléchissaient pas à la révélation de Dieu « en vase clos ».
Quelques exemples d'emprunts à la culture ambiante :
Certains passages du livre des Proverbes sont inspirés de la « Sagesse d'Aménémopé »  le passage de Psaume 18.8-16 décrit exactement la manière dont se présente le dieu Baal en lançant des éclairs.
Un autre thème est celui de la mer comme symbole de l'ennemi de Dieu (par exemple Ps 32.6-7, 42.7-8, 46.4, etc.). Honnêtement, nous ne parlerions plus comme ça aujourd'hui où la mer est plutôt un symbole de bien-être et de vacances ! Mais dans les mythologies païennes, le grand ennemi qui menace c'est la mer.
Allons plus loin :
Précisons encore : la menace ce n'est pas exactement la mer, mais plutôt ce qui la peuple: le monstre de la mer d'Es 51.9 ­ qui n'est autre que le « grand crocodile » d'Ez 29.3 ­ mais aussi le «Léviathan» de Job 3.8, Es 27.1, etc.
Or, à Ougarith on a découvert une inscription qui parle du « Lothan » dans les mêmes termes, le serpent tortueux à sept têtes.
La particularité de l'Écriture :
Mais les Juifs partageaient-ils les mêmes superstitions, les mêmes croyances mythologiques que les peuples païens autour d'eux? Plusieurs textes montrent que non, mais ils se sont servis des monstres marins dans leur imaginaire, en les soumettant à la révélation de Dieu. Je m'explique : on assiste dans l'Écriture à un phénomène de «monothéisation», tous ces emprunts à la mythologie païenne sont soumis au seul vrai Dieu. Par exemple, le soleil dans la Bible n'est pas un dieu mais est une création du Dieu unique qui domine la création tout entière.
Mais on assiste aussi à un effort de démythologisation. Ainsi, en Job 38.11 Dieu dit à l'océan: «Jusqu'ici ira l'orgueil de tes flots». Sous-entendu: «Pas plus loin!»: Dieu est le maître.
Le serpent ou le Léviathan ne représentent pas un animal réel mais sont des symboles de l'ennemi de Dieu. Ils sont certes menaçants mais sont soumis au Seigneur, ils sont des créatures de Dieu. Même le diable n'est qu'une créature de Dieu.
Mais plus encore : ces créatures sont aussi «historicisées», Dieu est intervenu dans l'histoire pour les vaincre. Par exemple la mer a été vaincue lors de sa traversée par le peuple hébreu, l'Égypte a été vaincue, etc.
L'analogie avec les jeux vidéo :
Dans les jeux vidéo, on passe des heures à lutter contre des dragons, des ennemis mythologiques, etc. Mais ce qui est pauvre dans bien des jeux, c'est que ces personnages n'ont aucune «épaisseur» de vie, aucune réalité profonde.
Dans l'Écriture, il existe un superbe jeu vidéo: l'Apocalypse. On assiste dans ce livre au retour de tous ces symboles (le dragon, le serpent ancien, la mer comme ennemi de Dieu). Et on a de nouveaux personnages : un agneau, une femme dont la tête est couverte de soleils, un enfant enlevé par le dragon qui cherche à le tuer, etc.
L'Apocalypse est structurée en sept « septenaires », qui sont comme sept «mondes» de jeux vidéo! Mais quelle différence! Ici, chacun de ces symboles est chargé de sens: le dragon, c'est le serpent ancien qui veut détruire l'oeuvre de Dieu, l'agneau est quelqu'un en fait, qui semble monté de la terre et est immolé mais debout, etc.
Moi, un tel jeu, j'ai envie d'y jouer! En attendant l'agneau....
Christian BURY