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Aide aux enfants des rues de Kolwezi par Andreas Staempfli, directeur de Connexio

Selon les estimations, plus de 80 000 enfants de la République démocratique du Congo vivent aujourd’hui dans la rue, et ce nombre ne cesse d’augmenter. Même à Kolwezi, qui pouvait autrefois se targuer d’être la ville minière la plus florissante du Sud Congo, on rencontre toujours davantage d’enfants sans abri. Les « Kipendano », les femmes de l’Église Évangélique Méthodiste du Congo, ont à cœur non seulement de calmer la faim de ces enfants, mais aussi de leur offrir des possibilités de formation et d’éducation.
Depuis le démantèlement des mines de cuivre étatiques entamé il y a une dizaine


Ces engins de construction désossés témoignent de temps meilleurs

d’années, Kolwezi est rongée par une crise à la fois économique et sociale. Ainsi, plus de soixante pour cent des personnes aptes au travail sont-elles aujourd’hui au chômage. La terrible dégradation des conditions de vie qui en découle se traduit, entre autres, par une désagrégation des familles ; bien souvent, les enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes, s’enfuient du foyer familial ou sont expulsés par leurs parents et finissent par atterrir dans la rue. Ils y apprennent comment se nourrir en fouillant dans les poubelles et en volant et où trouver un abri provisoire pour la nuit. Leur environnement social est constitué par des bandes qui sont régies par la loi du plus fort et ne transmettent évidemment aucune valeur éthique ou religieuse.
Plusieurs Églises et organisations d’entraide offrent aux enfants des repas gratuits, afin de soulager un peu la misère la plus criante. Les « Kipendano », les femmes du service féminin de l’EEM, s’engagent déjà depuis cinq ans en faveur des enfants des rues qui traînent autour de l’Église de Jérusalem, à Kolwezi. Trois fois par semaine, elles préparent des repas chauds pour 300 enfants et adolescents, afin d’éviter qu’ils doivent se débrouiller seuls en permanence. Les Kipendano aimeraient cependant aussi offrir à ces enfants un lieu protégé dans lequel ils pourraient fuir la rue, jouer et s’épanouir et où ils pourraient découvrir et développer un comportement social – un lieu où ils pourraient faire l’expérience de l’amour du prochain et entendre parler de l’amour de Dieu.

Trois repas chauds par semaine sont parfois la seule chose que les enfants des rues ne sont pas obligés de se procurer tout seuls

En attendant, les repas sont distribués à l’extérieur ou, en cas de mauvais temps, dans l’église. Pour bien faire, il faudrait construire une maison destinée exclusivement au travail avec les enfants. Récemment, les Kipendano ont reçu un terrain, mis à leur disposition par le Conseil de la circonscription de Jérusalem. Puis, en juin dernier, le plan de construction a vu le jour. Mais les moyens nécessaires aux travaux – environ 15 000 US$ – font toujours défaut.
Les Kipendano espèrent que la maison pourra être bâtie rapidement. Si elles sont déterminées à continuer à s’engager bénévolement dans la préparation et la distribution des repas, elles veulent aussi promouvoir le sport et les jeux, les cours d’appui scolaire et de manière générale le soutien de ces enfants, qui, ailleurs, ne bénéficient que rarement de stimuli positifs.


Les femmes de l’EEM aimeraient faire plus que distribuer de la nourriture – elles aimeraient offrir aux enfants un lieu protégé où ils pourraient jouer et s’épanouir

À noter que le projet des Kipendano n’est pas le seul du genre à Kolwezi ; l’Église catholique s’occupe, elle aussi, d’enfants de la rue.
Depuis plusieurs années, elle s’occupe de la « Maison Wengi », un centre de jeunesse où enfants et adolescents peuvent passer la journée et profiter de l’encadrement offert par des personnes formées et bénévoles. Ces expériences peuvent être fort utiles aux Kipendano à l’heure de construire leur centre. Certes, la maison Wengi et le centre prévu par les Kipendano ne peuvent accueillir qu’une petite partie des enfants de la rue, mais ce sont déjà des lueurs d’espoir pour beaucoup d’enfants rejetés.
S’il vous plaît, contribuez à faire en sorte que la maison des Kipendano puisse être construite et que les enfants des rues de Kolwezi aient un autre lieu protégé où récupérer, au moins provisoirement, des fatigues de la rue. Une contribution financière de la Suisse constitue également un signe espoir pour les femmes de l’EEM à Kolwezi. Car elles ont elles aussi besoin d’être encouragées dans leur engagement bénévole.
Au nom de l’EEM du Sud Congo, un grand merci pour votre soutien.

Les creuseurs
Cuivre, cobalt, uranium : le Katanga, au Sud-Condo, possède le sol le plus riche en minerais au monde. Pourtant, des années de pillage ont fini par mener la société minière nationale Gécamines à la ruine. À l’époque, elle gérait des mines bien organisées, créait des emplois et assurait à des centaines de milliers de mineurs un revenu décent. Elle bâtissait des villes, des écoles et des hôpitaux. Puis elle a été spoliée par le dictateur Mobutu et démantelée par les successeurs de celui-ci, qui ont utilisé les richesses minières pour financer leurs guerres. De nombreux mineurs ont été congédiés et ceux qui restent ne sont plus payés. Aussi les minéraux sont-ils aujourd’hui souvent extraits à la main par des creuseurs artisanaux, qui percent leurs propres galeries et vendent le minerai trouvé à des commerçants étrangers pour une bouchée de pain. Pour une tonne de matériau hétérogène, ils reçoivent environ 80 dollars US. Si, comparé aux prix pratiqués sur le marché international, ce montant ne représente pas grand-chose, pour les habitants de Kolwezi c’est une fortune. Des jeunes de onze ou douze ans travaillent ainsi comme creuseurs ou porteurs dans les mines. Les filles aussi se rendent à la mine, pour y vendre des cacahuètes, du manioc – ou leurs charmes.Certains fonctionnaires corrompus ont par ailleurs accordé, pour des prix ridiculement bas, des licences d’exploitation à des investisseurs zimbabwéens, belges, sud-africains et chinois, qui ont ainsi repris les quelques secteurs de Gécamines qui fonctionnaient encore et dépouillent le pays de ses biens, exportant le minerai en franchise douanière dans le monde entier. Le gouvernement n’est actuellement pas en mesure de s’élever contre ces pratiques.

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Aujourd’hui, des privés creusent leurs propres petites galeries et vendent le minerai qu’ils y trouvent à des commerçants étrangers

Partenariat interparoissial entre Liestal et Kolwezi

Depuis trois ans, la paroisse de Liestal vit un partenariat avec la circonscription de Kolwezi. Les personnes intéressées s’envoient des lettres et des courriels et s’informent mutuellement de leurs joies et de leurs peines. Liestal apporte un soutien financier à différents petits projets, menés à Kolwezi.