La vie de nos églises (1)

PRINTEMPS DES CHORALES

Abraham Dogbo, chef de chœur, Paris-Laumière

Un festival de musique gospel haut en couleur à l’orée du  printemps dans la capitale, un événement à marquer d’une pierre blanche !


La grande fête

Le 20 mars 2010, un concert de musique chrétienne s’est déroulé au cœur de la capitale. Les organisateurs, l’ont inscrit dans la lignée de ce qu’il est apparemment convenu d’appeler « le Printemps des Chorales ». Si vous vous êtes égarés sur le net, comme moi, à la recherche de quelques éléments d’information, voici ce que vous avez dû trouver : « Pour fêter le printemps, pour fêter la musique, pour être ensemble, tout simplement, et partager la joie et la paix, cinq chorales offrent un concert le 20 mars 2010, à 16 heures, en l’Église Réformée Paroisse de l’Annonciation : 19 Rue Cortambert, Paris 16e etc…» En fait ces chorales n’en sont pas à leur premier essai. Je me souviens bien de la première édition à Batignolles, au début du printemps 2009 quand je me suis retrouvé là un peu en retard, pour faire plaisir sans plus. Et pourtant…


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Les débuts d’une aventure

Cette année 2010 me voici autrement plus impliqué et rien ne le laissait prévoir. Faisons un bref retour en arrière. En 1996 jeune étudiant à Paris, je me retrouve chef de la chorale de Batignolles. Cela a duré jusqu’en 2004, date à laquelle j’en suis parti, sans espoir de retour, pour la cause de la communauté méthodiste ivoirienne naissante à Paris où tout était à faire. J’en étais déjà secrétaire général, j’en suis devenu en plus le chef de chœur. Un rythme somme toute assez soutenu donc, trop pour oser imaginer en rajouter. Mon environnement immédiat était l’aventure méthodiste, rien de plus. Beaucoup d’efforts, de palabres et de sueur, mais peu de résultats avec la division en prime ! Idem en matière de chorale. Tout compte fait, j’en suis à mon troisième recommencement, sans la joie, toujours espérée, mais jamais concrétisée d’une œuvre achevée, une chorale complète, digne de ce nom. Ce qui me reste, c’est la joie et la fierté bien contenue d’être au service d’un Dieu que je sais fidèle. Je savais pouvoir compter sur la fidélité de mon Dieu, mais il n’y avait rien en récompense de mes efforts.

Un partenariat prometteur

C’est alors qu’en 2010, de sa propre initiative, la proposition d’un partenariat avec la chorale «Espérance» de Batignolles tombe. Cette idée, c’est la perspective d’une chorale de 50 membres au moins sinon plus, avec les différents pupitres vocaux largement fournis, tout ce que j’ai espéré depuis 10 ans de travail. À Laumière c’est la joie, même si quelques-uns ne peuvent que douter. Moi, en tant que premier responsable, je prends le pari en me disant à moi-même : « qu’il me soit fait selon sa parole… » d’après Lc 1,38. Indubitablement les choses ont pris une autre allure. Ainsi dit, ainsi fait ? Non pas tout à fait, mais c’est ainsi que Laumière se retrouve dans un concert, prévu à l’origine et de longue date pour la seule chorale de Batignolles. Naturellement il en a fallu du temps et de la persévérance pour le choix des chants, des chefs de chœur et pour préparer la chorale, nouvelle formule. En effet, en très peu de temps, deux formations différentes doivent harmoniser leurs pratiques, renier leurs passés et faire désormais un seul et même chemin au service du même Dieu, et moi avec. Je n’y crois pas ! Si, je veux dire pas avec mes propres yeux. Avec ceux de la foi !

Le Jour J

Le 20 avril, jour J., tout est fin prêt pour que la fête soit belle. À 16 h 00, la paroisse se remplit petit à petit. Se retrouvent des visages longtemps perdus de vue ; embrassades, empoignades cordiales, retrouvailles. Les cinq chorales sont déjà là. Parmi elles, il faut noter, la présence d’une chorale profane, fidèle au rendez-vous : la chorale Massythi. Les techniciens du son sont à la balance. Au menu d’aujourd’hui : cantiques du vieux répertoire protestant, mais aussi gospel et afro gospel, extraits d’Opéra. Il faut dire qu’il flottait une atmosphère de sérénité et de joie. Puis retentissent vers 17 heures les premières harmonies : c’est Kintwadi qui lève le rideau. Sa mélodie douce et dansante à la gloire de Dieu est communicative dans toute la salle. Suit Espérance de Batignolles qui distille progressivement sa foi et sa ferveur. Applaudissements dans la salle. Des fidèles se lèvent pour danser. Mais si le quatuor afro gospel de voix d’hommes Zatissa, est inclassable par son style et sa qualité vocale, c’est Bantou gospel qui se distingue de loin. Cette chorale familiale de moins de 12 membres, parcourt tous les registres du chant chrétien : des classiques avec Mozart, Haendel, Bach au gospel. Mais personne n’oubliera de si tôt le passage émouvant de celui que tout le monde appelle désormais « Michaël », du nom du regretté roi de la pop. Très élancé pour son âge, ses aigües et ses pas de danse sont troublants de ressemblance avec le cadet des « Jackson five ». Il a déchaîné les applaudissements et touché les cœurs avec « I just want to thank you Lord ». Que dire de Zatissa sinon qu’elle est la fenêtre ouverte sur l’extérieur, l’ailleurs et l’espérance.

Pour nous, chorale de Laumière, partenaire de Batignolles, l’affaire est entendue : le Seigneur est dans l’unité et l’union fait la force et le printemps est peut-être revenu ! Pari(s) à prendre dès maintenant!