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Retraite : vers la fin du toujours plus ?

Guy Garruchot*


L’actualité récente a mis en lumière des débats passionnés au sujet de l’avenir des régimes de retraite. Pourquoi un tel débat ? En homme d’expérience, Guy Garruchot* pose le problème dans cette rubrique « actu » commune à quatre journaux (Pour la Vérité, Christ Seul, Horizons évangéliques et ENroute).

Système actuel

Le système actuel basé sur la solidarité entre générations (la répartition : les cotisations des actifs paient les pensions des retraités) repose sur deux piliers obligatoires :

Un régime de base où entreprise et salarié cotisent sur la rémunération versée. Ce système (assez opaque) permet au salarié dans la meilleure des hypothèses lors de la liquidation des droits à la retraite, et en fonction des cotisations versées, de toucher une somme proche de la moitié du plafond de la Sécurité Sociale,

Un régime de retraite complémentaire où entreprise et salarié cotisent sur la rémunération versée. Ce système simple, donne des points qui, cumulés au moment de la liquidation des droits à la retraite et sur la base du prix du point en vigueur donneront une pension qui viendra s’ajouter au régime de base ci-dessus.

Sous certaines conditions, individus seuls ou entreprises et salariés peuvent éventuellement cotiser à un régime par capitalisation (on ne parle plus alors de solidarité). Le produit final d’un tel système dépendra essentiellement de la situation économique ou boursière lors de la liquidation des droits.

La problématique

En raison notamment de l’accroissement régulier depuis cinquante ans de l’espérance de vie et de l’importance du chômage qui se traduit par une réduction considérable du nombre d’actifs cotisants, il y a de moins en moins de cotisants pour assurer le paiement des pensions de retraite.

Les responsables économiques et politiques essaient régulièrement de régler le problème (par augmentation de la durée et/ou du taux de cotisation) sans y parvenir toujours de façon pérenne, satisfaisante et juste pour tous (mauvaise prise en compte des disparités de carrières, de la pénibilité…).

Un scénario pour l’avenir ?

Une des principales difficultés pour régler le problème vient me semble-t-il de l’attachement aux « avantages acquis », du refus individuel du moindre sacrifice et de l’aveuglement collectif de nos sociétés avancées où chacun veut toujours plus (salaire élevé, soins médicaux performants, produits fabriqués à un coût le plus bas possible) sans se préoccuper des moins que cela engendre (pollution croissante, délocalisation et sa conséquence : moins d’emplois (chômage) et donc moins de cotisations aux régimes sociaux collectifs de retraite et de prévoyance.

N’assiste-t-on pas déjà de ce fait à une redistribution mondiale des richesses par transfert important de volume de travail : appauvrissement des pays les plus riches et enrichissement des pays les plus pauvres ? Est-ce la fin du toujours plus ? Est-ce vraiment injuste ? Il nous faudra bien un jour apprendre à partager. Et si c’étaient cela les nouvelles solidarités à venir ! Y sommes-nous collectivement préparés ?

Les chrétiens en tout cas ont une longueur d’avance : Jésus nous y a préparés en nous invitant à n’accorder qu’une importance toute relative aux choses matérielles, à rechercher plutôt les choses d’en haut et à faire confiance à la providence divine (Mt 6.19-34)

*Retraité. Ancien directeur financier d’un groupe de retraite/prévoyance. Membre de l’Église Évangélique Libre de Bouffémont

dessin © Gémi