Éditorial

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“De l’écueil à l’accueil”

par Jean-Philippe Waechter

Aujourd’hui, c’est la crise, une crise financière sans précédent qui plonge notre économie dans la récession — en une seule heure est venue ta crise… (Ap 18.10). L’État montre beaucoup plus d’empressement à juguler sans délai cette crise que pour venir en aide aux 923 millions de personnes affamées. L’aide humanitaire recule de 10 %, paraît-il. Chiffre inquiétant, s’il en est. Pourtant il n’y a pas de fatalité que l’égoïsme l’emporte sur l’amour et la solidarité ; tout nous pousse à faire preuve d’ouverture et d’attention à l’autre en ce temps de Noël, selon cette parole de Jésus rappelée par notre évêque : Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait.

Une famille pastorale allemande, les Viering, a montré du respect pour ses voisins juifs persécutés ; en acceptant de garder leur ballon à leur départ pour les camps de concentration, elle a montré qu’elle ne faisait pas de différence entre les personnes. Cette famille a refusé de s’aligner sur le nazisme familier du fichage et du catalogage discriminatoire. 70 ans après, le pasteur Viering retrouve l’unique survivante de cette famille et lui restitue le ballon en question. Belle histoire !

Noël est à la porte et l’outsider aussi, qu’il soit étranger, marginal ou du quart-monde. Il ne dépend que de nous que l’autre ne reste pas au bas de notre porte mais soit de notre tablée. Dans ce cas, ce Noël deviendra pour nous aussi mémorable que le Noël rapporté par Joseline Waechter dans ce numéro.

À plus d’un titre, notre monde demeure flottant et effrayant : sous prétexte de lutter contre le terrorisme et la délinquance, le pouvoir envisageait la mise en place d’une surveillance accrue de la population avec Edvige. La résistance des forces vives du pays a porté ses fruits, puisqu’à ce jour le fichier Edvige a été officiellement retiré. Grégoire Chahinian a raison d’attirer notre attention sur le danger que nous courons tous à vouloir figer notre perception de l’autre en fonction de nos préjugés. L’amour de Jésus-Christ concrétisé lors du premier Noël nous défait des partis pris et nous enseigne l’accueil de l’autre sans réserve. L’Enfant de Bethlehem demeure un « repère indélébile » pour l’humanité de tous les temps et de tous les lieux.

Apprends-nous à reconnaître ton visage sur celui des enfants de toute race et de toute culture. Aide-nous à être des témoins crédible de ton message de paix et d’amour, afin que les hommes et les femmes de notre temps sachent, eux aussi, reconnaître dans l’Enfant  qui est entre tes bras  l’unique Sauveur du monde, source intarissable de la paix véritable à laquelle aspirent profondément tous les cœurs …

“Noël, fête de l’écueil

ou de l’accueil ?”

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