Séminaire d’évangélisation pour l’Europe francophone - Sète 2006


L’évangélisation selon le mode haïtien
Interview du pasteur Montreuil F. Milord de l’Église méthodiste haïtienne aux États-Unis
par JP Waechter

Le pasteur Montreuil F. Milord présent à Sète est le pasteur d'une communauté méthodiste haïtienne aux Etats Unis. Nous l'avons interrogé sur sa pratique de l'évangélisation et ses rapports avec sa patrie d’origine sinistrée. JP.W

JPW — Quelles sont tes impressions après 3 jours de séminaire ?

MM — Je me sens très à l’aise au sujet de ce Congrès. Je vois que les relations entre amis américains et français sont très bonnes. Ce qui m’intéresse beaucoup, c’est que cette relation ne soit pas une relation de maître à esclave mais une relation d’amour, une relation qui laisse entrevoir l’unité entre frères et sœurs au sein de l’Église Méthodiste.
JPW — Que l’on soit en Haïti, aux États Unis ou en France, l’Église, les croyants sont confrontés à une même nécessité, évangéliser, annoncer Jésus-Christ.
MM — Oui, bien sûr, parce que je crois que l’évangélisation est un mandat pour tous les chrétiens évangéliques. C’est un devoir impérieux : tous les membres doivent s’engager à la recherche d’âmes perdues, car Jésus-Christ nous a donné cette mission, «?aller par tout le monde et faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit? ».
JPW — Concernant ta communauté, comment ça se passe, comment ça se vit au quotidien ? Elle rassemble en majorité des Haïtiens francophones ?
MM — Oui des Haïtiens francophones. Leur langue maternelle est aussi bien le créole que le français. Mais pour que le plus grand nombre puisse comprendre le message de la parole de Dieu, il est plus naturel pour moi de prêcher dans la langue vernaculaire, c.-à-d. le créole. D’un autre côté, il y a les jeunes. Ils ne savent pas le créole, ils ne savent pas le français, d’où l’obligation pour moi de prêcher en anglais afin de ne pas perdre les jeunes, car s’ils viennent à l’église sans rien y comprendre, ils s’en iront ailleurs et rejoindront une église américaine.
JPW — Comment se vit cette évangélisation à la fois par rapport aux jeunes qui montent et qui s’éloignent peut-être de leurs racines ? Comment se passe la communication de l’Évangile, ce n’est pas évident, si ?
MM — Oui, ce n’est pas évident, mais quand même on essaie d’avancer en faisant des visites aux malades, à ceux qui ne peuvent pas venir à l’église. On met aussi en place des programmes spécifiques pour les jeunes (cinéma, jeux, chorale) et on les encourage à y participer comme à y rester.
JPW — Quelle est la situation matérielle des paroissiens ? Ils sont rangés, ont-ils trouvé leur place dans la société américaine ou restent-ils parmi les marginaux, en situation précaire ?
MM — Je crois que la majeure partie des Haïtiens fait de son mieux pour s’adapter à la culture américaine. Nous pouvons dire qu’il y a toujours des luttes ; si certains Haïtiens sont des intellectuels, la plupart occupent des emplois dans la restauration et l’hôtellerie et font un travail que les Américains n’aiment pas faire. En règle générale, ils trouvent les moyens pour subsister.
JPW — Question inévitable : on reste conscient de ses origines, on reste soucieux de sa famille d’origine, on cultive des relations et des liens avec le pays d’origine, Haïti ?
MM — Oh oui bien sûr. C’est pourquoi, lorsque les Haïtiens travaillent, ils envoient une partie de leurs revenus en Haïti pour aider leurs parents dans leurs besoins journaliers. Nous avons des liens serrés avec nos familles respectives en Haïti.
JPW — Vous mettez en place un partenariat peut-être d’une église à l’autre.
MM — Oui, nous établissons ce qu’on appelle une covenant/alliance entre églises haïtiennes aux États Unis et églises en Haïti pour pouvoir échanger, mettre au point des campagnes d’évangélisation, des séminaires et entretenir des liens entre églises haïtiennes américaines et Haïti.
JPW — Cela va jusqu’à des échanges et des déplacements mutuels ?
MM — Oui, parfois on y va pour des réunions ou un séminaire quelconque.
JPW — Bonne poursuite.

Haïti
D’après une dépêche d’UMNS/EEMNI
Réaliser le rêve de sa vie grâce à une bourse

Le Conseil Mondial de la Mission (GBGM) de l'EEM verse des bourses d'étude à des étudiants étrangers ou à des étudiants américains de diverses minorités ethniques et raciales se formant à des postes de direction dans la mission, l’église et la société.Jean-Michel Basquin, originaire de Massan, un village du sud d’Haïti, est l'heureux lauréat d'une bourse d’études. En un temps record, il accumule études et diplômes, un master en agrobusiness à l’Université de l’Illinois Occidental suivi par un master en économie dans l’État du Dakota du Sud et présentement un doctorat en sociologie à l’Université d’État de Dakota du Sud. En multipliant ses formations, Jean-Michel Basquin cherche à se rendre le plus utile à son peuple : « Mon plan suprême est de retourner en Haïti dans un proche avenir pour aider l’Église Méthodiste d’Haïti, et probablement le bureau de l’UMCOR-HAÏTI (UMCOR = Service d’Entraide et de Secours de l’EEM)… Et quiconque voudra bien m’employer pour donner un meilleur avenir au pays », dit Basquin.Bientôt viendra l'heure pour lui de réaliser son rêve de toujours, consacrer sa vie au secours des moins chanceux en Haïti.


Urgence, Urgence, Urgence…

Haïti n’en finit pas de souffrir. La destitution du président Aristide n’a pas réduit mais au contraire augmenté l’insécurité dans cette île des Caraïbes. Prions pour que, sous la présidence de René Préval, les choses aillent en s’améliorant. L’ouragan Jeanne (2004) a provoqué d'immenses dégâts. Le président de l’Eglise Méthodiste d’Haïti lance un appel à l’aide.

Le passage du cyclone Jeanne a provoqué une catastrophe se soldant par un bilan de 1711 morts pour la seule ville des Gonaïves. La majorité des habitants de plusieurs autres villes et villages ont pratiquement perdu tous leurs biens : maisons, bétail, champs en culture. L'Eglise Méthodiste d'Haïti qui compte des congrégations dans les trois départements géographiques touchés s'active de son mieux afin de venir en aide aux populations victimes. C'est avec beaucoup d'angoisse et un sentiment d'impuissance devant un tel malheur que nous sollicitons vos prières, votre marque de solidarité et toutes autres formes de contribution pouvant servir à relancer l'espérance au sein des communautés en détresse.
Raphael L. Dessieu

Président de la Conférence Méthodiste d'Haïti
Tiré de : gbgm