Droit de citer

Droit de citer - Philippe Gonzales, Que ton règne vienne

Le sociologue Philippe Gonzales mène son enquête sur les évangéliques. Certains seraient guettés par la tentation du pouvoir.

Que ton règne vienne

Des évangéliques tentés par le pouvoir absolu

Par Gonzalez Philippe

ISBN : 978-2-8309-1530-3


Les Editions Labor et Fides, 2014, 472 pages, 25.00 €

Dans une société de plus en plus sécularisée, les évangéliques progressent, alors que le protestantisme classique recule. Ils semblent vouloir sécuriser ce qui demeure des bases chrétiennes de cette société. Aussi déploient-ils diverses stratégies pour investir les institutions et les causes politiques. La cause chrétienne se répartirait-elle désormais en parts de marché ?

L’étude de Philippe Gonzalez évalue la manière dont le courant évangélique agit et exerce une influence grandissante en Suisse et à l’étranger, notamment aux États-Unis. Faut-il se réjouir ou s’inquiéter de ce désir, de cette volonté, voire de cette tentation de rechristianisation de la société?

Dans la presse

« Chants d’inspiration guerrière et conquête de terrains « au nom de Jésus », le combat contre Satan est volontiers pratiqué dans le milieu évangélique, charismatique en particulier. Dans une enquête fort bien documentée, le sociologue Philippe Gonzalez s’en inquiète et se demande quelle autorité peut agir contre les dérives théologiques ».
Protestinfo.ch, 14 février 2014

« L’enquête menée par le sociologue Philippe Gonzalez juge sérieuse la menace d’une radicalisation du protestantisme évangélique suisse. Les chants aux paroles guerrières, les Journées nationales de prière, les actions de « Prière pour la Suisse », le discours de plusieurs personnalités évangéliques dont l’intercesseur au Palais fédéral ou encore certains rassemblements prophétiques comme « Discerner les temps » ou « The Call Genève » sont analysés à la lumière des idées de la « Nouvelle Réforme Apostolique (NAR) », un mouvement initié par le pasteur Peter Wagner qui cherche à influencer ou contrôler le gouvernement civil à travers l’action politique. Ce mouvement prône la conjugaison d’un engagement à réaliser la volonté de Dieu et à dominer sur la création, tout en luttant pour reprendre du terrain à l’Ennemi au profit du Royaume de Dieu. Le doute n’est à ses yeux pas permis. Les évangéliques romands sont d’après Philippe Gonzales bel et bien tentés par la même dérive que leurs cousins américains ».
Christianisme aujourd’hui, février 2014

Quelle régulation en milieu évangélique ?
À la fin de son livre, Philippe Gonzalez pose la question de l’identité que les évangéliques souhaitent donner à leur mouvement. Notamment en les interrogeant sur le type de régulation qu’ils pratiquent. Pour le sociologue, des instances représentatives comme le Réseau évangélique, des théologiens ou les médias évangéliques se sont montrés incapables de mettre en cause ce glissement qui s’est opéré durant ces deux dernières décennies autour du « combat spirituel ». Il interroge aussi les pasteurs des églises qui, à son sens, trop accaparés par leur pastorat local, sont dépassés par des organismes para-ecclésiaux, souvent transnationaux, comme Prière pour la Suisse, Campus pour Christ, Jeunesse en mission…. Ces œuvres en dehors des fédérations d’Églises, et donc non redevables à des institutions, fixent l’agenda spirituel et théologique des évangéliques romands. Souvent pour de bonnes choses, mais aussi parfois pour le pire !
Philippe Gonzalez termine son livre sur la place que notre société sécularisée devrait laisser à la religion. Il n’est partisan ni d’une pure et simple dérégulation, ni d’un soutien monopolistique de l’État à une religion. Pour lui, « la société devrait probablement soutenir des lieux et des acteurs favorisant la réflexivité au sein de ces communautés. […] Comme pour l’économie, des régulations paraissent nécessaires » (p. 438s.).

Serge Carrel

La Free.ch