Le billet de l'évêque

“Simple ou compliqué”, par Patrick Streiff, évêque

2009 marque le 200e anniversaire de la naissance de Charles Darwin et le 150e anniversaire de la publication de L’Origine des Espèces. La question des origines suscite un débat passionné depuis des lustres. Créationnistes s’opposent volontiers avec vigueur aux évolutionnistes et vice-versa. Dans son billet, l’évêque Patrick Streiff suggère un peu de modération et beaucoup d’humilité aux tenants des deux camps dans l’approche de cette question fondamentale. La simplicité n’exclut pas la complexité.


La vie, une simple complexité

Notre monde est devenu compliqué. Bien des choses sont difficiles à comprendre, voire incompréhensibles. Parfois, mon appétit intellectuel me pousse à essayer de comprendre quelque chose, à ruminer et à fouiller. D’autres fois, c’est comme si j’avais l’estomac lourd, plein d’aliments qui passent mal, ce qui fait que je préférerais quelque chose de plus léger, de plus digeste, en d’autres termes : une explication toute simple.

On peut choisir la facilité. D’un point de vue chimique, l’être humain est composé en grande partie d’eau, d’un peu de carbone et d’une petite quantité d’autres éléments. Biologiquement, l’être humain présente un nombre surprenant de points communs avec les grands singes et assez peu de traits différents. Du point de vue de la génétique, l’être humain partage une structure commune avec les autres êtres vivants et il n’y a que très peu de chose qui diffère.

Mais les explications par trop simples laissent non-dits des aspects essentiels. Parce qu’en réalité, c’est quand même plus compliqué. Les connaissances en sciences naturelles augmentent très rapidement. Dans le même temps, de nouvelles questions ne cessent de surgir. Il y a toujours à nouveau ce « petit peu qui est différent  » qui reste inexpliqué.

Sciences et théologie se complètent

Il en va de même avec le thème de la création et de l’évolution. Comme toute approche religieuse, les récits bibliques de la création essaient de parler de Dieu comme du créateur de toute vie. Comme toute théorie scientifique, la théorie de l’évolution essaie d’expliquer l’origine de la nature et des êtres vivants sans intervention de Dieu.

Mais là aussi, le choix de la simplicité peut s’avérer trop simple. On peut considérer le récit de la création comme s’il était une explication scientifique ou la doctrine de l’évolution comme si elle était la preuve que Dieu n’existe pas. Mais c’est plus compliqué. Les récits de la création et les explications des sciences naturelles sont des approches différentes de la réalité. Ces approches sont devenues multidimensionnelles et les tentatives d’explications sont donc complexes.

C’est pourquoi les Principes sociaux de l’Église Évangélique Méthodiste déclarent, à la fin de la section sur la science et la technologie : «  Bien que nous reconnaissions l’importance des sciences et de la technologie, nous sommes convaincus que les interprétations théologiques de l’expérience humaine sont indispensables pour comprendre la position de l’humanité dans l’univers. La science et la théologie sont davantage complémentaires que contradictoires. Nous prônons donc le dialogue entre les scientifiques et les théologiens et recherchons le mode de participation permettant de préserver la vie humaine sur la terre et, si Dieu le veut, d’améliorer la qualité de nos vies et de notre coexistence ».

Patrick Streiff, évêque

Traduction : Frédy Schmid

Calendrier pour juin : 4-7 : Conférence annuelle Suisse-France-Afrique du Nord à Dübendorf et Zürich ; 15-21 : visites aux paroisses et Conférence annuelle en Pologne, à Ostrada ; 23-24 : rencontre avec des représentants de l’Église méthodiste coréenne, à Reutlingen.