Le billet d'humeur

REPLIQUE

"Personne ne prendra la place de l'Eglise!"

Grégoire Chahinian

Pasteur


Le pasteur Grégoire Chahinian (Montélimar) apporte ici sa réplique au pasteur Claude Grunenwald qui justifiait l'intégration de la Turquie à l'union Européenne en raison de ses antécédents bibliques.

Ni les USA, ni la France, ni la Grèce, ni la Turquie Aucune nation n'a pour vocation de révéler l'Evangile de Jésus-Christ aux autres humains ! Christ, le chef de l'Eglise, a confié cette mission à son Eglise, et à son Eglise seule !Je reçois volontiers l'exhortation de Claude Grunenwald de prier pour les Turcs de nos villes et de nos régions ; de les bénir dans le nom du Christ afin qu'ils découvrent l'amour de Dieu pour eux Mais je ne le suis pas lorsqu'il pense que Dieu aurait pour la Turquie en tant qu'Etat ou nation (ou pour tout autre peuple terrestre) un projet spécial.Le NT démontre qu'avec la venue de Jésus-Christ le nationalisme n'est plus l'unité de choix du Dieu biblique : l'individu prime sur la nation, la foi en Christ prime sur le nationalisme, l'Eglise prime sur le particularisme ethnique ! Il n'y a plus ni Grec, ni Juif, ni circoncis, ni incirconcis(Col. 3.11 ; Ga 3.28) : la clarté du texte est parallèle à sa force, et c'est là tout le sens de l'expérience chrétienne de l'apôtre Paul et de son ministère (Phil. 3.4-8). Si l'exclusivisme hébreu n'a plus raison d'être après le Christ, à combien plus forte raison les autres nations n'ont pas de rôle spécial dans le plan de Dieu !D'ailleurs, même dans l'AT, où le nationalisme hébreu est prépondérant, Dieu montre déjà, en filigrane c'est vrai, que son regard va s'ouvrir à d'autres nations : ainsi le Seigneur de l'Ancienne Alliance accueille déjà dans son peuple spirituel des « goïm » !C'est à l'Eglise, et à l'Eglise seule, composée des croyants de toute race ou de tout peuple, que le Christ confie la mission de vivre l'Evangile et de le proclamer. Que dans l'Eglise il y ait des Turcs, oui ! Beaucoup de Turcs, oui, parce que devenus disciples du Christ, mais pas la Turquie en tant que nation.Personne ne prendra la place de l'Eglise pour accomplir sa sainte vocation ! Personne ! Vraiment ? Ah ! J'oubliais : le Seigneur Jésus a dit que seules les pierres crieraient à la place de ses disciples s'ils venaient à faillir (Lc 19.40) !

En bref
La Turquie et les droits de l'homme
JP.W


Si déjà nous évoquons la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, nous ne pouvons pas faire l'impasse sur les multiples manquements aux Droits de l'homme de cet Etat que l'on dit en voie de démocratisation. Le peuple arménien a vécu un génocide toujours encore nié par le pouvoir en place. Ce fut le premier génocide du second millénaire. Cette opération de destruction massive fit 1,5 million de victimes du côté arménien. Les autorités turques réfutent jusqu'ici la thèse du génocide pourtant établie clairement par les historiens. Le sort imparti à la minorité kurde est aussi loin d'être satisfaisant aux dires des premiers intéressés malgré les réformes amorcées (cf. www.ofkparis.org). Enfin le sort réservé à la minorité chrétienne est loin d'être plus enviable, si l'on en croit le mensuel « Le Levant » (N°83, p.4/5 ; organe de l'Action Chrétienne en Orient) : elle « vit entre tracasseries et espérances ». Qu'ils soient chrétiens de longue date ou fraîchement convertis, tous souffrent d'un déni de reconnaissance. Citoyens de seconde zone, ils n'accèdent pas à certains postes de responsabilité réservés à des Turcs musulmans. Quant aux communautés chrétiennes en tant que telles, elles souffrent aussi de discriminations sur le plan juridique : à défaut d'être considérées comme une personnalité morale, les églises chrétiennes en Turquie ne peuvent pas enregistrer leurs biens : lieux de cultes, écoles, monastères, cimetières. Seules des personnes privées peuvent le faire. Et quand ces dernières meurent ou émigrent, c'est l'Etat qui en hérite. Enfin l'Etat turc n'autorise pas l'ouverture d'un Séminaire de formation théologique sur place, comme s'il voulait à tout prix la disparition de toute présence chrétienne dans le pays. Faut-il pour autant refuser à ce pays l'accès à l'Union Européenne ? Les chrétiens locaux répondent pour leur part que l'intégration de leur pays à l'UE aurait des conséquences bénéfiques pour eux sur le plan des libertés. Affaire à suivre avec attention et compassion pour les victimes quelles qu'elles soient.