La vie de notre Église (3)

Réunion des Conseils d’églises du Haut-Rhin “Les conseils prennent conseil” par Nicolas Mornet


Le samedi 7 février vers 9 heures, 26 membres des comités directeurs des quatre églises méthodistes hauts-rhinoises se sont retrouvés à Colmar. Il s’agissait de la deuxième rencontre de ce type, puisque l’année dernière ils s’étaient déjà réunis à Munster. Nicolas Mornet nous relate cette matinée de travail.

Imbrication du spirituel et du matériel

Le thème général de notre rencontre choisi cette année étant le fonctionnement de nos conseils, David Loché nous a invités à réfléchir sur la distinction que nous faisons souvent entre le « spirituel » et le « matériel » et à nous interroger sur le bien-fondé de cette distinction. Il semble qu’elle trouve ses racines dans la sagesse grecque plus que dans la Bible. En effet, l’apôtre Paul a combattu cette « pseudo-spiritualité » qui prétend s’affranchir de toute autre considération, en particulier dans ses épîtres aux églises d’Asie Mineure et de Grèce.

Par exemple dans 1Co 9.11, Paul part du principe que pour les chrétiens il devrait y avoir un lien évident entre le fait de recevoir la « semence spirituelle » de la bonne nouvelle, et de partager ses biens matériels avec ceux qui l’apportent. De même, dans 2Co 8.7-8, il sollicite les Corinthiens pour que les richesses spirituelles dont ils bénéficient (foi, Parole, connaissance, amour) puissent avoir des effets concrets : une libéralité semblable à celle de leurs frères macédoniens, qui sont plus pauvres et éprouvés qu’eux.

Le Nouveau Testament nous montre que les domaines « spirituel » et « matériel » sont intimement liés pour le chrétien. De même, la loi de l’Ancien Testament, telle que Jésus lui-même la résume – aimer Dieu et aimer notre prochain – nous montre l’interdépendance de ces deux relations, verticale et horizontale. L’amour que nous avons pour Dieu doit forcément avoir des répercussions concrètes.

Temps de partage

Dans un deuxième temps, chaque président (e) de comité a répondu à quelques questions concernant le fonctionnement de « son » comité :

-Procédure d’élection,

-Périodicité et durée des réunions,

-Articulation entre les sujets touchant à la vie de l’église et ceux en rapport avec la gestion,

-Communication entre le comité et l’église,

-Sujets de frustration éventuels…

Ces réponses ont été complétées par les conseillers qui le souhaitaient. Chaque comité a pu bénéficier des idées et des expériences partagées par les autres, et être rassuré en constatant que certaines difficultés sont partagées par tous : par exemple la durée des réunions…

Ensuite chaque comité a exposé quels ont été ses principaux axes de travail ces derniers mois, et les défis devant lesquels il pense être placé pour l’avenir, défis qui sont autant de sujets de prière.

C’est donc dans la prière les uns pour les autres que nous avons terminé cette matinée, vers midi. Ce fut donc une réunion inhabituellement courte mais néanmoins agréable et édifiante ! Dieu voulant, nous serons heureux de nous retrouver le 6 février de l’année prochaine, à Muntzenheim.


Questions à nos conseils, à notre Église

Pasteur David Loché

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David met les pieds dans le plat en posant des questions fort dérangeantes sur la manière dont nous vivons la spiritualité dans nos conseils d’église. Questionnement ô combien salutaire !

Qu’en est-il alors de notre église ? J’enfonce peut-être des portes ouvertes mais il me semble qu’il est nécessaire de rappeler qu’une église n’est pas un club de boules ni l’amicale des anciens du café du commerce. Je sais que le débat est ouvert dans plusieurs églises, y compris méthodistes, mais il me semble que le conseil a une mission. Faire partie d’un conseil, c’est prendre des responsabilités et des décisions qui peuvent orienter de manière plus ou moins profonde la vie de notre communauté. L’Ancien Testament nous rapporte que la charge de conducteur du peuple n’était souvent délivrée qu’à certains qui avaient une relation particulière avec Dieu. Peut être que dans nos conseils, cette vision dans la direction de l’église n’est pas partagée par tous en même temps. Pourtant nous sommes dans le temps de la prophétie de Joël, celle des songes et des visions accordées à tout le peuple, aux vieillards comme aux jeunes gens. C’est le temps de l’Esprit qui est mis dans le cœur de tout croyant. Nous avons tous reçu un même Esprit, mais serait-il divisé ? Rien de nouveau sous le soleil ! Paul avait à lutter avec des divisions au sein des églises auxquelles il adressait ses lettres.

Je pose quelques questions : nos divisions, notre manque de vision ne sont-ils pas en partie le fait de cette communion spirituelle défaillante dans nos comités ? Vivons-nous nos réunions dans cette attente de la vision de Dieu ? Prenons-nous le temps de nous retrouver pour nous attendre à Lui afin qu’il nous dirige dans nos décisions ? Vivons-nous dans le repos de Dieu afin qu’il nous dirige ou sommes-nous agités par nos préoccupations matérielles et ecclésiales ? Notre culte se vit-il seulement le dimanche et de manière verticale et individuelle ou le vivons-nous de manière communautaire au sein de notre comité ?

N’oublions pas l’exemple de service de Jésus qui n’a pas regardé à sa nature spirituelle et glorieuse mais a accepté d’obéir en devenant semblable à un serviteur charnel faible et vulnérable. Il ne s’est pas contenté de sa relation privilégiée avec le Père mais a accepté de mouiller la chemise en se faisant homme. Et il a fait preuve d’une grande communion avec son Père en prenant toujours beaucoup de temps dans la prière. Il me semble qu’il y a là un exemple à vivre aujourd’hui dans nos comités. Ne soyons pas seulement des Marthe qui s’agitent pour beaucoup de choses mais devenons aussi des Marie à l’écoute du Seigneur.