La vie de notre Église

Le risque du burn-out ou de l'épuisement - Entretien avec Jonathan Ward, Directeur de "Pierres Vivantes" à Entrepierres (F-04200)

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Jonathan Ward dirige un lieu d’accueil situé à Entrepierres dans les Hautes Alpes ouvert à tous les serviteurs de Dieu en quête de repos et de ressourcement. Il animait la pastorale francophone à partir du thème « Servir dans la durée » et répond ici à ENroute.

ENroute (ER) : Vous êtes un peu le Bon Samaritain hébergeant le berger en peine ?
Jonathan Ward (JW) : Dans un certain nombre de cas, mais je ne voudrais pas qu’Entrepierres soit perçu comme un lieu uniquement de soins ; c’est vraiment un lieu de ressourcement, un lieu de repos. Pas besoin d’aller mal ou d’être en difficulté pour venir à Entrepierres. C’est un lieu où l’on peut venir simplement pour des vacances.
ER : Une oasis pour les personnes qui exercent un ministère dans les églises.
JW : Tout à fait. Oui, une oasis. Et pour le côté accompagnement des personnes qui viennent, je ne parlerais même pas de soins. Je ne pense pas que ce soit le bon mot parce que nous ne sommes pas un centre qui peut prendre en charge des situations compliquées ou très difficiles, par exemple des cas limites de couples au bord du divorce ou de gros problèmes de personnalité, et nous ne sommes pas non plus un centre médicalisé pouvant prendre en charge des personnes ayant des problèmes avec l’alcool… Ce n’est pas à Entrepierres qu’on pourra les aider. Entrepierres a la vocation d’accueillir ceux qui ont besoin de repos et d’accompagner ceux qui passent par des difficultés liées au ministère.
ER : Tout ministère dans l’église peut entraîner l’épuisement des personnes qui y sont engagées ? On peut s’épuiser à la tâche ?
JW : On peut, ça arrive. On n’est pas voué à l’épuisement, mais l’épuisement est un danger qui guette ceux qui sont au service des autres et essaient de répondre à leurs besoins, entre autres dans le cadre de l’église.
ER : On parle de la nécessité d’un équilibre entre le travail et la détente, un art de vivre ?
JW : Tout à fait. Cet équilibre est difficile à trouver. C’est un numéro d’équilibriste pour jongler les besoins de sa famille, ses propres besoins de ressourcement, de repos et tous les besoins du ministère qui sont sans fin.
ER : Au regard de votre expérience, quel conseil donneriez-vous aux membres de l’église, quelle attitude leur suggérerez-vous d’adopter vis-à-vis des couples pastoraux sous l’angle de ce risque du « burn out », l’épuisement ?
JW : J’ai envie de dire : ayez compassion de vos bergers, essayez d’avoir de la compréhension pour eux, mesurez bien vos paroles, quand vous avez envie de critiquer, parce que ça fait mal. Et je crois qu’il y a un besoin d’encouragement qui est là aussi et qui malheureusement n’est pas toujours présent. Notre culture a tendance à peu valoriser l’encouragement dans les relations humaines.
ER : Pareillement aux pasteurs, si vous deviez résumer en un slogan, en une formule votre propos, que diriez-vous ?
JW : Je dirais aux pasteurs : prenez bien soin de vous-mêmes, ne négligez pas les moments précieux avec le Seigneur, ne négligez pas votre couple, ne négligez pas vos enfants, pensez à avoir une bonne hygiène de vie à tous les niveaux, dans tous les domaines, émotionnels, physiques et spirituels.
ER : Merci Jonathan.
Les coordonnées de l’association Pierres Vivantes
Le Vieux Village, F-04200 Entrepierres
E-mail: entrepierres@pierresvivantes.org
Site web: www.pierresvivantes.org