Méditation

“Noël, un décalage biblique”

par le pasteur Etienne Rudolph

Détournée de son sens initial, Noël retrouve ses lustres d'antan avec le pasteur Étienne Rudolph.

Déphasage

Qu'est-ce que Noël aujourd'hui ? Trop souvent, nous avons l'impression que cette fête n'a plus de sens… Même si on entend, ici ou là, que c'est la fête de l'amour, de la paix, de la joie ou en tout cas, cela devrait l'être… Hélas, ce n'est pas toujours le cas, et parfois même en nous. Toutes sortes de stress viennent nous habiter. On attend la joie, la paix, l'harmonie à Noël, on aimerait être sympa avec les autres et parfois, ça ne réussit pas, nous avons nos limites. Certaines souffrances, déceptions, rancunes, désillusions remontent parfois cruellement à la surface. Un décalage existe entre nos désirs et la réalité. Noël semble être devenu une période stressante, mais qui est-ce qui court ? Quel décalage !

Et lors du premier Noël, n' y avait-il pas déjà un décalage entre ce qu'on pouvait imaginer de Dieu et la réalité ? Permettez-moi une question saugrenue : Si Dieu vous avait chargé d'organiser le premier Noël, qu'auriez-vous fait ? Qu'auriez-vous imaginé ? Un immense festin pour accueillir le roi des rois ? Avec des invités de marque ? Avec du bonheur pour tout le monde ?

Décalages

La réalité de Dieu est certainement en décalage avec ce que nous aurions imaginé. Pour Marie et Joseph également il devait y avoir du stress, pas pour trouver le cadeau idéal pour le filleul, la belle-mère ou le cousin, mais pour trouver un lieu pour se reposer et accoucher en paix ! Et ils n'ont rien trouvé d'autre qu'une mangeoire pour mettre l'enfant dans une étable qui n'était certainement pas aussi propre que ce que les peintures et gravures montrent habituellement ! Encore un décalage… Et que dire des bergers, des mages… Quels décalages !

Une naissance déconcertante !

Nous le voyons bien, des décalages existent entre ce que nous imaginons ou pensons et la réalité de Dieu. Pour comprendre le sens de Noël, il nous appartient certainement de regarder la vérité en face, reconnaître que nos vies ne correspondent pas toujours à ce que nous aimerions, que nous n'avons pas constamment la paix, la joie et l'amour. Et reconnaître aussi que Dieu ne correspond pas forcément à l'image que nous nous faisons de lui, et qu'il n'agit pas toujours comme nous le pensons.

À méditer !

Une phrase revient deux fois à propos de Marie dans le chapitre 2 de Luc : Elle gardait toutes ces choses et les repassait dans son cœur. Repasser dans son cœur, dans la langue originale, signifie qu'elle lançait ensemble dans son cœur tous ces événements, elle 

les faisait bouger, vibrer, s'entrechoquer en elle. Le sens en est qu'elle y pensait non pas dans l'idée d'un souvenir, mais bien plus pour essayer de chercher à comprendre et saisir l'action de Dieu.

Une réalité à saisir !

À Noël, Dieu n'a pas envoyé son Fils pour naître dans un monde parfait, plein d'harmonie, de paix, d'amour, non, il est né dans un monde dominé par le mal, la guerre, l'injustice, le péché. Alors repasser ces paroles et ces signes dans notre cœur, c'est aussi reconnaître que ce mal n'existe pas seulement chez les autres, mais aussi en nous. Dieu nous accorde ses signes non pas pour que nous en restions émerveillés, mais pour que nous en saisissions toutes leurs dimensions de pardon et d'amour. Nous ne verrons plus alors un « petit Jésus dans une crèche », mais nous pourrons découvrir ou redécouvrir le sens de cette phrase Il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Nous vivrons ainsi Noël d'une façon différente parce que nous aurons saisi la réalité du décalage de Dieu. C'est pourquoi, je vous souhaite un « Joyeux Noël… décalé ! »