La prière : petit parcours pratique

(1) La simplicité est de règle

Claude Grunenwald

Pasteur

Le pasteur Claude Grunenwald nous propose dans ce numéro une petite initiation à la prière, une suite de conseils à suivre, pourquoi pas ! Chacun y trouvera peut-être un stimulant à sa vie de prière et, qui sait, un regain d'importance. « La prière du juste, mise en uvre, a beaucoup de force. » Jc 5.16


En 1968, lors du baptême d'un cousin, après la messe, le prêtre m'offre un médaillon, me faisant promettre de le porter et de prier chaque jour. J'ai alors 9 ans. Pendant quelques temps je récite le « Notre Père ». Mais je ne « sens » rien. Bientôt j'abandonne. Quelques années après je redécouvre cette prière. Dégagé de la « récitation » machinale et contraignante, j'en fais une sorte de dialogue avec Dieu, m'arrêtant et réfléchissant : « Notre ­ Père ­ qui es ­ aux cieux ». Je ne « sentais » toujours rien, mais quelque chose avait changé. 
Durant l'été 1976, sur la route des vacances, nous approchons de la frontière allemande. Il fait nuit, il pleut. Soudain l'essuie-glace de notre Simca 1000 s'arrête. Un garagiste localise la pièce défectueuse. Il estime à 1-2 jours le délai d'arrivée de la nouvelle. Mais des amis nous ont donné rendez-vous sur un parking quelques heures plus tard. Mon père redémarre sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute, sans visibilité, au ralenti. Assis derrière, je pense : si Dieu existe, il est là. Et je prie dans mon cur : « Dieu, aide-nous s'il te plaît. Amen ». Prière toute simple. A l'instant où je rouvre les yeux, l'essuie-glace se remet en marche ! Jamais je n'oublierai. Là, sur un bord d'autoroute, dans la nuit et par pluie battante, je réalise que Dieu est présent, qu'Il entend la prière, qu'Il agit avec bonté et puissance. Oui, « Lui seul fait de grandes merveilles, car Son amour n'a pas de fin. » (Ps 136.4) 
Le Seigneur nous demande de L'invoquer « de TOUT notre cur » Ps 119.145 ; 138.1 ; etc. Non avec un « coeur double » (Ps 12.3, litt.: « un coeur et un coeur »), mais dans une attitude vraie, ENTIÈRE, sans artifice extérieur. Au 1er siècle les Juifs prient beaucoup, notamment le « Shemoneh'Esreh » (les « 18 Bénédictions ») : 970 mots à prononcer debout, 3 fois par jour. Jésus, lui, enseigne le « Notre Père », un peu plus de 70 mots. Révélateur. 
Souvenons-nous du pharisien et du péager au temple (Lc 18.9-14). Le pharisien fait son « devoir » : il prie avec art, « comme il faut ». Puis il quitte le temple, aussi pauvre et chargé qu'avant. Le péager est droit de cur. Sa prière est « pauvre » en vocabulaire et en longueur. Son attitude corporelle n'incite pas à se mettre à côté de lui. Mais c'est lui qui obtient grâce. Il quitte le sanctuaire, tellement riche. Le sait-il ?  Et nous ? 
Inutile de vouloir briller par des prières au « beau » contenu. Pas besoin de nous « prouver » devant qui que ce soit. Par son sacrifice expiatoire, Jésus a TOUT accompli. Le palais céleste nous est largement ouvert. Nous y sommes bienvenus en permanence. Comme « citoyens des cieux », nous avons « accès auprès du Père » (Ph 3.20 ;  Ep 2.18), tels que nous sommes, avec nos mots. Et nous voilà bénis comme le péager : « Heureux celui que Tu choisis pour l'inviter auprès de Toi à demeurer dans Tes parvis ! Nous y goûtons tous les bienfaits de Ta maison, la sainteté de Ton palais » (Ps 65.5)