Le billet de l'évêque

Se distinguer de l’épaisseur d’un cheveu – sans couper de cheveux en quatre

Patrick Streiff, évêque

Entre méthodisme et calvinisme, il y eut traditionnellement des tensions autour de la prédestination, mais ont-elles lieu d'être ? Jean Calvin que l’on fête en cette année de grâce 2009 et John Wesley étaient-ils fondamentalement opposés sur cette thématique ? L’évêque Patrick Streiff nous assure qu’entre ces deux grandes figures les différences de vue étaient minimes. Simple affaire de nuances.

Couper des cheveux en quatre n’était pas le genre de Wesley. C’est pourquoi il ne participait que rarement à des disputes théologiques. Toutefois, quand ce qu’il tenait pour des affirmations fondamentales de l’Évangile était en cause, il traitait le sujet brièvement et avec virulence dans un traité ou un sermon. Après quoi il sellait son cheval, reprenait la route et prêchait une fois encore en plein air ou rassemblait les méthodistes pour s’entretenir avec eux de leur vie à la lumière des « Règles générales  » (Ne pas faire le mal, faire le bien, demeurer dans l’amour de Dieu).

C’est ainsi qu’il y eut de temps à autre des réactions brèves et virulentes contre des méthodistes calvinistes soutenant la doctrine de la prédestination. Wesley s’irritait contre les conséquences négatives de leur prédication sur de personnes spirituellement désespérées, persuadées qu’elles étaient de ne pas compter parmi les élues et d’être perdues pour l’éternité.

Wesley était profondément convaincu que « Dieu veut que tous les êtres humains soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité  » (1Tm 2.4). Il était convaincu que la grâce de Dieu agit en chaque être humain et à tout le moins éveille en celui-ci la possibilité de répondre avec reconnaissance à cette grâce. Par la suite, la personne qui cherche consciemment l’amour de Dieu sera transformée par cet amour. Quelque chose de neuf va commencer. Par la grâce de Dieu, celui ou celle qui suit le Christ ressemblera au Christ.

Wesley était d’accord avec les calvinistes de son temps sur le fait que le salut est un don de la grâce et que nous, les êtres humains, ne pouvons pas le gagner par nos mérites. Et c’est ainsi qu’il a pu dire qu’il ne se distinguait des calvinistes que de l’épaisseur d’un cheveu. Il se réjouissait de tous ceux et celles qui acceptaient Jésus Christ comme leur Sauveur et Seigneur, que ce soit sous la chaire d’un prédicateur calviniste ou wesleyen. Dans ce cas, il ne voulait pas freiner l’œuvre du réveil en coupant des cheveux en quatre. Mais il ne se privait pas de proclamer que Dieu, dans sa grâce, agit en tous les êtres humains. Chacun, chacune a la possibilité d’y répondre avec reconnaissance et de se mettre en chemin à la suite de Jésus Christ.

Patrick Streiff, évêque

Traduction : Frédy Schmid

Calendrier pour juillet : 1-12 : vacances ; 15-21 : Assemblée plénière de la Conférence des Églises européennes (KEK), Lyon, France ; 27 juillet – 23 août : séjour de repos et d’étude, 1re partie.