Le billet d'humeur

De la largesse de vue aux largesses 

par le pasteur Pierre Geiser

Président de la Mission Évangélique contre la Lèpre, le pasteur Pierre Geiser remet en cause une vision étriquée de l’église et de sa gestion ; il en appelle à une largesse de vue et aux largesses dignes de notre Seigneur !

Remise en cause d’un engagement

Il y a quelques semaines, j’ai rendu visite à un vieux couple d’amis de la Mission Évangélique contre la Lèpre. Pendant de nombreuses années ils se sont impliqués, aussi bien dans leur vie d’église locale que dans la mission. Pour eux, la mission et l’église, c’est une seule et même chose. Présenter la mission dans des écoles, à des collègues de travail, à des voisins ainsi qu’aux élus de leur ville était une forme de témoignage dans le prolongement de leur engagement d’église. Depuis quelques années, l’âge aidant, ils ont dû réduire un peu leurs engagements, tout en restant malgré tout très actifs dans la mesure de leurs forces, malgré une santé moins bonne.

Ils étaient découragés !

La cause de leur découragement : depuis peu, leur pasteur les a priés de s’abstenir de prospecter et de collecter pour la mission. Il semble que la motivation soit essentiellement « économique ». L’argent qui va à la mission manquerait au budget local !

Vive désapprobation

Cette demande a de quoi nous surprendre et susciter notre vive réprobation. Pourtant, à y regarder de près, ce n’est pas une exception. En bien des occasions, dans nos églises comme ailleurs, nous avons été confrontés au même genre de raisonnement : nous avons déjà tant de mal à faire face à nos obligations. Il faut d’abord honorer le budget de l’église. Même celui de l’Union ne peut venir qu’après !

En raisonnant de la sorte, nous faisons comme si l’argent de l’église était notre argent, et les dons des membres et amis de l’église notre bien. Nous imaginons qu’il s’agit d’un « gâteau dont la taille est limitée et non extensible ».


Erreurs

Nous faisons au moins trois grandes erreurs :

  1.  1. En séparant l’église (locale) de sa réalité globale et de la mission, nous faisons une erreur théologique. Tout le Nouveau Testament atteste que l’église est inséparable de la mission. C’est une seule et même chose. La solidarité entre les églises locales est une réalité évidente qu’attestent de nombreux faits comme la collecte organisée par les églises de l’Achaïe en faveur de Jérusalem.
  2.  2. En imaginant que nous ne pouvons compter que sur notre gestion économique pour équilibrer nos budgets,, nous manquons de foi. Nous oublions que le Seigneur nous dit que l’argent et l’or lui appartiennent, qu’Il est disposé à ouvrir pour nous les écluses des cieux.
  3.  3. En fermant notre cœur aux besoins de nos frères et à la mission, nous nous privons de très nombreuses bénédictions. N’oublions pas qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir.

La peine de mes amis est une chose. Leur foi repose en Christ et non dans les hommes. Grâce à Lui, ils resteront fermes. Mais quelles seront les conséquences pour leur église ? Sera-t-elle en meilleure position pour autant ? Et qu’en est-il des personnes extérieures à l’église, et de ceux pour qui l’engagement des chrétiens en faveur des rejetés était un témoignage puissant, mais qui n’ont pas encore fait le pas d’un engagement personnel avec le Seigneur ?

Remise en cause

Dans notre Union aussi, nous avons besoin de nous remettre en question ? Voyons-nous l’œuvre de Dieu par le petit bout de la lorgnette ? Comment se fait-il que la solidarité au niveau de l’Union pose tant de problèmes ? Pourquoi avons-nous tant de peine à équilibrer le budget de nos églises ?

Largesse et largesses

Permettons au Saint-Esprit de nous interpeller sur nos priorités, aussi dans le domaine de nos libéralités, et ne mesurons pas chichement nos offrandes. Il en va de notre épanouissement aussi bien que de l’avancement du Royaume de Dieu.