L’an prochain à l’Assemblée générale

Interview croisé réalisé par Béatrice Sigrist


Entre rencontres et réflexions à l'échelle des paroisses, telle pourrait être la devise actuelle des deux unions d'Eglises méthodistes, UEEM et EMF. Le prochain comité directeur commun se tiendra en octobre 2004, mais où en est-on dans l'avancée de ce projet, à l'aube d'une nouvelle année ecclésiale ? Nous avons interrogé Bernard Lehmann, président de l'UEEM et Grégoire Chahinian, président de l'EMF, qui partagent ici leur vision des étapes déjà parcourues et leurs espoirs pour l'avenir à moyen terme.


ENroute (ER) : A mi-parcours de ce rapprochement, où en est-on actuellement dans les étapes du parcours prévu?
Grégoire Chahinian (GC) :
 « Nous en sommes au-delà du mi-parcours, puisque selon le calendrier, aujourd'hui, nous sommes plus proches du vote final, prévu courant 2005. Ce qui reste à travailler et à proposer à nos Eglises respectives (est) la structure administrative finale (district, conférence, etc...), la gestion des salaires pastoraux (caisse centrale), les modalités du vote final et un projet commun de vie.
Il est autant important, à ce stade du parcours, de souligner toute la confiance qui s'est déjà établie entre nos deux Unions ; et cette confiance est sans hypocrisie puisqu'elle tient compte de (leurs) différences, qualités et défauts () D'une certaine manière, le rapprochement a déjà eu lieu, puisqu'il s'est transformé en amour fraternel réciproque ! »

Bernard Lehmann (BL) souligne que l'on est face à un « chantier apparemment très épars, mais qui au moment voulu saura rassembler ses pièces et être efficace, lisible et compréhensible pour chacune (des) églises locales ». Des points de convergence importants existent déjà, tel que pour le « travail de la commission au ministère pastoral qui intègre déjà les deux Unions », ou le « journal « En Route », exemple le plus coloré » de cette collaboration. 
ER : Ici et là émergent des craintes quant aux changements de fond qui pourraient s'opérer . Quelles sont les grandes thématiques sur lesquelles les deux unions doivent travailler vers une nécessaire convergence d'opinion ? GC a déjà mentionné dans sa réponse précédente les dossiers qui restent à traiter et qui peuvent être source de crainte, mais poursuit :
GC
 « Deux réalités doivent être affirmées ici : d'abord plusieurs changements de fonctionnement qui devront intervenir ne sont pas dus au rapprochement, mais à l'évolution, soit de la législation française (par rapport aux "avantages en nature"), soit de la réalité de la vie ecclésiastique de nos paroisses (adéquation entre salaire et temps pastoral côté UEEM, et harmonisation effective inter églises du côté EMF). Donc, chaque Union prise séparément doit de toute manière s'adapter ; la période du rapprochement nous incite à effectuer cette adaptation ensemble en tirant profit des expériences réciproques.
La seconde réalité, plus fondamentale et spirituelle : le fait même de parler de changements ou d'en envisager (même s'ils peuvent aussi engendrer des craintes), dénote de la bonne santé de notre foi. Une foi déséquilibrée, malsaine, ne peut projeter des changements : elle s'accrocherait plutôt à ce qu'elle a toujours connu au point d'en perdre l'essentiel. Je suis heureux de constater que nos paroissiens (nes) sont réellement prêt-e-s à se remettre en question : c'est la preuve qu'ils sont réveillés ! »
De même,
 souligne BL, une « plateforme est en train d'être mise en place, qui deviendra le lieu d'échanges et de partage où toutes les questions pourront être posées » par les paroissien (ne)s à partir de l'automne 2004.
ER : Un mois après la tenue de la Conférence Annuelle (C.A.) à Thun (Suisse), la naissance d'un district francophone peut engendrer un certain nombre de questions. Que changera ce nouveau découpage pour les membres des paroisses concernées ?
GC 
: « Il me semble que la naissance du district francophone n'a pas eu lieu cette année à la C.A. de Thun, mais déjà lorsqu'un surintendant a été spécialement affecté à ce district par le Cabinet de l'évêque. Ce district a été baptisé « francophone », mais la session francophone de la Conférence Annuelle (CA) de Thun a mis en évidence son caractère multiculturel et multilinguistique : on y parle français (et suisse roman !), des langues latino-américaines, asiatiques et sémitiques aussi. Le terme « francophone » est trop restrictif ! »
BL précise que le « fait qu'un surintendant soit affecté à ce district élargi par les églises de la Suisse romande et aussi par le travail en Algérie ne changera pas les donnes ( de) la législation française au niveau associatif ».
Il note aussi que des organes décisionnels deviennent indépendants de la Conférence Annuelle Suisse-France, tel que la « commission pour le ministère pastoral » et travaillent désormais en parallèle avec leurs équivalents en Suisse. 
GC rajoute « Des communautés de cultures et langues différentes, donc de formes de piété différentes, dans un seul et même district, voilà une occasion divine de nous laisser enrichir mutuellement et de communier sur l'essentiel. Oui, j'y vois là un cadeau de Dieu pour nous apprendre à rejoindre les autres là où ils sont ! »
ER :
 Quels sont vos espoirs, vos rêves pour cette dynamique commune ?
BL invite dans sa lettre circulaire n°11 du mois d'août (adressée aux pasteurs, membre de comité directeur et conseils d'églises) à intercéder pour que
 « chaque église locale, et donc ses membres et amis, redécouvrent la place vitale qu'ils tiennent dans la réalisation de la mission commune () ». Il ne « peut se contenter de ce que « mon » église réussisse sa mission, mais () désire que l'ensemble des églises réussisse leur mission commune. Nous sommes membres les uns des autres. » 
GC : « Celui que je mentionnerai est une application pour nous du principe que l'apôtre Paul évoque en 1 Corinthiens 11 v.17 : "il aurait voulu que les Corinthiens s'assemblent pour devenir meilleurs et non pires" ; il voudrait que nos deux Unions se rapprochent pour devenir meilleures
Meilleures, intra et extra-muros, en pratiquant plus amplement les piliers wesleyens (groupes de maison, prédication publique, place des laïques et des femmes), et en manifestant plus amplement la sainteté, c'est-à-dire notre appartenance au Christ vivant. Par la grâce de Dieu, ce rêve est à portée de main»
ER : MERCI à tous les deux de vous être prêtés à l'exercice !