Étude

Le meilleur du livre de Robert Schnase (2)

« L’Église qui porte du fruit célèbre ses cultes avec passion »


Dans ce chapitre, Robert Schnase explique comment l’Église peut porter du fruit en célébrant des cultes avec passion : quand on aime le Christ et que l’on aime fêter le culte, on amènera tôt ou tard des personnes extérieures dans la communauté et dans ses célébrations. Démonstration.

L’approche biblique

Célébrer le culte est le signe distinctif du peuple de Dieu (cf. Lv 7.26 : libéré de l’esclavage pour servir) ; il est un support pour l’aider à obéir au premier des commandements : Aimer le Seigneur de tout son cœur… (Lc 10.27). Le psalmiste aussi écrit son désir de communion avec Dieu : Mon âme a soif… (Ps 84.3,11).

Le culte attire notre cœur à Dieu et nous entraîne à tendre notre main vers notre prochain. Lors du culte, Dieu pardonne nos péchés, guérit les relations et change notre vie. C’est pourquoi, chaque dimanche peut être considéré comme une petite Pâques : les humains peuvent vivre quelque chose de la résurrection.

Le culte est un défi concret de vivre par la foi pour sa famille, pour son prochain et pour le monde ; il équipe les humains et les motive à changer leur vie pour ressembler à Jésus.

C’est pour l’amour de Dieu que le culte est célébré ; et c’est cet amour pour Dieu qui rend le culte passionné, entraînant, enjoué, créatif et théologiquement profond…

Notre approche

C’est pourquoi, chacun peut (et doit) se poser cette question : « De quelle manière puis-je exprimer mon amour pour Dieu ? » (aérer la salle du culte, apporter des fleurs fraîches, amener la cène aux absents, installer une rampe d’accès pour les dépendants…), et se mettre en marche… Ou posée d’une autre manière : « Qu’est-ce que je suis prêt à vivre pendant le culte, qu’est-ce que je vais y recevoir, qu’est-ce que je peux y apporter ? »

Le culte doit servir à relier les sarments au cep : aider les gens à aller à la source de la vie et grandir dans la foi en Jésus.

Le culte passionné est contagieux : les gens racontent ce qu’ils y ont vécu (Le Seigneur ajoutait à l’Église… Ac 2) ; il ensemence toutes les autres activités de la vie paroissiale ; et les absents au culte, eux, savent qu’il leur manque un vécu et qu’ils ont manqué aux autres !

Pour faire des découvertes, pour grandir, pour rencontrer le monde divin, pour devenir libre de soi-même, pour trouver une relation plus étroite avec Dieu, pour être enrichi et fortifié, pour se rapprocher du but que Dieu a voulu.

Quelques mots-clés pour résumer :

Un culte enthousiaste se voit par le changement qu’il produit dans la vie des participants (leur ressemblance au Christ), par leur désir d’attente de cette heure spéciale de la semaine, et la qualité de la préparation de chacun des intervenants et leur collaboration. Le tout, empreint de l’amour de Dieu et pour sa gloire.

Le culte est à la fois une rencontre des humains avec le Christ et une communion entre humains. Celles-ci ont lieu par le chant, la prière, la lecture des Saintes Écritures, la prédication et la Sainte Cène. Notre réponse en tant que chrétiens est que nous le laissons changer notre vie (c’est là cela « porter des fruits »). Tout être humain cherche un culte vrai, vivant, créatif, compréhensible, pour vivre la présence de Dieu et son intervention dans sa vie personnelle. Le culte est le lieu où nous soignons notre relation verticale avec Dieu et notre relation fraternelle puisque nous sommes membres du peuple de Dieu.

Le culte est occasion de réfléchir à notre foi, pas à nos plans personnels mais à la volonté de Dieu, afin que son Esprit change notre vie et nous intègre dans le corps du Christ. Il stimule à voir ce que Dieu fait avec les yeux de la foi, donc d’apprendre à voir plus loin qu’avec notre simple vue humaine.

Le mot synagogue veut dire « rassembler » et le mot grec ekklesia « appeler hors du monde » : ainsi les humains sont invités à sortir de leur vie quotidienne et à se rassembler en un lieu et un horaire donnés. Quels que soient leurs vécus personnels, les êtres humains cherchent la communion avec Dieu, s’ouvrent à son action et y répondent par la foi. Ce que l’Esprit de Dieu veut faire au travers du culte ? Nous changer !

Le culte passionné : quand la passion est présente…

Célébrer un culte passionné signifie se préparer le mieux possible, comme on le ferait pour une journée de fête, pour la gloire de Dieu, dans le seul but que les personnes présentes y rencontrent Dieu, et qu’ainsi ils s’ouvrent à la présence divine, marchent dans l’obéissance et vivent en vérité entre eux. C’est prendre au sérieux les gens qui cherchent guérison, sens à leur vie, communion, renouvellement, espérance (de manière holistique), parce que le Christ peut changer leur vie et remplir le vide de leur âme.

Ainsi, passionné veut dire : vivre un moment d’émotion qui dépasse la simple adhésion intellectuelle pour aboutir au don de soi dans la foi ; alors zèle, joie, amour pour Dieu et le prochain s’enracinent encore plus profondément. Et attendre le moment comme on s’attend à une journée de fête !

Au travers d’un culte passionné, Dieu attire des humains au Christ (parfois pour la première fois) ; il leur apprend à mieux comprendre le Christ, rend leur relation avec lui plus étroite et change leur vie pour qu’ils deviennent des disciples toujours plus conformes à son image.

Le culte passionné n’a pas un style précis (avec ou sans liturgie, avec orgue ou guitare, avec des bancs et vitraux d’un édifice ancestral ou des chaises pliantes d’une salle de gym…). Ce qui qualifie vraiment un culte passionné, c’est qu’il est vécu en vérité (qui touche la vie des participants et la change), c’est qu’ils y font l’expérience de la présence de Dieu et ont effectivement le désir d’entendre sa parole (cette heure passionnée changera toutes les autres heures de la semaine). Et quand ce culte passionné est vécu de façon régulière, petit à petit, il change la vue et la compréhension du monde des participants et les aide à appréhender les événements avec les yeux mêmes de Dieu.

On devrait sortir du culte autrement que lorsque nous y sommes entrés ; et du coup, il exerce sur notre quotidien une influence.

Durant un culte passionné, les participants sont en communion, forment une communauté (ils ne forment pas un groupe quelconque qui va ensemble au cinéma, par exemple), et quand des non-chrétiens sentent des choses, voient ce qui s’y passe (Est-ce Dieu vit dans cette paroisse ? Est-ce que ces gens s’aiment, est-ce que Dieu peut m’aimer moi et ainsi aussi les chrétiens ?… Les non-chrétiens se posent ce genre de questions ; notre manière de vivre le culte leur donne des réponses…). Le culte est important et pour les participants, et pour les responsables et pour les visiteurs.

Quand la passion est absente…

… Le culte devient sec, ennuyeux, prévisible ; telle une formalité, une habitude, un devoir.

L’absence de préparation générale, de qualité (de la présidence, de la prédication, de la musique, de l’accueil, des locaux…) en est un signe. Les tensions et conflits entre les responsables ou les participants aussi ; idem pour les cultes-spectacles parce que les principaux acteurs attirent l’attention sur eux-mêmes et non sur le Seigneur.

Quand une paroisse ne sait plus pourquoi elle célèbre le culte, les gens n’y reviennent plus…

La part de la préparation

Le culte communautaire et la méditation personnelle (prière, lecture biblique et méditation, sans la présence de tiers) sont interdépendants : ils se renforcent mutuellement, s’enrichissent, se complètent réciproquement.

Qu’une paroisse célèbre un culte avec passion, cela se voit parce qu’elle le prépare sérieusement (comme l’heure la plus importante de la semaine). L’attente de cette heure est physiquement sensible. Tous les collaborateurs sont présents à l’heure, se préparent personnellement, spirituellement, de manière approfondie, avec soin et se soutiennent les uns les autres ; leur esprit d’équipe et de collaboration mutuelle en sera d’autant plus créatif ; ils s’aideront à garder l’objectif commun de servir les participants.


La spontanéité peut aussi avoir sa place, mais elle suppose un important travail de préparation et un objectif conscient (à l’identique de l’improvisation des musiciens).

Les moyens à mettre en place pour y arriver : se préparer au mieux, tant au niveau personnel qu’au niveau communautaire (viser la qualité, viser l’excellence)

Le pasteur et tous les acteurs (laïques) se préparent dans leur domaine respectif avec le plus grand soin, et ils cherchent sciemment la collaboration entre eux : ils s’entraident et communiquent entre eux pour que le culte se déroule avec un même but : les éléments se suivent dans une logique, chaque élément introduisant et appelant le suivant ; le tout sera impressionnant et communiquera aux participants l’unité des intervenants.

Le culte passionné motive les prédicateurs à encore mieux prêcher, organiser le contenu et le cadre du culte plus efficacement. Les intervenants apprennent les uns des autres, se forment dans leur domaine, pour mieux exercer leur service. L’acceptation de la critique positive fait partie de cette formation.

Éléments simples et complexes sont mixés pour rythmer le culte (avec le fait de changer, on s’adresse au cœur et à la tête, et à un plus grand nombre de participants, car chacun a son langage de réception). Ainsi, hommes et femmes devraient préparer ensemble pour toucher nos 5 sens et pas qu’un seul ou qu’une seule génération ou qu’un sexe…

La part de la prière

Tout cela est soutenu par la prière individuelle et communautaire…

Que les participants viennent préparés et dans l’attente de recevoir…

Les participants devraient aussi se préparer à cette heure de fête (apprendre à se concentrer sur le fond de ce qui se fait et non la forme, se concentrer sur Dieu et pas se concentrer sur les faiblesses des collaborateurs).

La responsabilité spirituelle de la paroisse n’est pas seulement l’affaire du pasteur, des conseillers, mais aussi de tout un chacun des participants.

Se préparer, c’est aussi réfléchir sur nos objectifs. La maturité des chrétiens de longue date se voit dans leur ouverture à soutenir des actions ecclésiastiques qui ne leur correspondent pas vraiment mais qui sont utiles pour d’autres… D’autant plus que toutes les générations en présence au culte n’ont plus le même langage, la même culture, les mêmes repères… Comment accrocher toutes les générations en même temps ? Est-ce possible ? Attention de ne pas tomber dans l’excès inverse ! Il est important aussi de retrouver dans l’Église le même panel générationnel de la société dans laquelle l’Église vit ; si ce n’est pas le cas, il faudrait en connaître les raisons…

Le temps des fêtes

Noël et Pâques (fêtes chrétiennes) sont des moments privilégiés pour atteindre des paroissiens inactifs et des visiteurs. Ici « l’hospitalité radicale » joue un rôle primordial. Des cultes spéciaux peuvent aussi être envisagés : envoi de l’un en mission, dédicace de chapelle, culte familial, etc., pour inviter des visiteurs occasionnels avec carton d’invitation personnelle, et leur manifester accueil et amour.

L’accueil joue un rôle primordial : être le bienvenu auprès du Christ, parce que bienvenu par un paroissien !

Le service selon des dons (charismes) est aussi primordial.

Dieu veut changer le monde au travers de nous. Le culte est un don et un devoir que Dieu confie à son peuple comme une chose sacrée, et pour l’améliorer il n’y a que la recherche du meilleur qui puisse y contribuer.

L’idée n’est pas de tout changer ou de changer l’un ou l’autre aspect du culte à 100 %, mais de commencer à en changer plusieurs aspects (100) de 1 % !

« Five Practices of Fruitful Congregations » de Robert C. Schnase, Abingdon Press, 2007

Résumé du chapitre 2 : « Passionate Worship » (p. 33-57) par Grégoire Chahinian, pasteur