Méditation

Méditation: « Ensemble, nous sommes forts et divers ».

Théo Paka


Siméon le Juste, par Alexey Yegorov © Bibliotekar.ru

Dans sa méditation, Théo Paka, pasteur à St-Imier, est parti de la présentation de Jésus au Temple (Lc 2.25-33) pour évoquer l’interaction entre plusieurs générations. Dans cette scène, trois générations étaient réunies et apportent chacune sa part. Comme dans l’Église…

Trois générations

Deux rites motivent cette visite au temple :

Marie doit se purifier après son accouchement (Lv 12.8)

- Jésus, comme tout 1er né, doit être consacré à Dieu (Ex 13.1)

Et il y a Siméon, un homme de Dieu : le Saint-Esprit était avec lui et lui avait même appris qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu l’envoyé de Dieu qui devait sauver son peuple.

Il a attendu longtemps que cette promesse se réalise… Mais sa proximité avec Dieu le rend capable de Le remercier et de se réjouir de voir l’enfant Jésus de ses propres yeux.

Si on pouvait seulement photographier cette rencontre que le Saint-Esprit rend possible dans le temple ! On verrait Joseph, sa jeune épouse Marie, l’enfant Jésus et le vieillard Siméon. Avez–vous remarqué le nombre de générations sur l’image ? Il y en a trois : celles des enfants, parents et grands-parents. Ces différentes tranches d’âge se retrouvent aussi dans l’église, dans la famille spirituelle du Christ, ce corps dont nous faisons partie.

En interaction

Comment l’engagement des jeunes aux côtés des aînés peut-il être source de changements bénéfiques pour l’église ? Comment peuvent-ils s’aimer, manifester respect et estime réciproques pour qu’il y ait à la fois continuité et nouveauté de vie ?


Siméon

Noël André Chefneux © Editions Jef

Siméon par ta longue barbe,

tu défies le calendrier.

Dans tes yeux où la vie s'attarde,

on devine ton humilité.

Siméon un jour dans le temple,

tu venais de faire tes prières.

Tout à coup, ton regard contemple

un enfant noyé de lumière.

Maintenant, tu t'en vas, 

dans la paix du matin,

en laissant derrière toi, 

le chemin !

Siméon, il est si fragile,

dans tes bras, que tu trembles un peu

et les larmes, devenues faciles,

doucement, vont mouiller tes yeux.

Siméon, Dieu tient sa promesse,

par Celui qu'Il nous a donné.

Elle dort, pleine de sagesse,

N'aie pas de la réveiller.

Luc 2:25-32


Jésus au centre

Tout d’abord, sur la « photo du temple », on remarque que l’enfant Jésus est le centre de l’attention de toutes les générations représentées. Le vieux Siméon dit de Lui (Lc 2.32) qu’il est la lumière qui fera connaître Dieu aux nations du monde.

Qui est Jésus pour nous ? Il est Celui qui nous permet de recevoir l’Esprit Saint promis par Dieu depuis longtemps qui nous rend attentif à notre prochain. Se tourner tous ensemble vers le Christ, c’est nous rappeler que « c’est par l’amour que nous avons les uns envers les autres que tous reconnaîtront que nous sommes Ses disciples » (Jn 13.35)

Le rôle des aînés

Ensuite, on constate que Siméon apporte une prophétie au jeune couple venu au temple, une parole forte qui va les accompagner. Cela nous amène à évoquer le rôle des aînés dans la société et dans l’église.

La contribution des jeunes

Les jeunes sont pleins d’élan et d’aspirations, ils ont de la force, des idéaux ; ils veulent faire quelque chose, ont besoin de créer. Mais il leur manque parfois l’expérience et des modèles qui les inspirent, ils n’ont aucune idée des aventures dans lesquelles leurs désirs vont les entraîner.

Marguerite

Vous les jeunes, quels regards portez-vous sur les aînés ? « La vieillesse, c’est encombrant », disait Marguerite dans le film de Jean Becker « La tête en friche ». Les propositions des aînés sont-elles dépassées ? Que peuvent-ils encore apporter ?


- Le film que j’ai cité raconte une magnifique histoire d’amitié. Germain, la cinquantaine, presque analphabète, a une vie ordinaire. Quand il rencontre au jardin public Marguerite, une vieille dame très cultivée, chaleureuse et simple, il est loin de s’imaginer de quoi il va être capable. Grâce à son exemple et à ses encouragements, Marguerite le fait entrer dans le monde des livres et des mots et cela va bouleverser la vie de Germain.

Une femme bulgare

- Un autre exemple est celui d’une vieille femme bulgare qui, il y a près de 90 ans de cela, avait décidé d’aller à l’école pour apprendre à lire et à écrire. L’instituteur du petit village avait accepté d’accéder à son désir, mais je vous laisse imaginer les réactions des enfants devant cette vieille dame assise avec eux sur les bancs de l’école ! Ils lui faisaient « des misères »… Mais elle ne se fâchait pas et leur apportait de petits cadeaux. Si bien qu’au bout de quelque temps, les enfants ne se moquaient plus d’elle, et ils s’étaient mis à l’aimer. Un jour où elle avait pris froid et n’avait pu se rendre à l’école, tous les enfants s’étaient déplacés chez elle pour la supplier de guérir et de revenir rapidement. Ils ne voulaient pas étudier sans elle.

Les atouts des seniors

On voit donc que les aînés ont encore un rôle essentiel à jouer puisqu’ils peuvent inspirer la jeunesse en partageant leurs expériences passées, ce qui les fait vibrer, leur confiance et leur amour. Sur le plan spirituel aussi, ils peuvent favoriser le développement de la foi chez les jeunes, leur insuffler l’idée d’un Créateur, la nécessité de garder un lien avec Lui dans la vie de tous les jours dans lequel puiser force, courage et vision. Salomon devenu vieux regrettait de l’avoir trop souvent oublié en disant : « Et souviens-toi de ton créateur aux jours de ta jeunesse avant qu’arrivent les mauvais jours et que viennent les années dont tu diras : je ne les aime pas » (Ec 12.2). Les aînés peuvent guider les jeunes, les encourager à avancer sur le chemin de Dieu, à apprendre de Lui, leur donner envie de mettre tous leurs atouts à Son service. D’ailleurs, c’est ce à quoi l’apôtre Paul appelle les anciens : « Vous, parents, ne révoltez pas vos enfants, mais élevez-les en leur donnant une éducation et des avertissements inspirés par le Seigneur » (Ep 6.4).

Je pose maintenant la question aux aînés : Que vous inspire la présence des enfants et des jeunes dans vos lieux de vie et vos paroisses ?

Un bel exemple d’ouverture m’a récemment été donné par une personne de notre communauté : depuis quelque temps, en effet, la Béthania a décidé de réfléchir sur sa vie d’église dans l’espoir de trouver des perspectives nouvelles pour l’avenir. Il y a trois semaines, l’équipe chargée de préparer et de conduire ces échanges s’est retrouvée pour la 1re fois. À l’issue de cette rencontre, une sœur retraitée m’a confié : « Quand je sens la motivation des jeunes présents dans cette équipe, je me réjouis et je me dis que la Béthania va continuer ».

Les aînés capables de se réjouir de la présence des plus jeunes, parce qu’elle symbolise à la fois l’espoir dans l’avenir et la nouveauté dans nos habitudes, sont comme le vieux Siméon qui remercie Dieu pour Jésus venu apporter aux hommes la pleine lumière du Seigneur.

Les générations peuvent donc collaborer, se respecter et s’estimer mutuellement malgré des regards différents. Les aînés ont fait leur part, il revient maintenant aux jeunes d’aller plus loin, mais jamais seuls, toujours en lien avec ceux qui les ont précédés.

L’Église est intergénérationnelle

L’église est intergénérationnelle, telle une « forêt jardinée » qui a du charme parce que les arbres qui la composent sont d’âges différents. Elle est une source de revenu pour le forestier parce qu’elle garantit des coupes et la vente de bois sur le long terme. Nous aussi, nous poussons côte à côte dans la forêt dont le Seigneur prend soin et cela est une vraie richesse pour aujourd’hui et pour demain. Ainsi soit-il !