Méditation

PRIMAUTÉ DE LA RECONNAISSANCE

Que je bénisse le SEIGNEUR,
que tout en moi bénisse son nom sacré !
Que je bénisse le SEIGNEUR,
que je n'oublie aucun de ses bienfaits !
C'est lui qui pardonne toutes tes fautes,
qui guérit toutes tes maladies,
qui reprend ta vie au gouffre,
qui te couronne de fidélité et de compassion,
qui rassasie de biens ta vieillesse,
qui te fait rajeunir comme l'aigle.
Psaume 103.1-5 [NBS]
On oublie vite
Il est un mot que jeunes et vieux ont tendance à oublier : merci ! L'oubli est fâcheux ! Comme si tout nous était dû, alors que tout est un effet de la grâce de Dieu. Nous sommes souvent lents à la détente, peu empressés à rendre à Dieu ce qui lui revient, louange et actions de grâces. Nous sommes vite plongés dans une torpeur mortelle. Ne sommes-nous pas souvent négligents en la matière? Il serait temps peut-être de mettre un terme à ces inconséquences !
La solution
Peut-être nous faut-il comme David nous faire violence pour sortir de notre inertie et rendre à Dieu ce qui lui revient, la grâce et la gloire à celui qui nous donne constamment pardon et secours !
Voulant mettre un terme définitif à son indolence coupable, David «se secoue comme un prunier» pour faire tomber de l'arbre de sa vie les fruits de la louange qui plaisent tant à Dieu : «tout ce qui est en lui » célébrera les bienfaits de Dieu, sa mémoire en gardera une empreinte indélébile, son imagination dépeindra ses faits et gestes, son coeur jubilera d'aise, son intelligence en comprendra la nature et le prix, sa conscience en tirera des conséquences pratiques. Bref, il mettra le paquet pour faire monter au Seigneur le concert de louange qui lui revient.
A notre tour, nous glorifierons Dieu avec tous les moyens dont nous disposons; ne sommes-nous pas censés l'aimer, Jésus nous le confirme, «de tout notre coeur, de toute notre âme, de toute notre pensée et de toute notre force» (Marc 12.30) ?
A qui donc adresser cet hommage? Au Dieu unique trois fois saint, au Dieu unique, Père, Fils et Saint-Esprit. Sa grandeur souveraine et sa parfaite innocence méritent d'être soulignées d'emblée comme le fait David, avant même sa bonté ; s'il est amour, il n'en demeure pas moins avant tout saint. De Jésus, le Fils bien-aimé de Dieu, il est dit qu'il était « saint, innocent, sans faute, séparé des pécheurs et placé par Dieu au-dessus de tout » (Hb 7.26).

Sur fond d'épreuves
Sa bonté n'est pas à confondre avec une indulgence aveugle ne faisant plus la différence entre le bien et le mal. Cette bonté divine ne s'expérimente pas ailleurs, foi de psalmiste, qu'au coeur des difficultés de la vie: c'est au coeur des déroutes, de la maladie, de la vieillesse et de la mort que Dieu manifeste toujours et encore de nos jours sa tendresse. C'est sur fond d'épreuves que David - et nous après lui - comprend comme jamais la teneur et la profondeur de l'amour de Dieu envers lui. Rien ne nous séparera jamais de cet amour extraordinaire que Dieu nous manifeste en Jésus-Christ, pas même la mort clamait déjà haut et fort l'apôtre Paul (Ro 8.31-36).
Notre reconnaissance envers Dieu ne se confond pas avec de l'optimisme naïf, béat et indifférent à la condition tragique de l'homme. Notre reconnaissance prendra au contraire en compte les épreuves physiques et morales qui jalonnent notre vie. Nous les tiendrons comme le lieu même où Dieu déploie sa tendresse. Du fond obscur de nos épreuves se détache, en pleine lumière, l'amour insondable de Dieu pour nous.
Et de toutes les grâces que Dieu nous offre, le pardon des péchés n'est pas la moindre: gratuitement, Dieu efface nos fautes et rétablit ainsi les liens que nous avions rompus. En Jésus-Christ nous en avons la solennelle confirmation. Il est l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, « il s'est offert en sacrifice, pour que Dieu pardonne nos péchés » (1 Jn 2.2a). Comment tarderions-nous à l'en remercier?
Le secret de la jeunesse
Relevons dans la foulée d'autres marques de la sollicitude divine, le rétablissement de la santé et un bain de jouvence! La santé de David était rétablie après une période de longue maladie, qui aurait pu lui être fatale. Dieu nous rend aussi la vie, nous réserve maintes surprises, même si on ne s'y attend pas ou plus: un renouvellement de forces jusque dans le grand âge. Plus besoin de nous traîner à longueur de journées sous le poids du souci et du désespoir! A présent, tel l'aigle, nous nous élèverons d'un coup d'aile vers le ciel et franchirons ainsi des obstacles qui naguère encore nous semblaient insurmontables (Es 40.30-31).
David exagère-t-il quand il évoque les effets de la grâce de Dieu dans sa vie? Pas vraiment car quand nous passons, comme le psalmiste, par un renouveau spirituel nous reprenons effectivement des forces, nous renouons réellement avec l'enthousiasme de jadis, même s'il est éteint au soir de notre vie. Un poète chrétien, lui-même d'un âge certain, résumait le propos en ces termes : «Tout s'use en moi, mais dans mon coeur chante une jeunesse éternelle et du temps je reste vainqueur. » (DECOPPET)
A tout âge, apprenons donc la leçon majeure de ce psaume: gardons notre coeur reconnaissant vis-à-vis de Dieu pour la multitude de ses bienfaits.
Jean-Philippe WAECHTER