Réflexion

Porter et être porté

Urs Schweizer


Mon fils attendait, assis dans la poussette. Où donc irions-nous faire du jogging ? Et qu’y aurait-il à découvrir en route ? Et voilà : c’est parti. Mais bientôt, mes pas rapides du début se firent plus courts. Notre village est entouré de collines, ce qui signifie qu’il faut d’abord gagner 200 m en altitude avant de pouvoir jouir du magnifique point de vue. Mon fils n’en avait cure. Il se réjouissait à la vue des animaux et des fleurs auprès desquelles nous passions et lorsque la pente devint plus raide, il m’a crié joyeusement « Hopp, papa ».

Mais soudain, quelque chose me frappa : j’avais à pousser au haut de la montagne une poussette et un passager. Mais entre-temps, j’avais adopté une posture par laquelle je m’appuyais fortement sur la barre transversale de la poussette. Je poussais mon fils vers le haut de la colline – et lui me soutenait dans cet effort.

Ces dernières semaines, de nombreuses demandes sont arrivées au secrétariat de l’évêque à Zürich. Dans toute l’Europe, des paroisses ont développé des projets missionnaires ou diaconaux. Elles s’engagent avec beaucoup d’amour et de zèle dans une grande variété d’activités au profit de leurs concitoyens. Grâce à leur service, l’Évangile commence soudain à devenir audible et tangible. Mais pour faire cela, elles dépendent de l’appui financier d’autres personnes. Et c’est précisément ainsi qu’elles vivent une réalité précieuse de notre Eglise : elles, qui aident leurs prochains, sont portées par d’autres personnes.

Je me réjouis de cette solidarité. Et je suis reconnaissant de sentir que la conscience de cette réciprocité grandit. Ce ne sont pas les forts qui donnent toujours, ni les faibles qui reçoivent toujours. Le chemin de celui qui suit Jésus consiste à porter et à être porté. C’est pourquoi je nous souhaite des yeux, des cœurs et des mains ouvertes pour ceux qui ont besoin de nous. Et de pouvoir ressentir l’amour et l’aide de ceux dont nous avons besoin.