Le billet d'humeur

"Emotion" par le pasteur Samuel Lauber

La musique de qualité ne laisse jamais indifférent le pasteur Samuel Lauber. La preuve en est ce concert en faveur des malades d’Alzheimer. Le souci diaconal ne quitte pas notre cher ami. Il le partage aux lecteurs d’ENroute.
Ce dimanche 18 février 2007, j’ai été touché et ému de constater que l’église protestante de Munster avait le bonheur d’accueillir un auditoire nombreux venu écouter l’ensemble vocal animé par Mme Nicole Schwerer – Roll. Les élèves de sa classe de chant ont offert ce concert aux habitants de la vallée St Grégoire en faveur de l’Association Alzheimer du Haut-Rhin. L’offrande a été destinée à la réalisation d’une section de soins pour personnes souffrant de cette maladie au Foyer Caroline, et pour l’installation d’un hôpital de jour au Foyer du Parc, c’est-à-dire à deux des trois maisons de retraite du canton.Je ne m’étendrai pas sur la qualité du concert. Les belles voix des chanteurs, femmes et hommes, et qui sont de la proche région nous ont éblouis. Je ne vous expliquerai pas les chants dits ‘profanes’ pourtant introduits par le « Amazing Grace ». Je ne vous commenterai pas les chants dits religieux de Heinrich Schütz, d’Antoine Vivaldi ou le Cantique de Jean Racine mis en musique par Gabriel Fauré. Nous avons écouté ces chants avec reconnaissance et ils nous ont été réconfort et pour ce soir et pour toute la semaine.Trois semaines après le départ sur les rives éternelles de notre Christian qui, durant des années, a souffert de la maladie d’Alzheimer qui isole dans une solitude pratiquement totale ceux qui en sont atteints, nous avons vécu avec une émotion particulière ce concert. Nous avons été heureux de ce que Mme Schwerer a pris l’initiative de cette audition de chants en faveur de ces malades. Nous avons été émus de ce que ces chanteurs ont mis à part du temps pour exercer les chants et de nous les présenter – bénévolement. Nous avons été reconnaissants d’être entourés par un grand nombre de concitoyens de la vallée, soucieux de soutenir les malades atteints par cette souffrance.Nous avons appris que certains des chanteurs sont confrontés à la maladie Alzheimer puisqu’un parent proche, pour l’un le père, pour l’autre la mère, ou encore la sœur ou une amie, peinent dans cette désorientation qui ne permet plus guère de conversation et qui nécessite un accompagnement attentif diurne et nocturne.Réflexion faite dans la joie des chants entendus, je me suis interrogé quant aux soins qui sont à prodiguer à ces malades. J’ai réfléchi à l’accompagnement quotidien que cela représente. Je ne puis l’imaginer, car, depuis ma retraite, je me trouve consciemment hors circuit actif quant à la gestion d’établissements sanitaires. Pourtant le passé laisse des souvenirs et permet d’évoquer des réalités qui sont en évolution constante.Il y a environ cent ans, le pasteur Bezzel a averti les diaconesses de son établissement qu’un jour elles seront appelées à soigner les plus déshérités parmi les malades. Je sais que cette diaconie tant protestante que catholique est hélas en régression. Les sœurs soignantes sont plus que rares. Je me demande simplement si les chrétiens évangéliques du XXIe siècle, ne devraient pas, dans l’amour du Christ Jésus, prendre la relève, étant conscients, avec tant de gens de bonne volonté et de cœur, que le Seigneur de la diaconie leur confie une « activité en charité quotidienne » - soit le don de soi ?!. Je pose là une question qui me suit dans mon vieillissement.