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L’AVENIR DES ÉGLISES

Patrick Streiff, évêque

Le dimanche de Pâques, un grand journal dominical en Suisse titrait que les Réformés perdraient 35 % de leurs membres entre 2000 et 2040 et ne seraient plus que 20 % de la population suisse. Belle manchette pour attirer l’attention des lecteurs le jour de la résurrection ! Belle occasion pour notre évêque de pousser la réflexion plus loin. La chronique actu est commune à quatre journaux (Christ Seul, Horizons évangéliques, Pour la Vérité et ENroute).

‘Tendances fortes’

Le journal se basait sur l’interview des auteurs d’une analyse sociologique sur les ‘tendances fortes’ dans la société et leurs effets sur la Fédération des Églises Protestantes de Suisse (FEPS) et ses Églises membres dont fait partie l’Église Évangélique Méthodiste. L’analyse, commandée par la FEPS, sera publiée cet été*. Elle est fort intéressante. En présentant une sélection de huit ‘grandes tendances’ choisies parmi celles qui exercent la plus grande influence sur les Églises, elle situe le développement des Églises dans le cadre des grands changements dans la société. Elle met en garde contre l’illusion que les Églises pourraient renverser la tendance de ces ‘tendances fortes’ et les invite à en prendre connaissance comme à y répondre lucidement. L’évolution de la société et son impact sur les Églises se font davantage sentir dans les grandes villes. L’analyse évoque également les bonnes initiatives prises à maints endroits dans les Églises, mais préconise une approche plus concertée en leur sein.

Le chant du cygne ?

Dans notre Église, l’Église Évangélique Méthodiste (EEM), l’évolution de la société et la perte de membres sont également un thème récurrent. Dans quelques pays de l’Europe de l’Ouest, par exemple en France, autant de nouveaux membres se joignent à l’EEM qu’ils n’en sortent par décès ou sortie volontaire. Dans d’autres pays comme la Suisse, il y a des pertes depuis des décennies. Si l’EEM lors de sa Conférence annuelle Suisse, France et Afrique du Nord (semblable à un synode) s’est donnée pour objectif « d’amener de plus en plus de personnes à suivre le Christ », s’agit-il d’un dernier cri pour sa propre survie ? Qui sait ? Mais alors cette stratégie est vouée à l’échec.

Retour à la case départ

À la base de sa décision est le mandat missionnaire de « faire des disciples de Jésus Christ afin que le monde soit transformé » comme l’EEM au niveau mondial le souligne en allusion à Matthieu 28.16-20. Bien sûr, nous prions et espérons que de nouveaux disciples du Christ s’engagent dans nos églises locales pour porter et promouvoir cette mission. Le but, néanmoins, ne doit jamais être un égoïsme ecclésial, mais de faire du bien dans ce monde à la gloire de notre Père qui est dans les cieux.

Patrick Streiff, évêque
Église Évangélique Méthodiste

*Jörg Stolz und Edmée Ballif, Die Zukunft der Reformierten : Eine Analyse der gesellschaftlichen Megatrends und ihrer Effekte auf den Schweizerischen Evangelischen Kirchenbund und seine Mitgliedkirchen.