Le Suaire de Turin

En marge de la pièce - Et si le suaire "suintait" de vérités ?! JP Waechter

Malgré les démentis apparents de l’analyse au carbone 14, le suaire de Turin continue de nourrir l’incroyable hypothèse d’une photographie du Christ, constate le journaliste Jean Sévillia dans les colonnes du Figaro (27 mars 2004) au terme de son enquête. Pour « ENroute », nous en résumons les grandes lignes.

« Le 28 mai 1898, Secondo Pia, un avocat passionné de photographie, prenait un cliché du suaire exposé dans la cathédrale de Turin. En développant ses prises de vue, Pia allait effectuer une découverte sidérante : sur le négatif de la photo, l’image d’un homme était visible. Une image fixée par l’objectif ? Si la preuve était apportée que ce linge est celui dans lequel Jésus de Nazareth a été mis au tombeau, cela signifierait que nous possédons une photo du Christ !…..?
En 1988, le suaire est passé au carbone 14. D’après ces tests, le suaire daterait du XIVe siècle, plus précisément d’entre 1260 et 1390 : tissé au Moyen Âge, ce linge ne pouvait donc avoir été le linceul du Christ mais de faussaires ingénieux. »
Depuis, ces tests ont été largement contestés par des membres de la communauté scientifique (1), car ses résultats s’avèrent contradictoires avec d’autres données, tout aussi scientifiques (2).
À ce jour, personne ne peut expliquer par exemple comment l’image s’est imprimée sur le tissu. S’ils veulent être crédibles, les tenants de la thèse de l’inauthenticité du suaire devront expliquer comment des faussaires ont été capables de produire cette pièce. Mystère… (3)
Certes, on ne détiendra jamais la preuve irréfutable que le suaire de Turin a enveloppé un jour le corps de Jésus. Ce linge demeure et demeurera une énigme scientifique, et pourtant des scientifiques de renom accréditent déjà la thèse de l’authenticité du suaire. Un scientifique comme André Marion, ingénieur de recherche au CNRS, déclare : « Bien que l’on ne possède aucune preuve absolue, le faisceau de présomptions est tel qu’il semble aujourd’hui possible d’affirmer que le linceul de Turin est très certainement une relique authentique ».
Pour les chrétiens aussi, le suaire garde sa part de mystère ; il n’en demeure pas moins que la résurrection du Christ appartient aux fondamentaux de leur foi : « pour les chrétiens, cette énigme participe d’un mystère dont la contemplation donne sens à leur vie ».



Notes
1. Non-respect de la procédure en aveugle sur des échantillons anonymes, viol de la règle de non-communication entre les laboratoires ayant travaillé en parallèle, élaboration artificielle d’une fourchette de dates, etc.
2. Codex Pray, un manuscrit du XIIe siècle, traces d’un supplicié, image non peinte et non déformée, fruit d’un mystérieux rayonnement sur le tissu, la nature des pièces posées sur les yeux du défunt, à savoir des leptons datant de l’an 29, présence de bilirubine dans le sang, signe d’une très grande souffrance, traces d’une centaine de coups de fouet, trace d’une couronne d’épines sur la tête, plantage de clous dans les poignets et les deux pieds l’un sur l’autre, coup d’épée fatal au côté droit, contact limité à 48 heures du corps avec le linceul, aucune trace d’arrachement des tissus, comme si le corps du supplicié s’était miraculeusement échappé de son tombeau.
3. « Pour que le linceul de Turin soit l’œuvre d’un ou de plusieurs faussaires, et qu’il ait été fabriqué au XIIIe ou au XIVe siècle, il faudrait d’abord (puisque l’image du suaire est un négatif) que lesdits faussaires aient conçu la photographie. Il faudrait ensuite qu’ils aient possédé des connaissances — en anatomie, en pathologie, en anthropologie, en ethnologie et en archéologie — qui n’existaient pas à leur époque. »