EDIMBOURG 2010 «VOUS SEREZ MES TÉMOINS»(5)

MISSION ET UNITE


Il ne va pas de soi pour tous d’associer la démarche missionnaire et le souci de l’unité des chrétiens. Et pourtant l’engagement missionnaire de l’Église et son engagement œcuménique ne vont-ils pas de pair ? Dieu a fait de nous des frères et sœurs en Jésus Christ. N’est-ce pas le témoignage fondamental que nous sommes appelés à rendre ?

Historiquement, c’est souvent pour des raisons pratiques que la question de l’unité des chrétiens s’est d’abord posée aux missionnaires. Il s’agissait parfois simplement d’éviter une concurrence inutile, alors que les besoins humains et matériels étaient immenses. On se répartissait alors les territoires à évangéliser. Parfois on cherchait à dépasser des démarches juxtaposées ou parallèles pour privilégier quelques chantiers communs. Des missionnaires issus d’Églises différentes pouvaient par exemple conjuguer leurs efforts pour réaliser de nouvelles traductions de la Bible et cette coopération au service de la Parole de Dieu ne pouvait manquer de susciter une réflexion sur la division des chrétiens.

Sans nier les rivalités entre missionnaires envoyés par différentes Églises, il faut reconnaître que ceux qui furent aux avant-postes de la mission ont peut-être été les premiers à prendre la mesure de la tragédie que représentait la division des chrétiens. Si en Europe, on avait pu s’habituer aux séparations ecclésiales, le scandale de la désunion apparaissait de manière flagrante aux missionnaires chargés d’annoncer l’évangile auprès de populations qui, jusque-là, ne connaissaient rien du Christ. Certes les ruptures ecclésiales qui avaient marqué l’histoire du christianisme n’étaient pas sans fondement théologique. Mais elles étaient aussi marquées par le contexte (historique, politique, intellectuel
) qui leur avait donné naissance. Dès lors, pouvait-on se permettre d’exporter ces divisions auprès des peuples qui découvraient le Christ ?

Dans la fraîcheur des commencements, les nouvelles Églises locales ne pouvaient manquer d’être saisies par le décalage entre le message d’amour dont elles voulaient vivre, et la séparation effective des disciples du Christ. Comment faire comprendre la réconciliation offerte en Jésus Christ si les baptisés eux-mêmes pouvaient s’ignorer ou se combattre ? Comment des groupes chrétiens vivant dans l’hostilité mutuelle auraient-ils pu — de manière crédible — prêcher un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ?*

Source : COE — Commission internationale de préparation