Méditation

Message palpitant

André Ottersberg, pasteur


Un même vocable donne lieu à diverses interprétations : ainsi le « cœur » désigne non seulement un organe vital et essentiel par son rôle de pompe du sang dans le corps humain, mais aussi un grand symbole lié à l’intelligence, aux sentiments et à la volonté. Le pasteur André Ottersberg va au « cœur » du sujet dans cette méditation présentée d’entrée de jeu à la Conférence Annuelle 2012 à Münsingen.

« Mon cœur est calme… » (Ps 57.8). Est-ce que cela s’applique à nous ?

Une chose est claire, « de tout coeur» - qu’il soit calme ou agité — nous sommes tous arrivés ici. « Avec courage », c’est aussi la devise de cette première journée de Conférence.

L’organe que nous appelons couramment « cœur », nous le portons tous au même endroit. Gros comme un poing logé dans nos poitrines, il est un chef-d’œuvre de créativité ! Le cœur se compose de muscles, de cavités et de vannes. Il a des poches et des clapets. Le cœur est notre station de pompage centrale. S’il s’arrête de battre, rien ne va plus. Combien d’entre nous n’aimeraient pas avoir un cœur tranquille et robuste de manière à vivre avec courage…

Organe vital

« Avec cœur et courage », nous dit encore plus. Il rend compte de cette zone chez l’homme qu’un cardiologue peut examiner et explorer. La Bible utilise également le terme de « cœur » pour rendre compte de la case intérieure où s’opèrent tous nos choix. Tous nos sentiments et nos émotions s’y logent de même que tous nos souhaits, nos désirs et nos capacités intellectuelles telles que la reconnaissance, la compréhension, l’intuition, la conscience, la mémoire, la connaissance, le sens de l’orientation et le discernement.

Ce cœur est le lieu où se forgent notre volonté, nos planifications, nos décisions et nos intentions — et espérons que nous sommes arrivés ici avec un tel cœur. Sinon, dans les jours à venir nous irons au plus mal, sans cœur ni courage à l’ouvrage.

Objet de soins

Après tout, même ce « cœur » peut s’ouvrir ou se fermer. Dans ce cœur, il y a des zones d’ombres et des zones de clarté. Du bien et du mal. Voilà ce que nous enseigne le message biblique qui pose ici un diagnostic sûr, objectif, lucide…

Ce cœur lui aussi est essentiel. De là jaillissent la cordialité, la jovialité et la gentillesse que nous témoignons aux autres.

Parfois la visite d’un cardiologue s’impose à l’humain doté « d’un cœur ». Moi-même, pour la première fois, j’ai récemment rendu visite à un spécialiste du cœur. Et il m’a fait passer l’épreuve d’effort : je pédalais sur un vélo au point d’être tout en sueur. Le résultat était bon. Mais la discussion qui a suivi l’examen avait aussi de quoi secouer. Oui, les médecins s’interrogent sur l’état de nos cœurs. Et nous savons comment prévenir et combattre d’éventuelles attaques cardiaques ou d’autres dysfonctionnements. Une mauvaise alimentation, du stress, un manque d’exercice peuvent avoir pour conséquence le dépôt de cholestérol dans nos artères…

Le grand Cardiologue

On peut transférer cette idée à cet autre cœur, qui est, lui, le centre névralgique de nos pensées, de nos désirs et de nos sentiments. À ce niveau-là, on peut aussi souffrir de constriction vasculaire entravant tout flux d’énergie. Oui, même dans ce cœur-là peut se déposer du « calcaire ».

Le cardiologue qui peut nous le montrer, c’est Dieu Lui-même. Il sonde nos reins et notre cœur, si nous le lui permettons. L’auteur de cette prière du Psaume 139 se déclare disposé à cet examen. Il dit : O Dieu, regarde jusqu’au fond de mon cœur, et sache tout de moi. Mets-moi à l’épreuve, reconnais mes préoccupations profondes (Ps 139.23).

Derrière cette demande, il y a l’idée que tout cœur humain a besoin de renouvellement. Et ce renouveau ressemble à une opération cardiaque majeure, lorsque Dieu annonce à son peuple par le biais du prophète : Je mettrai ma loi dans leur esprit et l’écrirai dans leur cœur (Jr 31.33). Je vous donnerai à tous un même cœur, je vous animerai d’un esprit nouveau ; j’enlèverai votre cœur insensible comme une pierre et je le remplacerai par un cœur réceptif (Ez 11.19).

Ces textes montrent clairement que Dieu éprouve un grand intérêt pour les humains dotés « d’un cœur », en particulier pour ceux dont le cœur est malade. Ce cœur, il veut le renouveler et le guérir. Paul évoque ce processus de guérison du cœur quand il écrit dans sa lettre aux Romains : L’amour de Dieu […] a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, qui nous a été donné (Rm 5.5).

Palpitons d’amour

L’amour de Dieu, son engagement courageux en Jésus-Christ, permet le renouvellement de nos cœurs, nous rend capables d’une réflexion, de sentiments et d’une volonté qui plaisent à Dieu. Si nous laissons l’Esprit de Dieu dégager le cholestérol de notre vie autocentrée, alors notre cœur dilatera. Alors l’amour de Dieu pourra battre dans les veines de notre cœur enfin dégagées.

Si Dieu impulse son amour dans notre cœur par son Esprit, alors notre cœur battra pour Dieu réduisant ainsi tout risque d’infarctus qui peut nous perturber grandement autant que notre entourage. Un cœur perfusé grâce à l’amour de Dieu nous permet d’aimer Dieu, notre prochain et nous-mêmes et d’être chaleureux et compatissants.

Je nous souhaite d’agir toujours « avec cœur et courage ». Et si nécessaire, que Dieu nous accorde la grâce de l’ouverture quand le danger de vues rétrécies nous guette. Amen.

1 Jeu de mots intraduisible faisant passer du cœur à courage…

D’après l’original.