Editorial

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“Recentrage”

par Jean-Philippe Waechter

L’individualisme forcené nous menace tous. Cette dérive favorise le déracinement et la précarité, l’isolement et le repli sur la sphère privée, une anomie sociale au point de mettre en péril le bien le plus précieux, le primat de la famille et la solidarité.

Cette tendance forte guette la société et l’Église en particulier quand chacun privilégie ses intérêts personnels au détriment du bien commun préférant « chatter virtuellement avec des gens du même bord et zapper le programme qui ne lui plaît pas  » (évêque Patrick Streiff).

Au sortir de son exil, le peuple d’Israël avait donné la priorité à la construction de demeures confortables au détriment de la construction du Temple.

Le capitalisme moderne se nourrit de l’égocentrisme et de l’intérêt personnel : il maximise les profits et glorifie le narcissisme donnant l’illusion que seule l’économie existe.

Le temps est venu de remettre en cause cet individualisme forcené et le capitalisme mondialisé qui en découle. Arnaud Guyot-Jeannin n’y va pas par quatre chemins : « il faut en finir avec l’économisme et le totalitarisme du marché. En terminer avec la frénésie productiviste/consumériste, le calcul marchand et l’axiomatique de l’intérêt !  »

La régulation du marché a été au centre des discussions entre dirigeants du G20 qui décident — sur le papier du moins — de mettre un terme à un certain nombre de dérives, mais qui dit régulation ne dit pas pour autant moralisation, avertit dans nos colonnes l’économiste Hélène Farelly.

Le primat de l’économique doit céder le pas au primat du spirituel, déclaration récente de Régis Debray (« Le moment fraternité  »).

Dans ce contexte de remise en ordre général, nous gagnons à développer le réflexe de la réflexion. La seule façon valable de sortir de l’égocentrisme consiste à privilégier l’essentiel, l’écoute de la parole de Dieu, individuellement et communautairement. Le prophète Aggée a lancé cette consigne qui par ricochets nous atteint aujourd’hui (méditation du pasteur JR Otge).

L’heure n’est plus d’aimer seulement les lambris somptueux de nos demeures mais de prendre aussi à cœur le Temple délabré pour le remettre en état. Appliqué à notre situation, « aimons notre Église  », thème développé tout au long de l’Assemblée générale de l’UEEMF, dont nous rendons compte ici.

Si nous aimons l’Église, nous prendrons le temps de « conférer ensemble  », à savoir de « délibérer et de travailler plus à fond sur les thèmes prioritaires du moment et de clarifier nos orientations communes  ». Autrement dit nous soutiendrons le travail des Conférences (de district, annuelles, centrales, générales), comme nous y encourage notre évêque. Oui, « J’M mon Église  ».


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