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“Les cris de la crise” par Patrick Streiff, évêque

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Dans le cadre d’une rubrique commune à quatre mensuels (Christ seul, ENroute, Horizons évangéliques, Pour la Vérité), notre évêque Patrick Streiff avance quelques réflexions sur la crise financière devenue entre-temps crise économique sans précédent et le rôle des églises dans notre monde moderne.

Du moins d’État à l’interventionnisme

Vous vous souvenez de tous ces hommes importants (plutôt des hommes que des femmes) qui ont crié « moins d’État » jusqu’en automne dernier. En octobre dernier, un économiste renommé en Suisse s’est vanté de l’avantage du système bancaire suisse qui a réagi assez tôt et n’a pas eu besoin d’une intervention de l’État. Son article a été publié le week-end même où le Conseil Fédéral et la banque nationale suisse ont finalisé le paquet financier de plus de 60 milliards pour aider la plus grande banque suisse. La semaine suivante, le même économiste a concédé que la gravité de la crise demandait une telle intervention spectaculaire.

De la distinction des pouvoirs à la nécessaire consultation

Vous vous souvenez de tous ces gens qui critiquent les églises quand elles se prononcent sur des thèmes de la société. Ils veulent une stricte séparation entre l’Église et l’État : les églises ne devraient s’occuper que des besoins religieux au niveau privé des gens. Toutefois, à l’heure de l'effondrement des valeurs, beaucoup s’aperçoivent du lien qui existe entre ce qui constitue le fondement d’une personne et ce que cette personne apporte à la vie dans la société.


Une question d’équilibre

La société moderne est complexe. Il n’y a pas de réponse simple. La crise actuelle a démontré brusquement et brutalement que l’économie néolibérale n’apporte pas le bien-être promis pour tous. Une telle économie dominatrice n’est pas non plus la réponse à tout. La société moderne ne peut évoluer sainement que dans un équilibre entre les différenciations fonctionnelles que sont – à côté et de même valeur que l’économie – le droit, la science, la politique, l’éducation, et la religion. Une économie qui veut tout dominer mène au désastre. Ce déséquilibre n’a pas fait de victimes seulement parmi les grandes fortunes qui ont perdu des millions à la bourse ni seulement parmi un nombre croissant de chômeurs dans nos pays occidentaux. Les victimes les plus nombreuses vivent loin de nous. Elles n’ont jamais eu de fortune, mais leur lutte pour la survie deviendra encore plus dure.

De la critique à l’engagement positif

Quelle est la réaction des chrétiens ? Pleurs et lamentations sur le monde qui est mauvais ? Ou s’engagent-ils pour le bien – également dans les autres sphères de la société : économie, droit, science, politique et éducation ? Œuvrent-ils pour la qualité de vie au lieu de la quantité de biens ? Et gardent-ils un esprit critique pour faire la différence entre les deux ? Contribuent-ils ainsi à une société plus juste – pour tous ? Cela sera une belle conséquence de notre foi en un Dieu qui entend le cri du pauvre.

© Floris - Béatitudes