SPÉCIAL JOHN WESLEY

à l'occasion du tricentenaire de sa naissance

  • Vie et oeuvre de John WESLEY : quelques dates marquantes
  • A visiter
  • John WESLEY - Les personnes qui l'ont influencé
  • John WESLEY et l' «évangélisation»
  • WESLEY et les enfants
  • L'esprit oecuménique
  • WESLEY abhorrait la «malédiction» de la guerre

Vie et oeuvre de John WESLEY : quelques dates marquantes

1703 (17/06) : Naissance à Epworth (G.B.) de John, 15e enfant (dont 7 morts en bas âge), du pasteur Samuel WESLEY et de son épouse Susanna.
1707 : Naissance de son frère Charles, futur auteur de plus de 6000 cantiques.
1720 : John WESLEY commence les études de théologie à Oxford.
1728 : Il est ordonné pasteur de l'Église Anglicane.
1735 (14.10) à 1738 (01.02) : Expérience missionnaire malheureuse de J.WESLEY en Géorgie (Amérique du Nord).
« ... Je suis venu en Amérique pour convertir les Indiens, mais qui me convertira, moi?»
1738 (24/05) : Conversion de J. W. lors d'une étude biblique dans la rue Aldersgate à Londres
1738 (juin à septembre) : Visite en Allemagne aux Frères Moraves et à leur fondateur, le comte ZINZENDORF
«... Je veux aller voir où vivent les chrétiens
1739 (17/02): 1re prédication de J.W. en plein air, adressée aux mineurs de Bristol.
Réveil dans cette région. Dans cette même année, création de la 1re «Société» méthodiste dans 
une ancienne fonderie de canons à Londres.
1744 : Réunion de la 1re «Conférence» méthodiste à Bristol.
1768 : Ouverture du 1er séminaire méthodiste de formation théologique.
1774 : J.W. fait publier une vigoureuse protestation contre l'esclavage, intitulée «Pensées sur 
l'esclavage
».
1784 (24/12) : Fondation de l'Église Méthodiste aux États-Unis d'Amérique.
1791 (02/03) : Décès de John WESLEY. Dans sa vie, il a parcouru 200 000 miles à cheval et 
prononcé 43 000 prédications.
A sa mort, les communautés méthodistes comptaient 100 000 membres, dont la moitié en Grande-Bretagne.


 

A visiter

«Le méthodisme, John WESLEY»
Exposition au Musée du Protestantisme Dauphinois (F-26160 Le Poët-Laval)
Du 13 avril au 15 octobre 2003

Quelques extraits de textes
Trois hommes
Trois hommes, tous trois formés à l'université d'Oxford et tous trois ministres consacrés dans l'Église anglicane, sont à l'origine du méthodisme.
John WESLEY (1703-1791)
, prédicateur infatigable. Il parcourut plus de 360 000 km, la plupart du temps à cheval, et prononça plus de 40 000 sermons. Il fut l'organisateur et le chef du mouvement. Son influence fut consi-dérable. Beaucoup voient en lui le père du protestantisme moderne.
Charles WESLEY (1707-1788), frère de John. Il fut le chantre du méthodisme. Il fit chanter les foules qui reprenaient ses cantiques dans les ateliers ou au fond de la mine. Il écrivit plus de 6 000 cantiques dont certains, devenus des classiques, sont chantés aujourd'hui encore dans les Églises du monde entier: «Seigneur, que n'ai-je mille voix pour chanter tes louanges et faire monter jusqu'aux anges les gloires de ta croix?»
George WHITEFIELD (1714-1770), orateur exceptionnel. Certainement le plus grand prédicateur que l'Angle-terre ait connu. Un acteur de l'époque prétendit que WHITEFIELD pouvait faire pleurer ou trembler ses auditeurs rien qu'en prononçant le mot Mésopotamie ! Son influence s'exerça surtout en Amérique où il se rendit à sept reprises et y mourut d'une crise d'asthme.
Avec un organisateur de génie, un très grand poète et un orateur exceptionnel, le méthodisme atteignit toutes les couches de la population.
Trois innovations
L'expérience spirituelle de WESLEY et de ses amis, si proche de celle de Martin LUTHER, les amena comme lui à désirer le réveil de toute l'Église. Partout où ils le purent, ils se mirent à proclamer le message libérateur de la grâce de Dieu qui change les coeurs et les vies.
Mais, devant l'opposition d'une grande partie de l'Église officielle qui leur ferma ses temples et ses chapelles, ils furent amenés à trois innovations qui bouleversèrent la vie religieuse du pays et rendirent leur mouvement très populaire, notamment auprès des masses laborieuses :
- La prédication en plein air. Pour la première fois des prédicateurs sortaient des Églises pour rejoindre le peuple là où il vivait. Et les foules venaient nombreuses, jusqu'à 20 000 et même 40 000 personnes, en plein hiver parfois !
- La prédication itinérante. « Le monde est ma paroisse », dit WESLEY. Il parcourut des milliers de kilo-mètres et prêcha l'Évangile hors des structures ecclésiastiques établies pour retrouver la mouvance de la vie.
- La prédication faite par les laïques. L'innovation la plus révolutionnaire. Pour la première fois depuis des siècles, annoncer l'Évangile n'était plus un privilège réservé au clergé. Ces prédicateurs laïques, très proches du peuple et de ses problèmes, donnèrent au méthodisme son caractère populaire et démocratique.
Ces innovations conduisirent à un christianisme plus pratique, moins théologique, atteignant le peuple dans son propre quotidien.
La théologie
Dans ses traits essentiels, la théologie de WESLEY et des Églises méthodistes est celle des Réformateurs. Cependant, trois accents particuliers sont à relever :
- Importance de la vie spirituelle et du témoignage. La préoccupation doctrinale passe au second plan. L'important, c'est la vie nouvelle et sa mise en pratique. Le méthodisme est plus un mouvement d'action que de réflexion.
- Importance de l'appel à la conversion. Tout être humain doit se décider pour Jésus-Christ et c'est à cela que les prédicateurs méthodistes appellent inlassablement leurs auditeurs. John s'oppose à la doctrine de la prédestination qu'il trouve « very shocking » et, sur ce point, il se sépare de son ami Geoge WHITEFIELD, calviniste convaincu.
- Importance de l'entière sanctification. C'est la plus grande originalité du méthodisme. Dieu appelle ses enfants à une vie de sainteté qu'on reçoit, comme le salut, par la foi. C'est une expérience ultérieure, distincte de la conversion et appelée «seconde bénédiction ». Cette doctrine influencera grandement les mouvements évangéliques postérieurs, y compris le pentecôtisme.

Musée du Protestantisme Dauphinois ­ F-26160 Le Poët-Laval ­ Tél. : 04.75.46.46.33
www.museeduprotestantismedauphinois.org


 

John WESLEY - Les personnes qui l'ont influencé

Vers la fin de sa vie, John WESLEY insista sur le fait que ses convictions étaient restées les mêmes depuis le début du réveil méthodiste. En regardant de plus près, nous découvrons qu'il les a précisées et accentuées tout au long d'une oeuvre de plus de cinquante ans. Nous remarquons également comment il les a mises en pratique. Plusieurs personnes y contribuèrent.

 

Tiré de la couverture du livre de l'auteur de cet article : Reluctant Saint ? A Theological Biography of Fletcher of Madeley, Epworth Press 2001.

Jean-Guillaume de la FLÉCHÈRE


L'influence la plus marquante sur WESLEY fut exercée par un homme francophone, Jean-Guillaume de la FLÉCHÈRE. Celui-ci naquit en Suisse romande, émigra en Angleterre et devint prêtre de l'Église d'Angleterre tout comme les frères WESLEY eux-mêmes. Dans ses traités théologiques, de la FLÉCHÈRE souligna l'étendue de l'oeuvre de la grâce divine autant dans l'histoire de l'humanité que dans la vie d'un individu. Il visa comme but de toute vie humaine d'être transformée par la grâce afin d'aimer Dieu et son prochain.

 

Susanna et Samuel WESLEY

D'autres personnes encore contribuèrent à façonner les convictions de base de John WESLEY. Les deux parents de John avaient des personnalités fortes et étaient d'un caractère très différent. Les deux, indépendamment l'un de l'autre, décidèrent de quitter le mouvement dissident et de réintégrer l'Église d'Angleterre qui était une Église d'État. Ils la considéraient comme la meilleure du monde. Les deux appréciaient la littérature spirituelle des puritains qui voulait amener l'homme à une vie qui plaît à Dieu. Ils exprimaient tous les deux des convictions théologiques claires : ils soulignaient l'importance de la réponse de l'homme face à la grâce divine qui lui est offerte et s'opposaient à la doctrine de la prédestination. Le père consacra plusieurs années à écrire un commentaire sur le livre de Job tandis que la mère insista davantage sur les conséquences pratiques de la doctrine chrétienne. C'est elle, Susanna WESLEY, qui s'occupa également de l'éducation religieuse de ses enfants. Il est intéressant de noter qu'elle s'y appliquait avec autant de soin pour ses filles que pour ses fils. Alors que John avait déjà quitté la maison parentale depuis un moment, il continuait une correspondance avec sa mère sur des questions de foi et de vie chrétiennes.

Trois auteurs de livres de dévotion pratique
Dans ses premières années d'études, John WESLEY décida de consacrer toute sa vie à Dieu. Il voulait mener une vie sainte, c'est-à-dire faire en sorte que toute sa vie appartienne à Dieu et soit remplie de la volonté divine. Une amie le mena sur ce chemin quand ils lurent ensemble des livres de dévotion pratique. Trois auteurs les stimulèrent particulièrement :
- l'évêque anglican Jeremy TAYLOR avec ses conseils pratiques pour une vie sainte qui ne fuit pas ce monde ;
- le mystique catholique Thomas a KEMPIS par son appel à suivre le Christ en mettant l'accent sur une vie spirituelle intérieure en communion avec Jésus ;
- le contemporain William LAW avec sa redécouverte d'une vie menée dans la perfection chrétienne selon le modèle des premiers chrétiens.
John CLAYTON
Ainsi, la vie de John WESLEY fut scellée d'un but immuable : « La sainteté du coeur et de la vie ».
Lorsque John WESLEY devint prêtre de l'Église d'Angleterre et enseignant à l'Université, il s'occupa particulièrement d'un meilleur accompagnement des étudiants. Suite à l'initiative de son frère cadet Charles, des groupes estudiantins se développèrent, se réunissant régulièrement pour l'étude et la pratique religieuse. Quand John reprit la conduite de ces groupes, il accepta des suggestions des participants. Un des étudiants, John CLAYTON, fut frappé de la misère sociale à Oxford et les étudiants commencèrent des initiatives sociales et diaconales dans des prisons, parmi des familles pauvres et en faveur des enfants illettrés. Ils étaient convaincus que le but d'une vie sainte doit se manifester par des actes concrets d'amour envers le prochain.

Les frères moraves et Peter BÖHLER


En route vers les colonies américaines, John et Charles WESLEY rencontrèrent des frères moraves qui les introduisirent à une foi luthérienne et piétiste. Les frères WESLEY furent étonnés de la force intérieure dans la piété de coeur des moraves qui chantaient des cantiques de louange au milieu de tempêtes affreuses. Pendant la courte période passée en Amérique, John reprit l'idée morave de se réunir en petit groupe pour échanger les expériences de chacun et progresser ensemble dans la foi. Il l'appliqua dans l'organisation d'une Église locale au sein de l'Église d'Angleterre en Amérique. Dorénavant s'y ajouta la conviction que le but d'une vie sainte ne peut être atteint qu'à travers un engagement des fidèles dans de petits noyaux communautaires.
De manière douloureuse, John et Charles WESLEY s'aperçurent que leurs meilleurs efforts ne menaient pas au but. De retour en Angleterre, le morave Peter BÖHLER les conseilla. Il souligna qu'aucun homme n'est juste devant Dieu à cause de ce qu'il fait, même s'il se donne énormément de peine pour être un homme de bien. Seul la confiance en la miséricorde de Dieu, révélée en Christ, peut le rendre juste et le réconcilier avec Dieu. Plusieurs entrevues furent nécessaires jusqu'à ce que John et Charles WESLEY reconnaissent que ce conseil est biblique et jusqu'à ce que l'acceptation intellectuelle devienne une certitude existentielle. Ils découvrirent alors une force jusqu'alors inconnue qui libère et renouvelle l'homme. Une conviction brilla en eux avec la clarté et la puissance du soleil : mener une vie sainte demeure un but magnifique. Il faut continuer autant qu'avant à s'engager dans ce monde par des actes d'amour envers le prochain et constituer des cercles pour tous ceux et celles qui sont sur le chemin vers ou dans la foi, mais la force de parvenir au but d'une vie sainte et joyeuse ne vient que de Dieu et par sa grâce. La porte qui permet d'y accéder est la foi en Christ.
Patrick STREIFF


 

John WESLEY et l' «évangélisation»

Au risque de désorienter certains de nos lecteurs et lectrices, il me faut faire remarquer qu'il n'est pas tout à fait exact de qualifier, comme on le fait très généralement, de mouvement d'évangélisation le puissant mouvement de réveil qui secoua spirituellement l'Angleterre du XVIIIe siècle et qui fut lié à l'apparition et à l'expansion fulgurante d'un méthodisme «wesleyen»
Un mouvement d'évangélisation?
Bien sûr la prédication de l'Évangile connut, dans les décennies d'activité inlassable de WESLEY et de ses compagnons, une ampleur qu'elle n'avait plus connue depuis longtemps et qui cherche d'ailleurs toujours son pendant aujourd'hui. WESLEY a pris une place largement méritée dans la galerie des grands «évangélistes» de l'histoire de la chrétienté, place que personne ne lui contestera. Pourtant, son mouvement fut en fait davantage un mouvement de «mission populaire» que d' «évangélisation», du moins dans le sens où ce mot est employé aujourd'hui dans la plupart de nos Églises dites évangéliques.
Une dimension diaconale et sociale
Il y avait dans l'évangélisation telle que WESLEY la pratiquait une dimension diaconale et sociale tout à fait frappante pour l'observateur d'aujourd'hui. Certes, il a prêché la bonne nouvelle de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Cette communication verbale du message évangélique comportait tous les éléments du message du salut tel que le Nouveau Testament le laisse entrevoir et qu'il m'est évidemment impossible de rappeler comme il le mériterait dans un article limité à une page. Rien ne manquait à l'orthodoxie de la base doctrinale biblique sur laquelle était fondée la prédication de WESLEY. Il disait inlassablement ses auditeurs perdus dans leur péché et leurs aliénations diverses, les invitait à saisir dans la foi l'offre gratuite du pardon divin que leur avait gagné Jésus, le Christ de Dieu, par son sacrifice volontaire sur la croix. WESLEY ne cessait de prêcher que la réponse humaine à ce message, lorsqu'elle est positive, se voit toujours suivie d'une transformation intérieure et extérieure dans la vie de ceux et celles qui auront accepté de saisir cette main que Dieu leur tend. 
Seulement, il ne faut surtout pas oublier que cet «évangéliste» WESLEY ne s'est jamais contenté de la simple proclamation verbale des choses que nous venons d'évoquer. Partout où le besoin s'en faisait sentir, il accompagnait sa proclamation de l'amour de Dieu d'actes de miséricorde extrêmement concrets et susceptibles de rendre visible et palpable la miséricorde divine qu'il venait de proclamer. La création de caisses de prêts et de pharmacies populaires - voire de petits dispensaires, les collectes de vêtements, l'organisation de visites systématiques des pauvres et des prisonniers, l'alphabétisation des innombrables enfants défavorisés de l'époque ne sont que quelques exemples de l'extraordinaire activité diaconale et sociale sans laquelle, pour WESLEY, il ne pouvait y avoir d'évangélisation authentique. 
La religion: une affaire sociale 
Il faut ajouter que la forte dimension communautaire que WESLEY donnait spontanément à toute son action montre aussi que le salut qu'il prêchait et qu'il concrétisait si bien était également un salut qui dépassait l'individu pris isolément. Certes, WESLEY ne doutait pas un seul instant que la question du salut doive être considérée comme une question éminemment personnelle. La découverte, lors de sa propre conversion, que ce que le Christ avait accompli était «pour lui, pour lui personnellement» avait été bien trop bouleversante pour qu'il pût l'oublier. Mais, comme il aimait à le répéter, «la religion est une affaire sociale», c'est-à-dire que tout ce dont il est question dans le christianisme dépasse largement l'individu pour placer celui-ci dans une communion avec les autres. C'est ensemble qu'on marche vers le Royaume de Dieu. L'évangélisation est, pour WESLEY, l'initiation à ce Royaume de Dieu. C'est cette introduction initiale qui, certes, devra être suivie d'une croissance tous azimuts, mais qui d'emblée prendra des formes qui font éclater le cadre et le sens beaucoup trop étroits du terme d'évangélisation tel qu'on a tendance à le comprendre aujourd'hui.
Michel WEYER


 

 

WESLEY et les enfants

Tout récemment, en recherchant d'anciens documents sur le méthodisme, nous avons trouvé une petite brochure intitulée «WESLEY d'après son journal». Ce sont des extraits classifiés et traduits par le pasteur W-H.GUITON, édités par les Publications Méthodistes.
Cette brochure de 76 pages est épuisée depuis longtemps. Peut-être vaudrait-il la peine de la rééditer? Citant Matthieu LELIEVRE, le pasteur GUITON commence son introduction par ces lignes :
De toutes les publications de WESLEY, la plus intéressante, celle qui peut le mieux nous faire connaître son oeuvre et sa personnalité, est sans contredit son «Journal», qui constitue «une autobiographie incomparable».
Nous avons sélectionné un chapitre qui nous montre WESLEY sous un jour qui est sans doute moins connu que d'autres.
Bonne lecture
Gladys & Pierre GEISER


WESLEY et les enfants
Lundi 4 juin 1743 et les jours suivants, j'ai eu le temps de terminer les «Instructions for children» (conseils aux enfants).
Jeudi 14 avril. J'ai mis à part une heure chaque semaine pour rencontrer les enfants de nos quatre écoles. Nous avons vite pu nous apercevoir de l'effet produit par ces entretiens sur les enfants. Quelques--uns d'entre eux ont reçu des impressions profondes et durables.
Dimanche 12 octobre 1760 (Kingswood). Dans le courant de l'après-midi, j'ai demandé aux enfants dont les parents font partie de notre société de se réunir à Bristol. Trente de ces enfants sont venus ce jour-là et environ cinquante autres sont venus le dimanche et le jeudi suivants. J'en ai réparti la moitié en quatre classes, deux pour les garçons et deux pour les filles et j'ai choisi des « conducteurs » qualifiés chargés de s'occuper de chacune de ces classes. Je voyais ces enfants tous ensemble une fois par semaine. Dieu ne tarda pas à toucher le coeur de plusieurs d'entre eux.
Dimanche 5 octobre 1766. J'ai prêché à Bristol plu-sieurs soirs de suite sur l'éducation des enfants. Quelques personnes répondirent à cet effort par cette objection ridicule et misérable : « Il n'a pas d'en-fants ! » Mais plusieurs, animés d'un esprit de droitu-re, s'inclinèrent devant la vérité et se reconnurent coupables devant Dieu.
Jeudi 31 octobre 1768. J'ai vu les enfants et leur ai parlé : Voilà une oeuvre qui mettra à contribution le talent des meilleurs prédicateurs anglais.
Jeudi 4 juin 1772. A cinq heures, je pris congé de ces amis. Je fus surpris, en les regardant attentive-ment, de remarquer un si grand nombre de belles et nobles figures, telles que je n'en ai jamais vues d'aussi belles dans aucun auditoire. Je fus surtout frappé par les enfants, douze ou quatorze d'entre eux, presque tous des garçons, étaient assis en face de moi. Mais je crois que cette beauté était due à la grâce plus encore qu'à la nature ; elle provenait sur-tout de la vie céleste qui, agissant dans les coeurs, se révélait sur les visages.
Mardi 8 juin 1784. Je suis allé à Stock upon-Tees. Il s'y fait une oeuvre admirable parmi les enfants. Plusieurs de ces enfants, entre six et quatorze ans, sont ardemment désireux d'être sauvés. Plus de soi-xante sont venus à plusieurs reprises pour s'entre-tenir avec nous ; ils paraissaient très sincères.
A midi, j'ai prêché sur ce texte : « Le royaume des cieux est proche. » Tous semblaient profondément émus. Aussitôt que je fus descendu de chaire, je fus entouré de tout un groupe d'enfants. Tous se mirent à genoux. Je m'agenouillai à côté d'eux et me mis à prier pour eux. La flamme divine se com-muniqua d'un coeur à l'autre.
N'est-ce pas un phénomène absolument nouveau dans l'ordre spirituel? Dieu commence son oeuvre parmi les enfants. Il en a été de même en Cornouaille-s, à Manchester, à Epworth. Puis, des jeunes, la flamme de vie a gagné les aînés, de sorte que tous, petits et grands, connaissent Dieu et l'adorent.
Samedi 19 avril 1788. Nous sommes allés à Boston où j'ai prêché le soir dans une des plus élégantes chapelles du royaume devant un auditoire extrêmement attentif. Je reconnais que, dans aucune réunion méthodiste, on ne peut trouver de pareils chanteurs. Nous avons ici une centaine de garçons et de filles, choisis parmi les élèves de nos écoles du dim-anche admirablement exercés au chant ; il est im-possible de trouver un pareil choeur dans aucune chapelle, cathédrale ou salle de concerts. L'expression de plusieurs d'entre eux s'harmonise si bien avec la mélodie qu'il est impossible de décrire l'effet produit. Seul le chant des anges, dans la demeure de notre Père céleste, peut être plus sublime que celui-là.
Dimanche 20 avril 1788. (Boston) J'ai réuni, à trois heures de l'après-midi, de neuf cents à mille élèves de nos écoles du dimanche. Je n'ai jamais vu pareil spectacle. Ils étaient tous habillés avec propreté et simplicité. Ils se sont tous comportés avec beaucoup de sérieux. Beaucoup, garçons et filles, avaient de beaux visages. Quand ils chantaient, tous ensemble, sans qu'aucun fît entendre une note discordante, leur mélodie était plus parfaite que celle d'aucun théâtre.
Mais il y a mieux encore que leur talent musical. Beaucoup d'entre eux craignent Dieu et quelques-uns se réjouissent de la joie du salut. Ils sont un exemple pour toute la ville. Leur passe-temps habituel consiste à visiter les malades pauvres, à les exhorter, à les consoler et à prier avec eux. Souvent ils se réunis-sent au nombre de dix, trente ou quarante pour chanter et prier ensemble. Ils chantent et prient avec tant de ferveur qu'il leur est très pénible d'avoir à se séparer.


 

L'esprit oecuménique

Au XVIIIe siècle, l'Église anglicane était une Église d'État. John WESLEY y appartenait de pleine conviction et le réveil méthodiste se répandit en son sein tout au long de la vie de WESLEY, même si beaucoup d'ouvrages populaires font croire que WESLEY fut exclu de son Église. WESLEY demeura prêtre de l'Église anglicane et fut même reçu chaleureusement dans beaucoup d'Églises locales, vers la fin de sa vie. L'Église anglicane avait une position dominante dans la société, autant en Angleterre qu'en Irlande où elle était appelée Église d'Irlande. Sur cette île elle était minoritaire, car la majorité de la population était restée catholique. Lorsque le réveil méthodiste se répandit dans des régions fortement catholiques de l'île autour de 1748/49, des émeutes graves se produisirent à Cork.
Deux écrits d'importance capitale
Peu après les premières émeutes, John WESLEY fit une nouvelle tournée de prédication en Irlande. Il y publia une lettre ouverte à un catholique romain et rédigea le sermon L'esprit catholique(catholique dans le sens initial d'oecuménique). Les deux écrits de 1749 témoignèrent d'une ouverture étonnante envers les catholiques. Il faut se souvenir de la situation de l'époque. WESLEY héritait les craintes de tous les protestants anglais face au papisme (NDLR : c'est ainsi qu'ils appelaient le catholicisme) et à son influence politique. Cette crainte fut ranimée par le soulèvement militaire et l'invasion de ceux qui favorisèrent la lignée catholique sur le trône anglais en 1745. Mais au niveau des droits civiques en faveur des catholiques, WESLEY resta méfiant et défavorable dans plusieurs de ses traités.
Du catholicisme déguisé?
Au début du réveil, un évêque anglican soupçonna le méthodisme de n'être autre chose que du papisme déguisé. WESLEY publia les deux écrits mentionnés ci-dessus, qui étaient néanmoins étonnamment conciliants envers les catholiques. Dans les deux, WESLEY en resta au niveau théologique et n'aborda pas le domaine politique. Il souligna ce qui unit tous les chrétiens en se référant à la Bible et à la confession de foi qui date du temps du christianisme non-divisé. Ainsi il essaya de montrer ce qui est commun au niveau doctrinal et moral. Toutes les doctrines essentielles qui ont été fixées lors des premiers conciles de l'Église sont professées par tous les chrétiens. WESLEY distingua les doctrines essentielles, qui devaient être communes, et les opinions, qui pouvaient diverger. Il jugeait important d'avoir des convictions claires quant à ces opinions mais elles ne devaient pas affaiblir l'amour réciproque. C'est là le but du sermon « L'esprit catholique » : il y a certes des différences d'opinions entre nous, mais celles-ci n'empêchent pas d'aimer. Dans la mesure du possible, c'est-à-dire en restant fidèle à son Église et à ses caractéristiques, il faut collaborer pour faire avancer le règne de Dieu. L'esprit oecuménique est un esprit d'amour.
Après John WESLEY
Au XIXe siècle, cet esprit oecuménique a puissamment stimulé des chrétiens méthodistes à s'engager dans le cadre de l'Alliance Évangélique ainsi que pour unir les différents courants du méthodisme. Au XXe siècle, des méthodistes se sont engagés pour promouvoir également le mouvement oecuménique. Ils étaient animés de ce même esprit qui garde ses convictions, mais agit autant que possible en accord avec des chrétiens d'autres Églises.
Patrick STREIFF



WESLEY abhorrait la « malédiction » de la guerre

En ces temps troublés, l'engagement du mouvement méthodiste en faveur de la paix et de la justice sociale est un impératif de l'Évangile - exactement comme il l'était à son époque pour John WESLEY, le fondateur du mouvement. John SINGLETON, rédacteur à l'hebdomadaire Methodist Recorder à Londres, revient dans les lignes qui suivent sur la position adoptée par John WESLEY par rapport à la guerre. Un discours qui n'est ni déphasé ni dépassé par les temps qui courent.

WESLEY le pacifiste
En un temps où il semblait ne pas y avoir d'alternative à l'usage de l'épée pour résoudre les querelles internationales - seule une poignée de Quakers criaient dans le désert - WESLEY s'est en fait élevé en termes énergiques contre ce qu'il considérait comme étant la pure folie de la guerre. Bien qu'on ne puisse l'appeler un pacifiste, il n'en pensait pas moins que la guerre était « la plus infecte des malédictions » qui défigurent l'humanité. Il l'a décrite comme étant la négation - voire la crucifixion - de tous les meilleurs attributs de la civilisation; elle n'est rien moins qu'une rébellion contre l'humanité et Dieu.
«La guerre est un ignoble reproche contre le nom de chrétien - oui, contre le nom d'homme, elle est contraire à la raison et à l'humanité», a dit WESLEY, ajoutant : «Et quand la guerre éclate, Dieu est oublié. Aussi longtemps que ce monstre se déplace de façon incontrôlée, où sont la raison, la vertu, l'humanité? Elles sont complètement exclues.»
Une réaction en chaîne de compassion
En 1758, la Guerre de sept ans étant à son paroxysme - la France et l'Autriche se battaient contre l'Angleterre et la Prusse - les frères WESLEY publièrent leurs «Hymnes d'intercession pour toute l'humanité.» Les lignes suivantes reflètent leur point de vue sur les conflits armés: «Nous nous lamentons sur l'aspect actuel de notre terre où les flots de méchanceté débordent, où les hommes, tels des ennemis, s'entre-déchirent dans la rage infernale de la guerre
En 1759, Wesley marcha jusqu'à Knowle, près de Bristol, pour y voir un camp de Français faits prisonniers pendant la guerre de sept ans. «On nous a dit qu'environ 1 100 d'entre eux étaient enfermés dans ce petit endroit, sans rien d'autre qu'un peu de paille sale pour s'y coucher, sans rien pour se 
couvrir, de jour comme de nuit, sinon des hardes sales et élimées,» rapporte-t-il. «J'en ai été très affecté et ai prêché ce soir-là sur "Tu n'opprimeras pas l'étranger ; vous connaissez vous-mêmes la vie de l'étranger, car vous avez été étrangers au pays d'Egypte (Exode 23, 9)" .»
WESLEY se mit ensuite à récolter des fonds pour acheter des pièces de lin et de laine, de quoi fabriquer des vêtements qui furent par la suite distribués aux prisonniers de guerre les plus nécessiteux. Après cela, il ne fallut pas longtemps pour que les autorités de la ville de Bristol offrent une grande quantité de matelas et de couvertures. Dès lors, des dons commencèrent à affluer en provenance d'autres régions de Grande-Bretagne. Les méthodistes avaient mis en route une réaction en chaîne de compassion.
La guerre inspirait à WESLEY une horreur extrême
Plus tard, lorsque les tensions avec les colonies américaines gagnèrent en intensité, WESLEY écrivit à Thomas RANKIN et à d'autres parmi les pasteurs en Amérique, les suppliant d'user de leur influence en faveur de la paix. En 1776, au plus fort de la guerre révolutionnaire, WESLEY rédigea son «Opportune adresse à la partie la plus sérieuse des habitants de la Grande-Bretagne au sujet du malheureux conflit entre nous et nos frères américains.» Ce document montre de façon éloquente l'horreur extrême que la guerre inspirait à WESLEY.
Décrivant les armées lancées l'une contre l'autre dans la bataille, il demanda: «Mais que vont-ils faire? Se tirer mutuellement des balles dans la tête ou le coeur, se poignarder ou s'étriper les uns les autres? Pourquoi cela? Quel mal s'étaient-ils infligé les uns aux autres? Aucun, vraiment. La plupart d'entre eux sont de parfaits inconnus pour les autres. Mais il y a désaccord sur le mode de taxation. Alors ces concitoyens, enfants des mêmes parents, doivent s'assassiner les uns les autres le plus rapidement possible pour démontrer qui a raison. Qu'est-ce là comme argumentation? Quelle est cette manière d'apporter une preuve? Quelle stupéfiante façon de décider de l'issue d'une controverse!»
Puis, suggérant un arbitrage impartial au lieu de l'effusion de sang, il demande: «N'y a-t-il pas d'hommes sages parmi nous? Personne qui soit capable de juger entre frères? Mais le frère va en guerre contre le frère, et cela en pleine vue des païens. Il y a certainement un vilain mal parmi nous. Comment les sages ont-ils perdu leur sagesse? Quel déferlement de folie et de démence qui s'abat sur nous!»
Il mettait lui-même ses conseils en pratique
Une chose est certaine: WESLEY n'était pas le genre de personne à donner des conseils en se tenant à distance, sans être prêt à les mettre lui-même en pratique. Il a constamment encouragé les premiers méthodistes à ne pas rendre coup pour coup lorsque des foules hostiles cherchaient à les intimider. Et lorsqu'il était attaqué personnellement, il a toujours cherché à garder une attitude paisible et non-violente. Il cite dans son journal un incident - un parmi bien d'autres - qui a eu lieu en 1743, alors qu'il était en tournée de prédication dans l'Ouest de l'Angleterre.
«La populace de la ville fit irruption dans la salle et provoqua un grand désordre; ils hurlaient et frappaient ceux qui étaient sur leur passage comme s'ils étaient possédés par "Légion" lui-même», écrivit-il. «J'aurais volontiers demandé aux nôtres de rester tranquilles; mais ni le zèle des uns, ni la peur des autres n'avaient d'oreilles. Comme le tumulte augmentait, j'allai au coeur de la mêlée, saisis le meneur de la bande et le traînai jusqu'à la chaire. Je reçus un coup sur le côté de la tête, après quoi nous avons discuté jusqu'à ce qu'il devienne de plus en plus conciliant et finalement commence à calmer ses compagnons.»
Un exemple à suivre
Au moment où des nuages de guerre continuent à s'amonceler au-dessus de l'Irak* et où de très nombreuses personnes dans le monde entier s'expriment en faveur de la paix, l'exemple de WESLEY ne peut qu'encourager les méthodistes. Et à une époque où l'arrivée de demandeurs d'asile des pays plus pauvres continue à confronter les gouvernements et les Églises d'Europe occidentale à des choix difficiles en termes de vies humaines, nous pouvons nous rappeler la manière dont WESLEY fut un ami pour l'étranger dans son pays.
Après tout, ne dit-on pas que les méthodistes sont les amis de tous et les ennemis de personne?
* Article rédigé à la veille de la déclaration de guerre à l'Irak.
Service de presse évangélique méthodiste
(UMNS)