Le billet diaconal

Prise de risques et de responsabilité par Béatrice Sigrist


Ouvrir son parapluie…

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Aujourd’hui, que l’on interviewe un directeur de maison de retraite ou d’un service infirmier à domicile, un directeur d’école, de centre de vacances ou un chef de service éducatif, bien vite apparaît la notion de « réduction des risques », ou de « gestion des risques ». Tous les éléments de la vie quotidienne, des soins, de l’apprentissage doivent être analysés, connus, intégrés dans des filières de « traçabilité », évalués pour éviter tout risque d’erreur et minimiser les dangers. Filière alimentaire, santé, connaissances sont passées au crible de ce qui peut être mesuré, sans dévier d’une normalité pourtant peu propice à la l’autonomie et l’épanouissement de chacun. Mais la vie ne comporte-t-elle pas par essence une part de risque ? Où l’individu et son entourage proche peuvent-ils prendre leur part d’initiative ?

Risquer ?

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Statique, la vie perd de sa valeur. On est certes pris dans un sentiment de confiance en ce que l’on connaît, mais faire de nouvelles expériences, oser aller vers les autres, « risquer la relation » sont des éléments essentiels pour s’épanouir, même jusque dans le grand âge ! Un enfant qui est toujours protégé de tous les dangers (mais le peut-on vraiment ?) ne saura pas faire face aux défis multiples qui l’attendent sur son chemin de vie… A tous les niveaux, sa vie sera remplie de nouveautés, de risques à prendre : oser s’affirmer en classe pour développer des compétences, se mesurer à sa propre force physique pour connaître son corps, rencontrer ses amis

 pour connaître la multiplicité des caractères…

 Mais quelle joie lorsqu’on a dépassé ses craintes ! Avoir confiance en soi prend racines dans l’expérience vécue « au risque de » ! Ce qui est vécu est alors intégré comme un élément positif, sur lequel continuer à avancer… De même, reconnaître le droit à l’erreur fait partie d’un apprentissage sain. Oser humblement reconnaître son ignorance et demander aide, conseil pour progresser est une attitude de sagesse tout au long de son existence.

« Car c’est en Lui (Dieu) que nous avons la vie, le mouvement et l’être… »

Plusieurs auteurs bibliques décrivent la vie comme un mouvement, « en mouvement ». On parle aussi de « pas de foi » pour évoquer la manière d’aborder l’avenir et les décisions à prendre au sein de la grande famille des chrétiens. Il ne s’agit là pas de faire tout et n’importe quoi, mais bel et bien de promouvoir l’expérience de chacun, dans le respect de sa liberté ; ceci afin de lui permettre de développer ses facultés de prise de responsabilité ou de conservation de ces dernières, avec, lorsque cela est nécessaire, un accompagnement adapté, « à côté » et non pas dans une prescription de ce qu’il faut faire, manger, ou… vivre !

Saurons-nous relever cet humble défi qui existe du début à la fin de la vie ? Saurons-nous laisser des espaces d’autonomie, de prise de responsabilité dans nos structures sociales et dans nos relations au quotidien ?