Le billet de l’évêque Patrick Streiff

Diversité des langues : quatorze pays et plus encore de langues

Pourquoi Dieu a-t-il équipé l’être humain de deux oreilles et d’une seule bouche ? Ne serait-il pas plus efficace d’avoir deux bouches et une seule oreille ? Serait-ce peut-être meilleur si je pouvais parler simultanément en allemand et en anglais ? Et si une autre personne pouvait en même temps me traduire en deux autres langues, le méli-mélo de langues au sein de la Conférence centrale ne serait-il pas bientôt surmonté ? Quatorze pays différents et une diversité de langues encore plus grande, sans compter un grand nombre de dialectes – cela nécessite des personnes qui traduisent.

Au cours de mes voyages, je me rends compte que comprendre est bien plus qu’entendre une langue qui m’est compréhensible. Lors de nombre de conférences et de rencontres, je suis dépendant d’une ou d’un interprète. Grâce à leur aide, je m’en sors partout avec l’allemand, l’anglais ou le français. Il arrive parfois que l’interprétation dure plus longtemps que ce qui a été dit dans la langue originale. Je remarque alors que quelque chose doit être complété et expliqué pour devenir compréhensible.

De temps à autre, j’entends des dialogues dans une langue que je ne comprends pas et je remarque que les deux interlocuteurs, bien que parlant la même langue, ne se comprennent pas. Ils monologuent chacun pour soi ou alors ils utilisent les mêmes mots mais leur donnent chacun un sens différent. Écouter attentivement devient alors plus important que de parler. Peut-être vaut-il quand même mieux avoir deux oreilles et une seule bouche ?

Mais il y a aussi les yeux. Au cours de mes voyages, j’observe beaucoup de nouveautés et découvre des choses inconnues. Parfois, un regard attentif aide à saisir une situation, même si je ne comprends pas la langue. Mais cela peut aussi être trompeur. Que faire lorsqu’une personne me dit oui d’un ton convaincu, tout en secouant négativement la tête ? Je me rappelle heureusement que mon prédécesseur m’a raconté qu’en Bulgarie les gens secouent traditionnellement la tête en disant oui et hochent la tête quand ils disent non. Mais comme l’influence de la culture occidentale va croissant en Bulgarie, on ne sait plus toujours très bien si la gestuelle est traditionnelle ou occidentale.
La langue, c’est bien plus que des mots. La langue est marquée par la culture. Tous les pays que je visite ont un riche héritage culturel. Il a parfois été étouffé ou transformé par des dizaines ou des centaines d’années d’occupation étrangère et pourtant, il continue à vivre au plus profond de l’âme des gens. Là où il est redécouvert, il semble que ce qui le sépare d’autres cultures soit plus fort que ce qui les y relie. Ce n’est que par une écoute attentive que ce qui relie apparaît clairement et que la distinction entre une diversité qui enrichit et une différence qui sépare devient possible.

C’est ainsi que, confronté à une situation multinationale, multiculturelle et multilinguistique, je suis mis au défi d’avoir à écouter avec les deux oreilles. Je commence à comprendre pourquoi Dieu m’a donné deux oreilles et une seule bouche – en écoutant les autres et en l’écoutant Lui.

Patrick Streiff, évêque
Traduction : Frédy Schmid

Calendrier pour février : 7 – 11 : Formation théologique en Europe – Rencontre des séminaires et des responsables des conférences centrales à Reutlingen ; 20 – 23 : Visite à l’Église méthodiste britannique et à son World Church Office (mission mondiale) à Londres.